Choc et angoisse à Bain-des-Dames, où trois pères de famille sont portés disparus depuis jeudi 24 avril après une sortie de pêche hors lagon. Les recherches se poursuivent.
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Une sortie de pêche a viré au drame avec la disparition de trois hommes : Jacques Laval Dormente, 43 ans, Nicolas Presley Ivan Haggoo, 29 ans, et Louis José Jérémie Lemontagnard, 32 ans. Le quartier côtier de Bain-des-Dames, à Port-Louis, est plongé dans la consternation, le choc et l’incompréhension.
Depuis jeudi après-midi, ce trio, tous pères de famille, a quitté la terre ferme. Selon les informations recueillies par la police, ils avaient pris la mer pour une partie de pêche hors du lagon. Mais, contrairement à leurs habitudes, ils ne sont pas revenus à terre après plusieurs heures en mer, plongeant leurs proches dans une profonde inquiétude.
Le Quartier Général de la National Coast Guard (NCG) a été alerté. Patrouilleurs et hélicoptère de la police ont été mobilisés pour des recherches intensives à Bain-des-Dames, Pointe-aux-Sables et Baie-du-Tombeau. Une enquête approfondie est en cours, surtout que les deux bateaux de pêche appartenant à Jacques Laval Dormente sont toujours ancrés dans le lagon de Bain-des-Dames. À ce jour, la police tente de déterminer à bord de quelle embarcation les trois amis ont pris le large. Le mystère demeure entier.
Anabelle, épouse de Jacques Laval Dormente : « Mo dir bann Coast Guard fer zot mie posib »
Installée sur un banc de la plage publique de Bain-des-Dames, Anabelle, mère de quatre enfants âgés de 8, 13, 15 et 16 ans, regarde l’horizon avec anxiété. Jeudi 24 avril, son époux l’avait informée de son intention de prendre la mer pour une partie de pêche : « Li ti fini dir mwa : «Belle, mo pe al lapess». Kan monn al gete, monn trouve ki so bann lekipman ek bann moulinet pa ti la. Li ti al lapess pou vann pwason. »
Dimanche, le visage tendu, Anabelle nourrit toujours l’espoir de voir son mari, Jacques Laval Dormente, revenir sain et sauf. Pêcheur enregistré depuis plus de vingt ans, son époux connaît bien la mer. « Mo dir bann Coast Guard fer zot mie posib. Pa aret rode, pa bess zarm, pa abandone. Lamer li vast, mo ankor ena lespwar. Mo pe fer lapriyer pou zot retourne an sekirite », lâche-t-elle.
Depuis la disparition de son mari, Anabelle se rend chaque jour auprès des officiers de la NCG pour s’enquérir de l’avancée des recherches : « Zot dir mwa zot ankor pe rode. Bato ek elikopter deor. Mo panse Coast Guard ena ase bann bato ekipe. Zot dir zot pe fer zot mie posib », dit la mère de famille âgée de 37 ans.
Elle confie que jamais auparavant son époux n’avait disparu aussi longtemps après une sortie en mer : « Bien lontan finn arive kan letan ti move, lamer ti gagn brouyar, me apre zot ti resi retourne. »
Anabelle Dormente précise qu’en début d’après-midi, vendredi 25 avril, son époux a tenté de l’appeler sur son téléphone portable, mais que l’appel a été interrompu en raison d’une mauvaise connexion. Malgré ses tentatives pour le rappeler, elle est restée sans nouvelles.
Les proches d’Ivan Haggoo : « La mer se so pastan »
Dans la maison familiale des Haggoo, située sur la route principale de Bain-des-Dames, l’atmosphère est pesante. Les trois sœurs de Nicolas Presley Ivan Haggoo, père de deux enfants et cuisinier de profession, peinent à contenir leur chagrin. « Vandredi apre-midi nou finn aprann ki li ti al lapess. Nou ti pe rod li depi gramatin. Kan nounn telefonn 2-3 kamarad, lerla nounn gagn konfirmasion ki li finn ale », racontent-elles.
Selon ses proches, Ivan Haggoo ne passe habituellement pas autant de temps en mer : « Li kapav dekale par ener tan. Si pa pe gagn pwason, li kapav retourn avan. Lamer se so pastan ». Ses amis rapportent qu’il réalisait souvent de grosses prises lors de ses sorties de pêche.
Rose Lia, 67 ans : « Toulezour mo pe priye »
Depuis jeudi, Rose Lia, mère de Jérémie Lemontagnard, n’a plus fermé l’œil. Chaque jour est une épreuve alors qu’elle espère désespérément un signe de son fils. « J’ai sept enfants, et Jérémie est le sixième », confie-t-elle.
Passionné de pêche, son fils ne restait jamais longtemps en mer : « Quand ils sortaient en soirée, ils rentraient tôt le matin. » Jeudi, Rose Lia n’était pas présente au domicile au moment où Jérémie a pris la mer : « Kan monn rant lakaz, mo pa finn trouv li. Mo ti panse li ti pou retourne le landemin. »
Mais en consultant son téléphone, elle a constaté que Jérémie avait tenté de l’appeler tard dans la soirée : « Mo ti dan lapriyer, mo pa ti kapav reponn. Apre monn sey rapel li, me pa finn ressi », explique-t-elle.
Elle tente de garder espoir : « Kitfwa kot zot ete pena rezo. »
En attendant, Rose Lia se raccroche à la prière : « Mo priye toulezour pou ki retrouv zot. Pena nanie pli inportan. »
Les recherches en mer se poursuivent activement, mobilisant la National Coast Guard, la police régulière, l’hélicoptère de la police et diverses autres unités pour tenter de retrouver les trois amis disparus.
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