Facebook live, YouTube live, Instagram live, Snapchat, le live devient le nouveau moyen de transmettre les informations. Le live fait des adeptes chez les individuels et les entreprises. Les prestataires, les adeptes et les utilisateurs en parlent.
« Ce concept existe depuis plusieurs années (le premier livestream ayant eu lieu en 1993), mais ce n’est qu’en 2008, avec l’événement YouTube live, que le livestream débarque sur les réseaux sociaux »
Diffuser en temps réel une vidéo est devenu le meilleur moyen d’interagir avec le public en ligne. Le livestream consiste à diffuser à l’aide de son smartphone des images vidéos en direct sur Internet et sur les réseaux sociaux. « Ce concept existe depuis plusieurs années (le premier livestream ayant eu lieu en 1993), mais ce n’est qu’en 2008, avec l’événement YouTube live, que le livestream débarque sur les réseaux sociaux. En 2013, YouTube dévoile sa plate-forme de livestreaming au public », explique Grégoire Laqueille.
Il est le fondateur de Bulle Digitale, boîte de communication en numérique. Mais c’est Periscope, application de livestream mobile rachetée par Twitter, qui vulgarisera vraiment le livestream sur les réseaux sociaux. Début 2016, Facebook lance à son tour Facebook Live et Instagram lui emboîte le pas peu après, faisant véritablement exploser le concept. Aujourd’hui, plusieurs autres plate-formes telles que Snapchat ou Twitch proposent du livestream.
« Ce phénomène a commencé à devenir “Trending” à Maurice en novembre 2016, avec l’arrivée des “Live Stories” sur Instagram », indique Ismaël Dinally, Lifestyle Brand Manager de Beyond Communications. Selon lui, le live se veut aujourd’hui un moyen puissant et amusant de communiquer avec ses abonnés et d’en avoir de nouveaux en cours de route.
Grégoire Laqueille, pour sa part, indique que le livestream est venu offrir aux utilisateurs la possibilité de partager de manière plus importante les événements de leurs vies. « Il y a de tout : de l’annonce des lauréats filmée par des étudiants au livestream d’un nettoyage de plage publique. On utilise le livestream pour véhiculer des messages ou pour simplement partager un moment avec son groupe. »
La boîte Beyond Communications propose le service de « live coverage ». « Que ce soit pour le lancement d’une nouvelle marque, l’ouverture d’une nouvelle boutique, l’agencement d’un showroom ou une célébration, les marques commencent à comprendre l’importance du “live”. Il s’agit de partager le moment “en direct” avec les internautes, afin de donner de la notoriété à la marque et fidéliser les followers », confie Ismaël Dinally.
Bulle Digitale a aussi intégré le livestream dans la manière d’animer la gestion des réseaux sociaux de ses clients. « Ce type de publication permet de créer des posts qui engagent la communauté, notamment via la possibilité de tchater directement avec eux. C’est un moyen qui, avec un brin de créativité, s’adapte à tous les secteurs d’activité et qui se démarque des publications Facebook traditionnelles », explique Grégoire Laqueille.
La Watch Party, lancée en juillet 2018 par Facebook, est une nouvelle fonctionnalité disponible pour les groupes. Elle permet aux membres de ces derniers de regarder une vidéo, tout en continuant à commenter et à interagir.
« Toute vidéo Facebook postée publiquement peut être incluse dans une Watch Party, qu’elle soit en direct ou préenregistrée. L’objectif est de faire du visionnage de vidéos une expérience sociale amusante plutôt que passive », explique Ismaël Dinally.
La vidéo live invite à l’interaction et permet aux personnes de suivre en live, aimer et commenter en direct la vidéo. Mais c’est là que réside le danger. En effet, toutes les vidéos ne sont pas bonnes à être diffusées. De plus, les commentaires ne peuvent être contrôlés.
« Il y a toujours un côté négatif lorsqu’on parle technologie et réseaux sociaux, le plus gros danger étant l’exposition des enfants à toutes sortes de contenus viraux. De plus, nous ne sommes pas à l’abri de recevoir des commentaires négatifs lors d’un live. » Pour ce lifestyle Brand Manager, il s’agit de savoir gérer ces problèmes de manière diplomatique, mais surtout instantanément.
La présence d’utilisateurs ne sachant pas utiliser la technologie à sa juste valeur, est loin d’être une raison de renoncer aux nouveautés proposées ou de passer à côté d’une occasion de marketing. « Qui plus est, Facebook et Instagram permettent désormais de dénoncer les contenus inappropriés. Il y a également de plus en plus de lois qui assurent le bon fonctionnement des réseaux sociaux. »
De par son caractère spontané, le livestream capte et retient facilement l’attention. Il intéresse et attise la curiosité. Pour les entreprises, un live contribue à la reconnaissance de la marque et sert aussi à établir sa présence.
« La vidéo est le moyen le plus performant du Net. Selon des études, elle est tellement performante que nous passerons plus de temps en ligne qu’à regarder la TV. Les marques s’adaptent à ces nouveaux outils marketing pour prospérer », fait ressortir Grégoire Laqueille.
Nissar Ramtoola,président de la Jummah Mosque : « Nous évoluons avec la technologie »
« Nous étions la première organisation religieuse en Afrique à proposer le live broadcasting. Microsoft nous a envoyé un courriel pour nous féliciter »
Jummah Mosque a lancé le service de live broadcasting en 2005. « Nous étions la première organisation religieuse en Afrique à proposer le live broadcasting. Microsoft nous a envoyé un courriel pour nous féliciter », fait ressortir Nissar Ramtoola, président de la Jummah Mosque. La mosquée dispose d’une équipe de spécialistes en informatique pour procéder à la diffusion de la vidéo en direct. Auparavant, cela se faisait à travers le site web. Avec l’avènement des réseaux sociaux et des smartphones, le Live se fait sur Facebook ou YouTube.
« La lecture du Coran et des sermons les vendredis, des programmes éducatifs, un événement animé par un invité international et les nikahs sont, entre autres, les événements diffusés en Live. Cela convient à ceux qui travaillent et ne peuvent se déplacer, ceux qui sont souffrants, ainsi que les Mauriciens installés à l’étranger », dit-il.
Il se souvient du nikah d’une Mauricienne à un étranger. « Nous avons rencontré le couple. Le futur marié m’a dit que son père ne pouvait malheureusement pas faire le déplacement pour assister à son mariage. Il était soulagé quand nous l’avons informé que nous disposions d’un système de retransmission en direct. Le jour du nikah, le papa a assisté à la cérémonie. Nous étions tous émus et les messages d’appréciation ont plu », raconte Nissar Ramtoola. Il indique que la date et l’heure du live sont souvent communiquées sur la carte d’invitation.
Il raconte que, quand il est devenu président de la Jummah Mosque, il a proposé la mise en place d’un concept pour attirer plus de jeunes. Il n’y avait pas mieux que la technologie. Aujourd’hui, la Jummah Mosque compte 40 000 abonnés sur son réseau SMS et des messages sont envoyés aux fidèles pour les informer des événements. Un programme est en cours de préparation pour le ramadan. « Nous évoluons avec la technologie et profitons de ses avantages », dit-il.
Manouraj Gungea, chef d’édition du www.defimedia.info : « Le Défi Media Group est au cœur de l’innovation »
Un des premiers sujets à être diffusés en live sur la page Facebook du Défi Media Group et sur le www.defimedia.info était les événements qui avaient suivi la polémique entourant la démolition des maisons se trouvant sur le tracé du Metro Express, à La Butte, Port-Louis, en septembre 2017.
« Avec l’avènement des nouvelles technologies de l’information, nous offrons la possibilité aux internautes de suivre en live des débats et de participer aux discussions. Tout cela ne fait qu’enrichir le débat. Ce qui est très bon pour notre démocratie »
« C’était un sujet d’actualité très suivi. Nous avons ainsi donné la possibilité à la population de suivre ce qui s’y passait en temps réel », explique Manouraj Gungea.
L’élection partielle au no 18 (Belle-Rose/Quatre-Bornes) en décembre 2017 a aussi été largement couverte en live streaming sur la page Facebook du Défi Media Group.
Parmi les émissions de Radio Plus qui sont diffusés en live sur Facebook et www.defimedia.info : le forum-débat mensuel Projet de société, les débats en seconde partie du Grand journal, notamment Au cœur de l’info. La retransmission des émissions se fait par rapport aux invités et à la pertinence des thèmes.
Certaines conférences de presse ayant une portée nationale, les travaux parlementaires, tout comme des événements d’intérêt national, sont aussi retransmis en direct.
Il n’y a pas que les informations. Des émissions musicales comme Jammin’ et de l’infotainment sont aussi régulièrement proposés en Live Streaming sur la page Facebook du Défi Media Group.
« Outre le fait d’offrir la possibilité de suivre en images un événement, le Live sur Facebook a aussi ce petit plus qui consiste à permettre à l’audience de commenter et de réagir en temps réel. Les internautes peuvent partager leurs idées pour contribuer au débat, tout en apportant des compléments d’information à un sujet particulier. De plus, ces vidéos peuvent être regardées ultérieurement. Ce n’est pas comme à la télévision traditionnelle, quand on doit attendre une heure spécifique pour suivre une émission. Les émissions diffusées en live sur notre page Facebook peuvent être vues ou revues n’importe quand », indique le chef d’édition.
Manouraj Gungea explique que Le Défi Media Group est au cœur de l’innovation et dispose de plusieurs plate-formes, notamment le papier, la radio, son site Web et la WebTv, sa page Facebook, une application mobile et un numéro WhatsApp (le 5259 8200), sur lequel le public peut envoyer des photos, vidéos et partager des informations.
« Avec l’avènement des nouvelles technologies de l’information, nous offrons la possibilité aux internautes de suivre en live des débats et de participer aux discussions. Tout cela ne fait qu’enrichir le débat. Ce qui est très bon pour notre démocratie », estime-t-il.
La retransmission en live sur Facebook a-t-elle eu un impact négatif sur la radio ? « Ce sont deux plate-formes différentes. La radio jouit toujours d’une grande audience, surtout lors des peak time. Ceux qui sont en voiture peuvent toujours suivre les débats à la radio. Avec la technologie, une fois chez eux, ils ont cette possibilité de visionner les débats en vidéo à partir de leur smartphone, ordinateur ou tablette. Ils peuvent également suivre notre JT (Journal TéléPlus) car dans la soirée, le JT fait un condensé de l’actualité. Chacun y trouve son compte, comme vous le pouvez le constater », fait-il observer.
Les mariages en LIVE
Diksh Potter, photographe et directeur de photographe.mu, inclut le service vidéo en direct dans un de ses forfaits. Il inclut les photos, une vidéo et le live broadcasting à travers Facebook Live et Instagram. Diksh Potter, qui compte dix ans d’expérience, remarque que souvent des étrangers qui se marient à Maurice, ou un étranger/étrangère qui se marie à un(e) Mauricien(ne) optent pour le live broadcast.
« Tous les proches ne peuvent faire le déplacement. De ce fait, la cérémonie est retransmise en direct sur notre page Facebook. Il suffit de communiquer une heure et une date à la famille. Un tel événement peut enregistrer jusqu’à 10 000 vues. Pour les mariages mauriciens, les invités ont chacun un smartphone et chacun fait son live. Donc, ils ne vont pas opter pour les services d’un professionnel », explique-t-il.
Diksh Potter ajoute qu’il suffit d’un smartphone pouvant filmer en haute définition. Il est placé sur un trépied et une personne filme la cérémonie sous différents angles pour rendre la vidéo dynamique. « Le forfait peut tourner autour de Rs 5 000 pour une beach wedding d’une durée d’une heure par exemple », dit-il. Il fait toutefois ressortir que le live broadcast se veut différent d’un video call, surtout par rapport à l’audience.
Jean-Michel Estrade, Managing Director de Media Spin Ltd, a proposé le live streaming en 2007 avec des rallyes et d’autres événements. Il y a cinq ans, il a lancé Wedding Live, mais le concept n’a pas eu l’effet escompté. Il indique que cette prestation est proposée aux hôtels qui organisent le mariage des étrangers sur le sol mauricien.
« Mais le service n’est pas inclus dans le forfait de l’hôtel. Souvent, le couple a déjà choisi le photographe et le vidéographe. Il ne va pas débourser une autre somme pour le live broadcast. Un forfait live streaming en haute définition peut coûter Rs 12 000 », relate-t-il.
Il explique qu’il achète une application pour le streaming et l’installe sur ses serveurs à Amsterdam. Une caméra dotée d’un émetteur-récepteur va envoyer les images sur les serveurs et à travers l’application, la vidéo est diffusée en direct sur un player sur le site web. « Auparavant, la connexion à l’Internet était lente à Maurice. Aujourd’hui, le 4G facilite la retransmission », ajoute-t-il.
Cérémonie funéraire également en live
L’entreprise de pompes funèbres Elie and Sons Ltd est aussi à la pointe de l’innovation. Depuis novembre 2018, elle propose le Funeral online streaming video package. Cela se fait à travers la connexion internet et les caméras qui peuvent être installées dans ses chapelles ardentes à Beau-Bassin, les églises ou encore le crématorium.
« Nous nous mettons à la place des enfants et des proches d’un défunt qui ne peuvent pas être présents. Cela pour des raisons telles que la distance géographique, la maladie, un imprévu, etc. Pour les aider à faire leur deuil et à vivre ce moment douloureux avec la famille à Maurice, nous leur proposons de suivre les funérailles à distance et en direct. Si le client demande que la transmission soit publique, nous pouvons partager la vidéo sur Facebook. Au cas contraire, on fournit un lien privé que la famille envoie aux proches », explique-t-on à Elie and Sons Ltd.
Il suffit d’avoir un ordinateur, un téléphone portable ou une tablette et une connexion internet pour assister à la cérémonie funéraire. Les vidéos de la veillée mortuaire à la chapelle ardente d’Elie and Sons, à Beau-Bassin, de la cérémonie à l’église et de la crémation sont retransmises en temps réel sur Facebook, dépendant du choix de famille. Les proches ont aussi la possibilité de commenter en direct les funérailles. Quelques familles ont opté pour ce service depuis novembre dernier. « Les Mauriciens connaîtront de plus en plus ce service et pourront en faire bénéficier leurs proches qui ne peuvent pas se déplacer », dit-on à Elie and Sons Ltd. L’entreprise propose un tarif de lancement à Rs 7 500 (la somme dépendra du nombre d’heures et du nombre d’endroits).
Témoignages
Anoushka Ah Keng
Durant le week-end des 9 et 10 février, Anoushka Ah Keng était parmi les rares Rodriguais à avoir un accès à l’Internet. Le cyclone Gelena affectait Rodrigues. La Miss Supranational Africa 2018 a pris des risques et a bravé le mauvais temps pour faire des live sur sa page Facebook. La jeune femme était consciente du danger, mais elle n’avait pas peur.
« J’ai pris toutes les précautions nécessaires et je suis sortie même quand nous sommes passés en classe 4. Mes amis et contacts pouvaient voir les effets de Gelena sur Rodrigues. J’allais aussi prendre des nouvelles de mes compatriotes et passer des messages pour ceux qui ne pouvaient joindre leur famille au téléphone ou Internet. Les policiers et les journalistes aussi prenaient de nos nouvelles », raconte-t-elle.
Anoushka Ah Keng fait des live depuis bientôt un an. Les vidéos l’aident à partager ses opinions, des conseils, ainsi que des messages d’encouragement et d’espoir. « La vie n’est pas rose pour tout le monde. J’aide les autres à se sentir mieux dans leur peau et à ne pas baisser les bras. Je leur parle à travers le live », poursuit-elle. Elle fait ses live aussi bien sur Facebook que sur Instagram. Elle explique que Facebook est plutôt une plate-forme sur laquelle elle est connectée majoritairement aux Mauriciens et Rodriguais, alors que sur Instagram, elle est en contact avec ses amis et proches à l’étranger.
Quand elle s’est rendue en Pologne et aux États-Unis pour les besoins du concours de beauté Miss Supranational Africa 2018, elle a filmé et a partagé les paysages en live sur ses pages. L’objectif était de faire découvrir ces pays à ses amis. Le live lui permet aussi de promouvoir Rodrigues et sa richesse.
« Mes amis réagissent et commentent sur mes vidéos. Certains vont les regarder plus tard. D’autres m’envoient des messages en privé pour me demander des conseils. Ils trouvent que mes lives sont vivants, dynamiques et accrocheurs. De plus, les live m’ont permis de mieux communiquer et d’avoir plus d’assurance », fait-elle ressortir.
Menka Soobrah
En 2018, Menka Soobrah assiste au mariage de sa cousine. Âgée de 26 ans, cette habitante de Port-Louis concède qu’elle n’est pas une adepte de live. Toutefois, elle a tenu à partager des live de chaque rituel du mariage hindou sur trois jours sur Facebook. « Je voulais montrer le décor et les rites à nos amis, nos proches et nos collègues qui n’ont pas pu faire le déplacement. Ce n’était pas difficile. Il suffisait que j’appuie sur l’option live et lancer l’enregistrement en direct », dit-elle.
Fawzi
La tendance est aussi à la Watch Party sur Facebook. Chaque samedi, Fawzi, membre du Mouvement militant mauricien (MMM), organise une Watch Party pour la conférence de presse hebdomadaire du MMM. « Une invitation privée pour assister à la Watch Party est mieux qu’une notification si je fais un live. Cela fait trois mois déjà que j’ai commencé à utiliser cette fonctionnalité. La Watch Party permet aux différents membres d’un groupe de regarder et de commenter la vidéo en temps réel. Elle aide à atteindre les gens plus facilement », dit-il.
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