Mauriciens faites plus d’enfants

Les autorités tirent la sonnette d’alarme. La population sera en baisse à partir de 2030 et le gouvernement invite les Mauriciens à avoir plus d’enfants. Jamoondur Sunkur, responsable du département de démographie au ministère de la Santé, explique que, suivant la politique de contrôle des naissances initiée dans les années soixante, la croissance de la population est descendue à 0,2 %. Aujourd’hui, une famille n’a que deux enfants en moyenne, alors qu’à l’époque, on comptait jusqu’à seize enfants dans une famille. Il avance que, de nos jours, sur une centaine de couples, le nombre d’enfants est de 141 en moyenne. Ce faible taux de fertilité, dit Jamoondur Sunkur, aura des conséquences. Il s’explique : [blockquote]«Aujourd’hui, nous avons 13 000 naissances par an contre 10 000 décès. Ce qui explique que la population mauricienne augmente par 3 000 à 3 500 annuellement.»[/blockquote] Selon les projections, en 2030, le nombre de décès dépassera le nombre de naissances. Ce qui résultera en un décroissement de la population à partir de 2030. Parallèlement, poursuit-il, le pays fera aussi face à un vieillissement de la population. Il est estimé que les personnes âgées de 60 ans à monter passeront de 14 % de la population en 2015 à 34 % en 2050. Le nombre de personnes en âge de travailler sera en baisse. Face à cette situation, Jamoondur Sunkur invite les jeunes à procréer davantage. Il est d’avis que le gouvernement doit mettre en place une politique de population pour encourager les naissances. Il cite notamment l’ouverture de crèches sur les sites de travail et l’extension des congés de maternité. La directrice de la Mauritius Family Planning Association,Vidya Charan, explique, pour sa part, que plusieurs facteurs contribuent à la baisse du taux de natalité : « Les jeunes se concentrent davantage dans leurs études et se marient de plus en plus tard ». Ils veulent se bâtir une situation avant de fonder une famille. D’autres préfèrent avoir un ou deux enfants seulement afin de pouvoir mieux préparer leur avenir. Vidya Charan avoue qu’avec le faible taux de naissances, soit 1,4 au lieu de 2,1, la progression de la population sera très lente et cela prendra beaucoup de temps pour qu’elle puisse se renouveler. Elle place les jeunes devant leurs responsabilités pour redresser la situation : « Il ne faut pas se fier que sur le gouvernement pour trouver une solution ». La directrice de la Mauritius Family Planning Association ajoute que les autorités doivent mettre en place les infrastructures nécessaires et d’autres formes de soutien pour encourager les naissances. Selon elle, le gouvernement devrait accorder plus de facilités aux jeunes Mauriciens pour qu’ils retournent au pays après leurs études universitaires à l’étranger. Pour l’économiste Pierre Dinan, le problème du vieillissement de la population aura un impact négatif, tant sur le plan économique que social. Il souligne que plus il y a de personnes âgées, moins il y a de personnes économiquement actives sur le marché du travail. Il craint qu’à un moment donné, le pays arrive difficilement à trouver de la main-d’oeuvre. Selon Pierre Dinan, l’une des solutions pourrait être la migration, mais il est aussi conscient que cela pourrait causer un grave problème social dans le pays. L’économiste est d’avis que le pays doit faire appel à des migrants pour son développement futur et lance un appel pour un changement de mentalité. « Les Mauriciens gagneraient à pratiquer une politique d’ouverture au lieu de se cantonner dans leurs conservatisme », dit-il. Pierre Dinan pense également que le gouvernement doit tôt ou tard adopter le ciblage, car « le pays ne peut plus continuer avec l’État providence, s’il n’a pas les moyens économiques de le faire ». Il est aussi d’avis que le gouvernement doit étendre l’âge de la retraite pour encourager les vieux à travailler selon leurs capacités. L’économiste attire l’attention sur les États-Unis, où l’âge de la retraite est passé à 70 ans.