Cela fait presque deux ans que les Mauriciens sont privés de grands salons thématiques. Et cela risque de durer ! Une situation inacceptable pour certains organisateurs de salons, alors que pour d’autres c’est l’attente d’une concertation avec le High-Level Committee en vue de trouver un consensus pour faire revivre ce secteur.
L’évènementiel est un secteur qui broie du noir depuis bientôt deux ans. L’organisation des salons est la première à pâtir de la crise sanitaire. L’année 2020 a vu l’arrivée de la pandémie. Avec elle, le confinement. Une bouffée d’air frais s’est fait sentir au mois de juin tout en tenant compte que les salons ne peuvent pas se tenir tout au long de l’année, mais uniquement pendant des mois spécifiques. Ainsi, que trois salons ont été organisés comparé à une douzaine en temps normal. De plus, aucun salon n’a eu lieu en 2021. Toutefois, les acteurs du secteur, qui pensaient voir la lumière au bout du tunnel à partir du mois d’avril 2022, ont été bien déçus. Car les rassemblements sont maintenus à 50 personnes.
Bruno La Charmante, directeur d’Events Plus : « Nous sommes désolés de constater qu’un ‘pass sanitaire’ n’est pas valable pour avoir accès aux évènements ».
Directeur d’Events Plus, une entité du Défi Media Group qui organise plusieurs salons thématiques par an, Bruno La Charmante est d’avis qu’une concertation avec tous les acteurs de l'événementiel et du High Level Comittee, aurait été bénéfique pour trouver une marge de manœuvre.
« Les centres commerciaux, hypermarchés, transports en commun, ‘Food Courts’ et restaurants occasionnent une concentration et une densité au m2 (mètre carré) parfois supérieures à un évènement. Il aurait été souhaitable et plus constructif qu’il y ait une concertation entre le High-Level Committee et les acteurs de l'événementiel en vue de dégager un consensus et trouver un point d'équilibre entre sécurité sanitaire et acteurs du monde de l'événementiel », estime Bruno La Charmante.
Le directeur d’Events Plus indique que l’espoir était l’introduction d’un pass sanitaire afin de recevoir les personnes ayant un schéma vaccinal complet lors des évènements. « Nous sommes désolés de constater qu’un ‘pass sanitaire’, qui porte tout son sens de par sa définition, n’est pas valable pour avoir accès aux évènements, alors que c’est le cas dans plusieurs pays », déplore Bruno La Charmante.
Didier de Senneville, directeur de Publi-Promo Ltd : « Nous allons devoir fermer nos portes »
Directeur de Publi-Promo Ltd, compagnie événementielle qui organise le Salon de la Maison et du Jardin, Didier de Senneville est tout aussi dépité de voir le secteur au point mort. Son entreprise, dit-il, est en faillite et risque de mettre les clés sous le paillasson.
« Nous pensions que tout allait reprendre et avions prévu un salon au mois de juin. Nous allons devoir l’annuler. Nous avons parlé avec nos banques pour qu’elles nous soutiennent jusque-là. Nous sommes au bord de la faillite. Nous allons devoir fermer nos portes. Impossible de continuer à opérer un bureau fantôme », déclare Didier de Senneville. Malgré une réduction de son personnel, ne plus avoir de revenus est un coup dur pour Publi-Promo, qui existe depuis 1979. En se référant aux centres commerciaux, marchés et autres commerces bondés, Didier de Senneville trouve ‘injuste’ d’empêcher la tenue de salon.
« C’est une catastrophe pour notre profession. Parce que dans les centres commerciaux, marchés et autres commerces, il y a un grand nombre de personnes qui se retrouvent ensemble sans distanciation sociale. Alors que dans un salon, le risque de contamination est très faible. Et ce, dans la mesure où nous respectons les règles de distanciation sociale, le gel hydroalcoolique et le port du masque. L’espace où nous faisons nos salons (SVICC) est d’une dimension considérable, soit plus de 10 mille mètres carrés. Alors pourquoi ne pas nous laisser opérer ? », s’insurge Didier de Senneville.
Ce dernier juge qu’en privant la tenue des salons, c’est une centaine d’exposants et les milliers de personnes qu’ils emploient qui sont impactés. « La fermeture de notre secteur d’activité entraînera une dépression économique. En mon nom et au nom de tous les exposants, je demande à ce que le gouvernement nous permette de faire des salons dans les plus brefs délais. »
Eshan Doremia, Officer in Charge du SVICC : « Perte de Rs 30 M par an, il est temps de trouver une solution »
« Les salons constituent 75 % de notre revenu. Avec la non-tenue des salons, nous accusons des pertes de Rs 30 M par an. Nous sommes au bord du gouffre. Il est temps que le ministère du Commerce, le ministère de la Santé, le Swami Vivekananda International Convention Centre (SVICC), et les organisateurs de salons puissent se rencontrer et trouver une solution », confie Eshan Doremia, Officer in Charge du SVICC, Pailles.
Selon ce dernier, en temps normal le SVICC accueille une douzaine de salons par an. Mais depuis mars 2020 à ce jour, il n’y a eu que trois salons, dont un en partenariat avec la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA). L’Officer in Charge du SVICC juge que le fait que les salons ne soient pas organisés cela a un effet direct et indirect sur des milliers de Mauriciens. « C’est un manque à gagner pour les exposants. Et cela a une répercussion directe et indirecte sur 400 000 à 500 000 Mauriciens », indique-t-il.
Pour Eshan Doremia, les salons pourraient très bien se tenir aussi longtemps que les mesures sanitaires soient respectées. « Les centres commerciaux peuvent opérer sans aucun problème, alors que c’est dans le même esprit que dans un salon. Nous pensons que nous pouvons tenir des salons sous la supervision du ministère de la Santé. Nous pouvons gérer le flux de participants, le respect strict des gestes barrières, l’organisation des mesures de distanciation sociale, le gel hydroalcoolique, le port du masque entre autres. »
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