Le prince héritier Maha Vajiralongkorn a été officiellement proclamé jeudi roi de Thaïlande, d'après une déclaration lue sur toutes les chaines de télévision thaïlandaises, après des semaines de flottement ayant suscité beaucoup d'inquiétudes.
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«J'ai répondu favorablement aux souhaits du défunt roi pour le bien de toute la population thaïlandaise», a déclaré le nouveau monarque, après une audience avec le président du Parlement.
Cette proclamation met fin à une période d'incertitudes et ouvre une nouvelle ère pour le royaume, sans monarque depuis le 13 octobre et l'annonce de la mort de Bhumibol Adulyadej, après 70 ans de règne.
Le prince, 64 ans, avait surpris en demandant quelques heures après le décès de son père, un «délai» avant de monter sur le trône.
Pour célébrer la montée sur le trône du nouveau roi, dont le nom sera Rama X, les temples du pays ont fait sonner leurs tambours et gongs après cette proclamation officielle intervenue dans la soirée.
Il ne sera toutefois pas couronné tout de suite. La cérémonie ne peut se tenir qu'après la crémation de Bhumibol, qui ne devrait pas intervenir avant une année.
Le prince passait jusqu'ici le plus clair de son temps en Allemagne. Et sa personnalité, réputée imprévisible, fait débat, même au sein des conseillers du palais et des généraux aux manettes du gouvernement, soulignent les analystes.
Son image contraste avec celle de son père. Le défunt roi était la figure tutélaire du royaume, rassurante pour de nombreux Thaïlandais, qui vivent dans l'idée qu'il était le «père de la nation», après des décennies de propagande, renforcée par une loi de lèse-majesté très stricte. Celle-ci punit de 15 ans de prison toute personne diffamant la famille royale.
Les rares médias, y compris internationaux, évoquant ces affaires s'autocensurent, de crainte de tomber eux-mêmes sous le coup de la loi : les accusations, les arrestations et les condamnations peuvent être racontées mais faire état des détails des accusations peut être considéré comme une violation de cette loi.
Pays toujours en deuil
Le dernier coup d'Etat, en mai 2014, avait été mené au nom de la sauvegarde de la monarchie par une armée soucieuse de verrouiller la scène politique à l'approche de la succession, dans un royaume très divisé sur le plan politique.
Depuis leur arrivée au pouvoir, les poursuites se sont multipliées et les sentences alourdies. Mi-novembre, une Thaïlandaise a été condamnée à une peine de 150 ans de prison pour lèse-majesté.
Jusqu'ici la régence a été assurée par le plus influent des conseillers royaux, Prem Tinsulanonda, âgé de 96 ans, chef de file de la vieille garde conservatrice, qui devrait rester puissante si le prince décidait de régner à distance, depuis l'Allemagne.
Deux pôles irréconciliables s'affrontent depuis plus d'une décennie : les ultra-royalistes d'un côté, et les partisans de Thaksin et Yingluck Shinawatra (ex-Premiers ministres renversés par l'armée en 2006 puis 2014).
Ce jeudi, 50e jour de deuil, a été marqué par de grandes cérémonies bouddhistes au sein du grand palais de Bangkok où repose le corps du défunt roi, présidées par son fils. D'après la junte, un million de personnes se sont rendues ces dernières semaines dans la salle du trône pour s'incliner devant la dépouille.
Dans les rues de Bangkok, les immenses affiches à la gloire de Bhumibol sont toujours présentes à chaque coin de rue et de nombreux habitants de la capitale continuent à porter des vêtements noirs en signe de deuil.
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