Live News

Meeting du 1er-Mai : Metro Express Ltd et la police font monter la pression politique 

L’opposition condamne les décisions prises par les autorités pour la journée du 1er-Mai.

Plusieurs voix se sont élevées contre les communiqués émis par les autorités au sujet des meetings politiques de ce mercredi 1er-Mai, car ils y voient une persécution politique. Malgré les tentatives des autorités pour rassurer, la tension continue de monter d’un cran entre l’opposition et le gouvernement en cette année électorale. 

Publicité

Les communiqués de la discorde de MEL et des forces de l’ordre 

Les communiqués émis par Metro Express Limited (MEL) et les forces de l’ordre le mardi 30 avril 2024, soit la veille du meeting du 1er-Mai, ont suscité de vives réactions à la fois au sein de l’opposition et dans l’opinion publique. Le premier annonçait le démarrage des opérations du métro uniquement à partir de 14 heures. Le second interdisait l’utilisation de drones en ce 1er mai. 

De nombreux commentaires sur les réseaux sociaux ont critiqué la manière dont ces mesures ont été mises en place. Les communiqués ont rapidement été interprétés par divers commentateurs comme une tentative délibérée des autorités et du gouvernement de perturber la mobilisation de l’opposition parlementaire prévue ce mercredi à Port-Louis. 

Les deux députés de l’opposition, Rajesh Bhagwan et Patrick Assirvaden, membres du comité organisateur du meeting du 1er-Mai pour l’alliance Parti travailliste (PTr)-Mouvement militant mauricien (MMM)-Nouveaux Démocrates (ND), ont exprimé leur indignation face à ces décisions. Pour eux, ces mesures sont clairement conçues pour entraver l’action de l’opposition et avantager le gouvernement. 

Le député de la circonscription n°20 (Beau-Bassin/Petite-Rivière), qui accuse ouvertement la direction de MEL, lance une mise en garde aux membres de la direction de l’entreprise gérant le métro : « Ils devront rendre des comptes. Nous savons que l’ordre vient de ‘lakwizinn’ avec la complicité d’Alan Ganoo. »

Rajesh Bhagwan remet en question le motif de sécurité invoqué par MEL pour retarder le démarrage du Metro Express en ce 1er mai. Il se demande à quoi sert la police dans ce cas. Pour le député mauve, le communiqué de MEL reflète la dégradation. 

Patrick Assirvaden partage cette opinion. Il souligne que de telles actions ne font que prouver la panique qui règne, selon lui, au sein du gouvernement et chez le Premier ministre. Le député du PTr précise cependant que ce n’est pas l’indisponibilité du Metro Express à une certaine heure qui empêchera les gens de se déplacer. « Si ou anvi sov ou pei, pran kamion, vann, bis, vinn marse, vinn sov ou pei », lance-t-il. 

En ce qui concerne le communiqué émis par la police, lequel interdit l’utilisation de drones lors des réunions sans autorisation du département de l’aviation civile, Patrick Assirvaden affirme qu’une entreprise a déjà obtenu l’autorisation de faire voler des drones à Vacoas ce mercredi. 

Abus de pouvoir

Faizal Jeerooburkhan exprime également sa consternation face à la diffusion des communiqués de MEL et de la police. Selon l’observateur politique, ces deux déclarations envoient simplement un signal selon lequel tout est permis lorsqu’on est au pouvoir. « C’est clairement un abus de pouvoir et un manque de respect envers l’opposition politique. Un opposant n’est pas un ennemi. Il faut donc respecter l’opposition et ne pas limiter ses moyens de cette manière », avance-t-il. 

Il ajoute que le Mouvement socialiste militant (MSM) et ses alliés ne manquent jamais l’occasion de prétendre que l’opposition est insignifiante face au gouvernement. « Mais lorsqu’on est réellement fort, on ne se comporte pas ainsi. Cela ne fait certainement pas honneur au Premier ministre », estime-t-il. 

Jocelyn Chan Low, observateur politique et historien, apporte, quant à lui, une perspective différente sur le communiqué émis par la police sur l’utilisation des drones. Il est d’avis que ce n’est qu’un rappel, car la réglementation sur les drones existe depuis un certain temps déjà. Il souligne que l’État a raison de réglementer l’utilisation de ces appareils car ils peuvent poser des problèmes de sécurité, au-delà de la simple prise d’images et de vidéos.

Là où il n’est pas d’accord, c’est avec le communiqué émis par MEL, qui, selon lui, aura plusieurs implications. Si celui-ci est largement perçu comme une persécution contre l’opposition, Jocelyn Chan Low expose un autre point de vue. Il explique que ce ne sont pas les personnes se rendant aux meetings qui seront les plus touchées par cette décision, mais plutôt le citoyen lambda. 

« Seule une infime partie des Mauriciens assistera aux meetings. La grande majorité des citoyens dépendra du Metro Express pour se déplacer et de nombreux élèves comptent également sur ce moyen de transport pour se rendre à leurs leçons particulières », souligne-t-il.

Pas de métro jusqu’à 14 h ce mercredi 1er mai

Metro Express Ltd dit vouloir éviter les « risques de bousculades »

L’annonce a pris tout le monde de court. Ce mercredi 1er mai, le service du Metro Express ne sera pas disponible avant 14 heures, a annoncé Metro Express Ltd (MEL) dans un communiqué le mardi 30 avril. Raison évoquées : les possibles « safety and security risks ». 

Sollicité pour plus d’éclaircissements à ce sujet, le service de communication nous a fait comprendre que cette décision a été prise pour éviter l’« ‘overcrowding’, les risques de bousculades et autres situations pouvant survenir en raison de l’afflux de personnes le matin ». MEL fait ainsi référence au mouvement de foule qu’il y aura avec les divers rassemblements dans le cadre de la Fête du travail « à des points stratégiques tout au long du tracé du métro », comme souligné par le communiqué. 

L’organisme affirme avoir pris en considération qu’avec la réquisition des autobus par les divers partis politiques, il y aura moins de véhicules sur les routes. Il soutient que c’est la raison pour laquelle il a émis son communiqué la veille « dans le but d’informer le public » afin que chacun puisse prendre ses dispositions pour un mode de transport alternatif.


Les drones interdits sur les sites de meeting

Les Casernes centrales mettent en garde contre l’utilisation de drones dans les endroits où se tiendront les rassemblements politiques, notamment à Vacoas, Port-Louis, Rose-Hill et Curepipe, ce mercredi 1er mai. Ils soulignent que le Civil Aviation Act interdit strictement le survol d’engins télécommandés dans les endroits où il y a une foule importante.

Dans un communiqué, les Casernes centrales précisent que seule une permission valide émise par le département de l’aviation civile autorise l’utilisation de drones pendant les rassemblements. Ils rappellent qu’un non-respect de cet ordre constitue une infraction aux Civil Aviation Regulations. Tout contrevenant est susceptible d’écoper d’une amende ne dépassant pas Rs 10 000 et d’une peine d’emprisonnement n’excédant pas douze mois.

Calendrier électoral

Des éclaircissements attendus 

En sus des révélations et des attaques mutuelles attendues entre l’opposition et le gouvernement, le meeting du 1er-Mai pourrait apporter des éclaircissements sur le calendrier électoral. De nombreux membres de la classe politique et des observateurs politiques pensent qu’il n’y aura pas d’élection partielle dans la circonscription n°10 pour remplir le siège laissé vacant par l’ancien ministre Vikram Hurdoyal. 

Or, le « Writ » des élections peut encore être émis jusqu’au 13 mai prochain. Interrogé sur ses intentions concernant l’émission du « Writ of Elections », la tenue d’une élection partielle ou encore la possibilité que les élections générales se tiennent en août, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a simplement laissé entendre que plusieurs de ces questions seraient abordées à Vacoas ce mercredi. 

L’observateur politique et constitutionnaliste Milan Meetarbhan soutient, cependant, que c’est tout simplement mal inspiré de ramener le calendrier électoral, qui est régi par la loi, à des considérations partisanes. Il fait ressortir que le calendrier électoral relève avant tout d’une affaire d’État. 

« Quand un Premier ministre vient dire que c’est lors d’un meeting partisan qu’il annoncera comment il entend respecter les échéances légales, c’est véritablement contraire au concept de la démocratie. C’est au président de la République qu’il appartient d’émettre le ‘Writ of Elections’ conformément aux dispositions légales. Ce n’est pas au chef du MSM d’annoncer, lors d’un meeting, ce qu’il prévoit de demander au président », estime Milan Meetarbhan. 

Alan Ganoo : « Il n’y a aucune arrière-pensée derrière cette décision » 

Alan Ganoo a réagi à la controverse entourant la décision de Metro Express Limited (MEL) d’opérer le métro après 14 heures. « Il n’y a aucune arrière-pensée derrière cette décision », a indiqué le ministre du Transport. 

Il a alors expliqué que ce système de transport très utile, qui transporte plus de 45 000 personnes par jour, présente toutefois certaines fragilités en termes de sécurité. « Ce qui a conduit la direction de MEL à retarder le début des opérations des trams avant 14 heures. Une fois cette période passée, la situation devrait se stabiliser et le public pourra alors utiliser le métro », a-t-il assuré. 

Il a précisé que deux grands meetings se tiennent à Port-Louis et à Vacoas en ce mercredi, et « les autorités n’ont pas le contrôle sur tous ceux qui s’y rendent ». Il en appelle ainsi au respect de la décision prise par MEL, rappelant que le Metro Express est la propriété de la population, insistant sur le fait qu’il représente un investissement considérable pour le pays.

En réponse aux critiques de l’opposition, Alan Ganoo a indiqué que le gouvernement est également pénalisé par cette décision. Car, dit-il, de nombreuses personnes auraient pu utiliser le métro pour se rendre au meeting de Vacoas.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !