Mario Ah-Chion raconte avec un humour mordant certains épisodes cruciaux de sa vie en uniforme. Et aussi le secret de sa réussite professionnelle. Après trente-cinq ans de service, il a reçu un certificat du commissaire de police Mario Nobin avec la mention : exemplaire.
« His character and conduct while serving in the police force has been exemplary ».
Mission accomplie pour Mario Ah-Chion, 63 ans. Il nous livre le secret de sa réussite tant en milieu professionnel que dans la vie civile.
Son épouse qui est fonctionnaire et lui-même ont su donner le bon accompagnement à leurs deux fils qui travaillent actuellement à l’étranger.
Il a hérité l’art de la communication de ses parents, qui étaient des boutiquiers. Il a appris comment s’adresser au public. Ce qui allait énormément lui servir quand il a fondé sa famille et surtout dans la force policière, depuis le 8 mars 1982.
À cette époque, les possibilités d’embauche pour les jeunes ayant terminé leurs études étaient restreintes. N’empêche qu'il parvient à passer son examen d’entrée dans la force policière.
Il travaille comme constable au poste de Trou-Fanfaron à Port-Louis, à la Police Riot Unit, maintenant la Special Supporting Unit (SSU), avant d’atterrir au poste de police de Stanley, Rose Hill un endroit où il a grandi.
Sa notoriété comme fils de boutiquier l’a énormément aidé dans l’exercice de sa profession. Il parvenait à régler les problèmes émergeant dans le quartier. « Je savais parler aux gens et à mes chefs, comme me l’ont appris mes parents. »
Comment va-t-il amorcer son ascension dans le milieu judiciaire ? C’était à un moment quand des incidents avaient éclaté au tribunal de Curepipe. Des prisonniers n’avaient pas hésité à s’en prendre à un magistrat. Ce qui devait amener la haute hiérarchie de la police à adopter des mesures de sécurité dans tous les tribunaux du pays.
Pour y parvenir, un policier est posté dans chaque tribunal comme Court Orderly. Mario Ah-Chion sera choisi et il sera muté à Rose Hill où se trouvait également la Cour intermédiaire avec plusieurs magistrats opérant dans les différentes salles.
Prosecutors Office
C’est ainsi qu'il va commencer à travailler avec d'illustres Prosecutors de l’époque, en tant que responsable de la salle d’audience. Son apprentissage va lui permettre de comprendre les ficelles du métier et de se familiariser avec les lois du pays. Cela, à force de suivre les auditions des personnes appelées à répondre à diverses accusations.
Il sera aussi affecté au Prosecutors Office des Casernes centrales. À ce titre, il est un des officiers responsables des dossiers des tribunaux. Il est chargé de les examiner et de les diriger correctement.
Après neuf ans de service à Port-Louis où il devient un personnage connu, il est transféré. « Il était difficile de ne pas me reconnaître, car j’étais le seul sino mauricien à travailler à la cour. »
Il ne passe pas non plus inaperçu. Magistrats, avocats, avoués et les Habituals Criminals qui font le va-et-vient entre les tribunaux et la prison le croisent régulièrement.
Sa conduite envers les repris de justice lui a valu le respect de ces derniers. « Je me souviens que les parents des prisonniers voulaient remettre de la nourriture fraîchement préparée à leurs proches aux abords de la cour. Il y a des collègues qui hésitaient à prendre des risques.
En réalisant que ces parents ont dû se lever tôt pour préparer cette nourriture, j’acceptais de leur venir en aide. Mais c’était seulement après m’être assuré que les plats ne contenaient aucun produit illicite. Je remettais ensuite personnellement les bols de nourriture aux prisonniers.»
Il y a d’autres familles qui ont également bénéficié de ses services. Il disait que « les prisonniers sont des êtres humains, mais qui n’ont pas pris le bon chemin ». Et que ce n’est pas pour autant qu’ils ne méritent pas une main tendue.
Ces prisonniers lui témoignent du respect. « Un jour, alors que je marchais à Port-Louis, j’ai croisé un homme. Il est venu vers moi en me demandant si je le reconnaissais ? J’ai dit que non et il m’a alors raconté comment grâce à moi il avait pu recevoir un repas préparé à son intention par ses parents alors qu’il était en prison. Il tenait à me remercier. »
D’autres proches de prisonniers ou des prisonniers eux-mêmes sollicitaient son aide. « On ne connaissait pas mon nom et on disait en cas de besoin : al get sinwa. Sinwa c’est moi et dans la mesure du possible, je leur prêtais assistance sans entorse au règlement.
Les hommes de loi pouvaient eux aussi compter sur lui. « Il y a cet avocat aujourd’hui à la retraite qui m’a dit avec le sourire lorsqu’il m’a rencontré : vous m’avez bien aidé vous. Merci. »
« En somme, je connais beaucoup de monde dans le judiciaire : dont l'actuel Premier ministre Pravind Jugnauth. Après avoir été reçu avocat, il devait être présenté au corps de la magistrature. Je faisais partie de ceux qui l’avaient accompagné lors de cet exercice auprès des juges, magistrats et greffiers.
J’ai aussi connu un illustre membre du barreau en la personne de feu sir Gaëtan Duval. Il venait directement me voir avant l’ouverture de la cour pour me demander dans quelle salle il devait se présenter. Après avoir consulté mon dossier, je lui indiquais le numéro de la salle. Il s’éloignait en me disant toujours : Merci Coco, frère en chinois. J’ai eu aussi l’occasion de voir le plaider. Il ne parlait pas beaucoup, mais ses paroles avaient du poids et il parvenait ainsi à innocenter de nombreux accusés. »
Secret de la réussite
Le secret de sa réussite est de toujours dire la vérité. Un principe sacré qui est connu. Ses chefs hiérarchiques étaient disposés à mettre la main au feu pour lui. Ceux-ci disaient toujours : « Si c’est Mario qui le dit, c’est la vérité. »
C’est ce qui a contribué à faire de lui un officier de police respectable et respecté. Aujourd’hui encore, il reste solidement attaché à ce code de conduite. Il recommande aux jeunes qui font leur entrée dans la force policière d’en faire autant. Pour assurer leur succès et leur épanouissement personnel.
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