Richard Toulouse, avoué et spécialiste en droit de copropriété, vient d’être nommé assesseur de l’Equal Opportunities Commission (EOC).
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Cet enfant de Petite-Rivière fait la fierté de sa famille et de son village. Homme respecté, Richard Toulouse a toujours vécu dans la simplicité aux côtés de son épouse, de ses deux enfants et de son père et sa mère. Timide, Richard fuit les projecteurs et reste à l’écart des soirées mondaines.
Celui qui se retrouve sur le devant de la scène bien malgré lui nous reçoit dans sa modeste maison à Petite-Rivière et nous indique, tout de go, avoir été choisi comme assesseur grâce surtout à ses compétences. On l’aura compris. Il n’aime pas jouer les faire-valoir et entend souligner avec force qu’il jouera son rôle en toute indépendance.
Le retour dans le passé, auquel nous convie Richard Toulouse, obéit aussi à un besoin de mettre en exergue deux des conditions essentielles de la réussite : le travail dur et l’autonomie. Il n’est pas né avec une cuillère d’argent dans la bouche et a fréquenté l’école primaire de la localité. Pendant la récréation, il jouait aux billes avec ses amis et parfois, une partie de football sur un terrain poussiéreux. Son père Roland et sa mère Elizabeth, tous non scolarisés et laboureurs, avaient néanmoins fait de l’éducation de leurs enfants une priorité, afin qu’ils puissent goûter des jours meilleurs. Ses parents ne se sont épargné aucune peine pour lui donner une enfance heureuse, malgré la dureté de la vie quotidienne.
Lui-même s’adonnait avec joie au nettoyage de l’étable et coupait de l’herbe pour nourrir les animaux. Dans ses heures libres, il allait à la pêche et vendait ses prises aux villageois.
Après ses études primaires, il est admis au collège Eden de Port-Louis, où il reste jusqu’en Form V. Ses enseignants découvrent en lui un potentiel énorme. C’est au collège St Mary’s qu’il a eu l’opportunité de faire le Higher School Certificate. C’est là qu’il commence à croire qu’il pourrait être boursier, car le collège produit un lauréat.
Certes, il ne sera pas lauréat, mais motivé à bloc, il décroche de très bons résultats. Il suit alors des cours à distance de l’université de Londres et obtient son BSc en économie. Faute de moyens financiers, il s’inscrit à l’université de Maurice pour des études de droit. « C’est vrai que je voulais partir en Angleterre pour mon LLB, mais mes parents n’avaient pas les moyens de payer les frais universitaires », dit-il. Richard débute ainsi un programme de quatre ans.
Racisme et préjugés
En 2000, Richard Toulouse franchit une autre étape dans sa vie. À la fin de ses études supérieures, il a travaillé sur une dissertation : Legal Strategies to Combat Racism and Racial Discrimination. Il écrit à l’Organisation des Nations unies pour demander la permission de présenter sa thèse lors d’une conférence sur le racisme et la discrimination. Il reçoit une réponse positive et y participera aux frais des Nations unies. Durant 12 jours, il côtoie des sommités du monde entier et présente sa thèse à la tribune.
Richard Toulouse cite Malcom de Chazal dans son ouvrage : « Ce pays cultive la canne à sucre et les préjugés ». Il est chaudement ovationné et les mains se tendent devant lui après la conférence. Richard Toulouse a des idées bien arrêtées sur le racisme. Il évite d’entrer dans le débat, mais trouve que, même si l’éducation est gratuite à Maurice et à Rodrigues, les enfants des deux îles n’ont pas les mêmes chances. « Chacun a le droit d’aspirer à un avenir meilleur dans n’importe quel domaine », soutient-il.
Après l’université de Maurice, il travaille pendant cinq ans à la National Housing Development Company et deux ans comme clerk à l’Assemblée de Rodrigues. Il passe avec brio les examens d’avoué et pendant deux ans, il participe à un programme de l’Union européenne. Il fait son pupillage auprès de Me Jean Christophe Ohsan-Bellepeau. Le 26 janvier 2011 restera gravé dans sa mémoire, car ce jour-là il prête serment devant les juges de la Cour suprême.
Les larmes aux yeux, il pense aux sacrifices de ses parents. Pour Richard, ce fut aussi une grande fierté pour son village. Jamais il n’avait pensé qu’un enfant de laboureur pouvait aspirer à devenir avoué. Richard rend grâce à Dieu, car pour lui, le Très-Haut est l’artisan de son ascension sociale. « Depuis mon enfance, je ne rate pas la messe du week-end. Maman m’a toujours encouragé à me rendre à l’église », dit-il.
Surprise
Sa nomination à l’Equal Opportunities Commission est une véritable surprise pour lui. « Je n’ai jamais fait part à qui que ce soit de mon désir de siéger au sein d’un board et je précise que je n’appartiens à aucun parti politique », souligne-t-il.
Richard Toulouse est d’avis que son expérience a joué en sa faveur et que ses qualifications et compétences ont tapé dans l’œil des décideurs politiques. « La commission, qui travaille dans la discrétion, opère dans un cadre légal. Elle pourra contribuer grandement à consolider l’unité nationale. La paix sociale est importante pour l’épanouissement de la population. Ceux qui sentent que leurs droits ont été lésés peuvent venir à la commission pour nous aider à redresser les torts », indique-t-il.
Richard Toulouse se passionne pour la lecture et adore lire les bibliographies des grandes personnalités. Il s’inspire du Mahatma Gandhi, de Nelson Mandela et de Barack Obama.
Marié à Ornella depuis 2002, il est père de deux enfants : Cassandra, 12 ans, et Wilson, 9 ans. « La famille est très importante. C’est un trésor qu’il faut préserver », dit-il. Richard Toulouse remercie le gouvernement pour sa nomination, son épouse Ornella, qui a toujours été à ses côtés, son père, sa mère, ses sœurs et tous ceux qui ont contribué à son bonheur.
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