Un forum débat pour célébrer les 15 ans de Radio Plus, les 15 ans de la libéralisation des ondes. Jean-Luc Émile avait réuni, jeudi après-midi, au siège de l’Alliance française, Bell Village, un panel d’invités pour une rétrospective et aussi pour débattre de l’avenir des radios privées.
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Réinvention et évolution. Ce sont là les maîtres mots du débat au sujet des radios privées à l’ère de la révolution technologique. Certes, en 15 ans, les radios privées ont fait leur petit bonhomme de chemin, mais l’heure est aujourd’hui à la réflexion. Pour un renouvellement afin de tenir la route.
Les invités du Grand Journal étaient unanimes sur la question. « Je suis agréablement surpris que les radios privées aient tenu 15 ans », s’exclame Ashok Radhakissoon. L’ancien président de l’Independent Broadcasting Authority (IBA), sceptique au départ quant à la pérennité d’une radio commerciale privée, concède aujourd’hui que « la libéralisation est venue combler un manque, voire un besoin de la société mauricienne ».
« Nous sommes passés de la radio monologue des années 80 à une radio interactive, avec une liberté d’expression sur des sujets intouchables comme la politique et les informations », constate pour sa part Marie-Michèle Étienne, ancienne animatrice ayant travaillé pour les secteurs public et privé. Maurice n’est cependant pas allé jusqu’au bout de la libéralisation, déplore l’universitaire Rookaya Kasenally.
« Une libéralisation totale implique également la télévision privée. Et si les radios privées ont permis aux citoyens de s’exprimer et de dénoncer, les actions en faveur de l’engagement citoyen n’ont pas suivi. Pas une dénonciation n’a poussé le peuple dans la rue pour défendre ses intérêts ou faire changer les choses », insiste l’académicienne. Cette dernière, grande défenseur de la démocratie, trouve « dommage » que 50 ans après l’indépendance, « le Mauricien n’a toujours pas trouvé le moyen d’assumer son engagement citoyen ».
Quoi qu’il en soit, la radio reste un medium d’information exceptionnel, qui n’est pas prêt de disparaître. « La télévision et l’image restent un vecteur très important de par les émotions qu’elles transmettent, mais la radio reste une plateforme privilégiée, étant très accessible et moins onéreuse », affirme Vino Sooklall, président de l’Association des agences de publicité. « Pour regarder la télé, ou lire un journal, on a besoin de s’asseoir tranquillement, alors que la radio est accessible n’importe où et à n’importe quel moment. C’est un medium très puissant d’autant qu’il permet d’agir rapidement », souligne le publicitaire.
Remise en question
15 ans après, quelles perspectives? Les intervenants s’accordent à dire qu’il est temps de se remettre en question, car l’essoufflement se fait sentir. Rookaya Kasenally parle d’une professionnalisation du journalisme pour une plus grande liberté démocratique. « Il faut aussi un sondage fiable et genuine pour connaître l’impact des medias et de l’information afin de mieux comprendre notre écosystème en pleine mutation avec l’avènement des nouvelles technologies », préconise l’universitaire.
Quant à Marie-Michèle Étienne, elle pousse la réflexion sur la manière de faire revenir ces milliers d’auditeurs qui ont délaissé la radio. « Il est impératif de se renouveler, car si le contenu de chaque radio n’est pas le même, les formules d’émissions restent les mêmes sur toutes les radios », lance-t-elle.
La réplique d’Ashok Radhakissoon : « Qui prendra le risque de faire autrement, si c’est une formule qui marche ? » Il y a toutefois de l’espace pour autre chose, selon Vino Sooklall. « Pourquoi pas une radio pour les seniors? C’est une population avec un pouvoir d’achat non négligeable et il y a beaucoup d’information à leur apporter. Idem pour les jeunes. Les infos et les débats politiques à la radio sont devenus comme des telenovelas qui ne retiennent que les amateurs assidus. Comment toucher le jeune qui n’écoute pas la radio et qui ne lit pas le journal ? » Autant d’interrogations qui mènent à la conclusion qu’il y a un besoin impératif de repenser et de renouveler la radio privée, de manière à atteindre tous les segments de la société mauricienne.
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