Le 3 mai a été proclamé Journée mondiale de la liberté de la presse par l’Assemblée générale des Nations-Unies en 1993. Comme chaque année, le rapport de Reporter Sans Frontières (RSF) a été rendu public. Maurice se classe à la 63e place cette année.
Toutefois, le rapport met en lumière les intimidations et les attaques auxquelles sont confrontés les journalistes mauriciens.
Si l’année dernière, Maurice était à la 64e place, cette année, il grimpe d’une place au classement de RSF et se retrouve à la 63e place. « Maurice a beau être l’un des pays africains salués comme des modèles de démocratie, le paysage médiatique y est fortement polarisé. Les attaques en ligne contre les journalistes ont augmenté », peut-on y lire.
Le rapport fait mention que le paysage médiatique est divisé en deux camps : d’un côté, les médias politisés, comme la radio et la télévision nationale et les médias proches du pouvoir, qui diffusent souvent de la propagande. De l’autre côté, les médias indépendants qui ont la liberté de ton, mais peuvent tomber dans le sensationnalisme, nuisant ainsi à la qualité de l’information.
« Dans ce paysage médiatique, les médias indépendants, sérieux et fiables peinent à trouver leur place », fait ressortir le rapport de RSF.
Mention est aussi faite que le pouvoir politique exerce une influence totale sur la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC), dont le directeur général est nommé par le Premier ministre.
Selon le rapport de RSF, l’absence d’indépendance de l’organe de régulation nuit à l’émergence d’un «journalisme de qualité ». On cite le cas des médias proches de l’opposition qui sont souvent visés par des sanctions, comme en décembre 2020, lorsqu’une radio a été interdite de diffusion pendant 72 heures après qu’un syndicaliste a qualifié le Premier ministre indien Narendra Modi de « raciste ».
S’agissant du cadre légal, le rapport met en exergue qu’il ne protège pas suffisamment les journalistes. En 2021, un projet de loi controversé sur la régulation des médias a été adopté, remettant en cause le secret des sources et durcissant les conditions d’exercice des radios. Les sanctions encourues par les journalistes devant les tribunaux ont également été renforcées.
« Depuis 2018, des amendements à la loi sur l’information et les télécommunications instaurent des peines de prison pour les auteurs de contenu en ligne « contrariants » ou « dérangeants ».
Certaines lois héritées de la période coloniale comme l’Official Secrets Act sont toujours en vigueur, et des fonctionnaires qui fourniraient des informations sensibles à des journalistes sont passibles de sanctions », indique RSF.
Pour ce qui est du contexte économique, le rapport souligne qu’il n’est pas favorable à l’exercice du journalisme. Le rapport explique que début 2023, les autorités ont pris une nouvelle réglementation pour revaloriser les salaires des journalistes. On souligne que cependant, dans certains médias, des directives sont données pour une couverture favorable de la politique gouvernementale afin de ne pas affecter les intérêts du propriétaire. On met en exergue que l’argent public est souvent dirigé vers des médias proches du pouvoir, ce qui affaiblit la qualité du travail des journalistes, souvent employés avec des contrats précaires.
Le rapport souligne de plus que la sécurité des journalistes demeure un sujet d’inquiétude, notamment les menaces et les actes d’intimidation qui sont de plus en plus fréquents, alors qu’ils étaient rares ces dernières années.
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