L’alliance PTr/MMM/ND a énuméré une série de mesures fiscales visant à améliorer le pouvoir d’achat des Mauriciens. Qui seront les principaux concernés ? Et qu’en pensent les observateurs ? Éléments de réponse !
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La mesure
Abolition de la taxe sur les revenus de moins de Rs 1 million, sur les pensions et pour les contribuables âgés de 18 ans à 28 ans
Ce que pensent les observateurs
L’annonce d’une suppression des taxes sur la pension est favorablement accueillie. Vinod Dookhit, président de la Fédération du Club de 3e âge de Beau-Bassin/Rose-Hill et District Representative de Lower Plaines-Wilhems, estime que c’est une « bonne mesure ». « Nous en avons déjà fait la requête dans les médias. Il est grand temps d’enlever la taxe sur les pensions. Les seniors ont contribué pendant leur carrière et, à l’âge de la retraite, ils doivent payer la taxe. Il faut rétablir un équilibre surtout que le coût de la vie a augmenté », avance-t-il.
Raffeek Sufurhally, président de la Mauritius Tax Payers Association (MTPA), est du même avis. « L’abolition de la taxe sur les revenus de moins de Rs 1 million est une demande que l’association a faite depuis plusieurs années. Nous avons d’ailleurs fait une demande au ministre des Finances d’abolir la taxe sur les revenus de moins de Rs 2 millions », commente-t-il. Et d’ajouter : « Quand une personne a 60 ans, on ne peut la taxer. Elle mérite une pension. Or, actuellement, une partie de cet argent retourne au gouvernement. Une suppression de ces taxes viendra soulager les seniors qui font face aux prix élevés des médicaments, à titre d’exemple ».
Une exemption fiscale pour les contribuables âgés de 18 ans à 28 ans a été annoncée. Namdeo Jeebun, membre de l’Association Jeunes de La Flora, estime que c’est une « bonne idée » que les jeunes soient exemptés d’impôts. « Les jeunes employés et businessmen pourront en profiter. Il faudrait peut-être relever la limite des 28 ans à un âge plus élevé », souligne Namdeo Jeebun.
De son côté, Raffeek Sufurhally est d’avis que ceux qui débutent leur carrière pourraient faire des économies. « Ce serait une mesure incitative qui découragerait les jeunes à émigrer à l’étranger », fait-il ressortir.
La mesure
Révision de la fiscalité sur les carburants en vue de réduire les prix de l’essence et du diesel
Ce que pensent les observateurs
Les associations des consommateurs, les politiciens et d’autres membres de la société civile ont élevé leur voix à plusieurs reprises pour une réduction, voire une abolition des taxes sur l’essence et le diesel. La proposition de l’alliance de l’Opposition va dans ce sens. « Maurice est parmi les pays où il y a une surfacturation de l’essence et du diesel », déplore Raffeek Sufurhally.
Pour Bhim Sunnassee, président de la Petrol Retailers Association, c’est une mesure qui ne peut qu’être saluée. « Je pense que les prix devraient déjà reculer car il y a une certaine stabilité actuellement. On peut s’attendre à une baisse cette année-ci. Le seul hic, c’est le taux de change avec un dollar qui demeure élevé. Cela peut influer sur le prix des carburants », soutient-il.
Quant à Megh Pillay, ancien directeur de la State Trading Corporation (STC), il est d’avis que c’est un pas dans la bonne direction pour baisser les prix. « Comment procéder ? Il suffit d’enlever les taxes. Entre le prix CIF et le prix du détail, il y a une marge très importante car le plus gros c’est la taxe. Mais, là encore, le problème ne sera pas résolu. Il faut revoir la structure des prix », soutient l’intervenant.
Il ajoute qu’enlever même 30 % de taxe aura un impact positif sur les consommateurs avec des retombées sur les prix. « Tout est déterminé largement par le coût de l’énergie car c’est un intrant dans les coûts de production. Maintenant, il faut qu’il y ait un suivi. Car ici, à Maurice, quand le prix grimpe, tout le monde suit, mais pas quand il y a baisse, c’est le statu quo. Le ministère du Commerce doit intervenir pour exiger des baisses des prix. C’est cet exercice qui sera important », ajoute Megh Pillay.
IL A DIT
Megh Pillay : « La formule pour fixer le prix des carburants avait été pilotée par le ministre des Finances d’alors qui est notre Premier ministre aujourd'hui. On a tellement mutilé la formule qu’elle a perdu toute sa fonctionnalité. Sur les 10 ans passés, on a connu ce cours mondial de 85 à 100 dollars/baril à trois reprises, en novembre 2014, octobre 2018 et octobre 2021. Et pourtant, les prix de détail fixés lors de ces périodes avaient été bien plus bas, à Rs 50,15, Rs 49,65 et Rs 50,70, que pour l’essence. »
Environ Rs 13,7 Md
Selon les calculs des observateurs, la State Trading Corporation collecterait en taxes environ Rs 13,7 milliards pour le compte de l’État sur l’essence et le diesel.
La mesure
« One+off payment » des droits d’enregistrement à l’achat d’un véhicule neuf
Ce que pensent les observateurs
Mrinal Teeluck, secrétaire général de la Mauritius Vehicles Dealers Association (MVDA), est d’avis que c’est une mesure qui « va dans la bonne direction ». « Il faudra, cependant, avoir plus d’éclaircissements dessus », souligne-t-il. Actuellement, à l’achat d’un véhicule neuf, il faut payer les frais d’enregistrement et la ‘road tax’. Le coût varie en fonction du type de véhicule. Le premier propriétaire paie les frais d’enregistrement d’après un barème. Et à chaque fois que le véhicule change de propriétaire, il y a un frais qui varie en fonction de l’âge du véhicule.
De son côté, Raffeek Sufurhally indique que la Mauritius Tax Payers Association a fait la même demande plusieurs années de cela. « Quand on achète un véhicule neuf, il faut payer l’enregistrement. Or, le second acheteur, le troisième propriétaire et ainsi de suite doivent eux aussi payer des frais alors qu’à la source, ces frais ont déjà été versés », explique-t-il.
Et quid du financement…
Au niveau de l’alliance de l’Opposition, on indique qu’un comité technique travaille sur les modalités pour le financement de ces mesures s’ils sont élus.
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