Elles ont succombé aux coups de leur conjoint. Trois femmes sont mortes des suites de violences conjugales en l'espace d'une semaine à Maurice. Dernier cas en date : Joyce Revat, 32 ans, est décédée jeudi soir. Bouleversant, choquant, triste et inacceptable, dit la ministre Fazila Jeewa-Daureeawoo.
De l'amour à l'enfer. C'est la triste réalité vécue par Joyce Revat ces dernières années. Après sa séparation d'avec son époux, Jean-François Jamac, avec qui elle a trois enfants, âgés de 13, 14 et de 16 ans, cette habitante de Cité Pitot, décide de vivre en concubinage avec Rodney Rambhojun. Mais, le couple a vite commencé à battre de l'aile.
C'est au domicile de Joyce Revat à Cité Pitot, située non loin du supermarché Sik Yuen à Curepipe, qu'une énième dispute a éclaté jeudi soir entre la jeune femme et son concubin. Une dispute qui a cette fois viré au drame.
Alertés, des policiers se sont rendus sur place où ils ont découvert Joyce inconsciente sur un lit. Elle a été transportée d'urgence à l'hôpital Victoria où un médecin a constaté qu'elle était déjà morte.
La police a vite arrêté le concubin de Joyce. Rodney Rambhojun, un aide-chauffeur de 36 ans habitant Résidence Malherbes, Curepipe, a été soumis à un interrogatoire serré. Il a avoué avoir eu une dispute avec la jeune femme «akoz enn problem manze».
Cependant, il avance que Joyce Revat a elle-même plongé sa tête dans un sceau rempli d'eau. Ce qui, selon lui, a causé sa mort.
Toutefois, les enquêteurs estiment que sa version n'est pas crédible. L’autopsie pratiquée par le Dr Sudesh Kumar Gungadin, ce vendredi matin, a conclu que Joyce Revat est morte par asphyxie due à la noyade.
Un voisin de la victime raconte que le couple avait l'habitude de se disputer après avoir pris quelques verres. Il s'est confié à TéléPlus sous le couvert de l'anonymat.
Un cousin de Joyce Revat confirme que les disputes étaient légion au sein du couple. Il dit avoir assisté à une scène d'horreur dans la nuit du jeudi 12 septembre. Ecoutez son témoignage.
Marie Sulvia Revat, la soeur de Joyce, est catégorique. Sa soeur, dit-elle, était victime de violence conjugale, mais cette fois-ci elle y a laissé sa vie. «Lin rakonte mwa. Li dir mwa Rambhojun bat li pou nanie», a-t-elle raconté à TéléPlus.
L’ex-époux de Joyce Ravat, Jean-François Jamac, a pour sa part, affirmé qu’il est resté en contact avec elle après leur séparation, il y a cinq ans, pour le bien de leurs trois enfants.
«So bann zanfan ress ar mwa», explique l'ex-époux. Cela fait un mois, dit-il, qu’il n’a pas revu Joyce Revat : «Li ti vinn dan cite li vinn get so ser apres linn ale».
Selon Marie Sulvia Revat, sa soeur a plusieurs fois porté plainte à la police pour dénoncer les violences dont elle a été victime.
«Tou kou nou ale. Nou al stasion nou al donn konplaint stasion ki li bat fam-la. Li apiy so latet ek miray», a déclaré Marie Sulvia Revat à TéléPlus.
En attendant que la justice tranche dans cette affaire, Rodney Rambhojun reste en détention. Il a participé à une reconstitution des faits ce vendredi après-midi.
Troisième victime
Deux autres femmes ont connu un sort similaire que Joyce en l'espace d'une semaine. D'abord, Stéphanie Ménès, 32 ans, a été tuée par son mari, Steeve Ménès, à Résidence Briqueterie, Sainte-Croix, le mercredi 4 septembre. Le présumé meurtrier s'est donné la mort le lendemain.
Et en début de semaine, Nasureedhin Mohammed, 38 ans, a avoué avoir tué sa femme, Shabneez, âgée de 35 ans. Le drame s'est produit à leur domicile à Bel-Air-Rivière-Sèche.
«Zot bizin vinn de lavan denonse»
Trois morts en une semaine. Il faut prendre le taureau par les cornes et dénoncer les cas de violences conjugales, exhorte la vice-Première ministre et ministre de l'Egalité du genre, Fazila Jeewa-Daureeawoo, aux victimes de violences domestiques. «Zot bizin vinn de lavan denonse. Fode pa ki nou subir an silans», affirme-t-elle.
Que dit la loi sur la violence domestique ? Voici les explications de l'avocate Me Melany Nagen.
Infos pratiques :
• Pour dénoncer un cas de violence domestique, appelez le 139
• Vous pouvez aussi vous rendre à la Family Protection Unit, 2e étage, SILWF Building, rue Édith Cavell, Port-Louis ou contactez le 2130001/ 2130002
>>A lire : Violence conjugale : ce que prévoit la loi
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