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L’élevage clandestin tue les éleveurs attitrés

Les éleveurs de chiens de race (« Registered Breeders ») s’insurgent contre l’inaction du gouvernement envers les trafiquants de chiens de race. Ceux-ci commercialisent des chiots à un prix inférieur à celui pratiqué par les éleveurs attitrés. Enquête. L’élevage illégal de chiens de race est inquiétant, aux yeux de la cinquantaine d’éleveurs professionnels. Ils gagnent leurs vies en s’adonnant à l’élevage de chiens de race et craignent pour la rentabilité de leur profession. Le phénomène aurait pris une ampleur considérable durant ces quatre dernières années. Rouben Armugum, un éleveur professionnel comptant une dizaine d’années d’expérience, est en colère. Il demande au gouvernement de durcir les lois concernant l’élevage de chiens de race par les éleveurs non enregistrés. Selon lui, ces derniers représentent une menace pour l’élevage des chiens de race. Valeur du jour, le permis d’élevage qui est renouvelable annuellement est de Rs 10 000 (pour un à cinq chiens), Rs 25 000 (pour cinq à neuf neuf chiens) et Rs 100 000 (pour dix chiens à monter). « Les raisons qui poussent une personne à se lancer dans le trafic de chien de race au marché noir sont multiples. Mais la raison principale est qu’ils ne veulent pas débourser une somme annuelle dans le renouvellement de leurs permis d’opération. La seule somme d’argent déboursée est lorsqu’ils achètent les chiots pour démarrer leurs élevages », avance l’éleveur de chiens. Selon lui, le nombre d’éleveurs de chiens de race, opérant sans permis, avoisine plusieurs centaines de personnes contre une cinquantaine d’éleveurs possédant des permis d’opération.

Écouler l’animal au noir

Les éleveurs clandestins vendent leurs chiens par le principe du bouche-à-oreille. Mais depuis un certain temps, ils ont recours aux réseaux sociaux et les photos des chiens sont postées sur la toile. Nous avons pris contact avec un éleveur au noir qui voulait écouler cinq chiots berger allemand, qui sont âgés de deux mois, au coût de Rs 10 000, pour les mâles, et de Rs 13 000, pour les femelles. Il est domicilié dans le sud du pays. L’éleveur raconte qu’il est dans le business de chiens de race depuis quinze ans. « Le prix des chiots que j’écoule est fixe, car ils sont issus d’un croisement entre un mâle ordinaire et une femelle qui est originaire de France. Cette dernière, qui est un pur sang, est issue d’une bonne lignée de chiens de race. Je l’ai acheté il y a deux ans. Les cinq chiots qui sont commercialisés sont issus de la première portée de la maman qui est âgée de deux ans », raconte l’éleveur. Bon nombre d’éleveurs au noir adoptent le même modus operandi. Anwar Dauhoo n’a plus renouvelé son permis d’éleveur depuis trois ans. Il a été éleveur de chiens de race pendant une dizaine d’années. La raison qui l’a poussé à abandonner son business de chiens de race est la concurrence farouche qui prend de l’ampleur sur le marché. « L’élevage de chiens de race, par des éleveurs non qualifiés, tue la profession. Les éleveurs professionnels n’ont personne vers qui se tourner. Si le gouvernement ne fait rien pour mettre un frein à ce trafic, les éleveurs professionnels rendront leurs tabliers », dit-il. La solution, ajoute-t-il, est d’introduire une législation qui légalise de l’élevage des chiens de race et qui sanctionne ceux qui opèrent dans l’illégalité.

Animal Welfare Unit

Farook Khoodoruth, un ancien membre de la défunte Mauritius Society for the Prevention of Cruelty to Animal (MSPCA), devenu Mauritius Society for Animal Welfare (MSAW) avance que des officiers de l'organisme effectuait des descentes régulières. Ils sanctionnaient les éleveurs au noir et saisissaient les chiens qu’ils écoulaient. C’était avant que la MSAW passe sous l’égide de la Divisional Veterinary Services du ministère de l’Agro-industrie, il y a deux ans. La plupart des animaux saisis, souligne Farook Khoodoruth, étaient des chiens de race défendus d’importation à Maurice, le Boerboel et l’Amstaff, entre autres. « L’Animal Welfare Unit qui est sous l’égide du ministère de l’Agro-industrie est limité en termes d’actions, car elle n’a ni le pouvoir ni les moyens pour intervenir comme la MSPCA. La solution pour combattre l’élevage au noir est de mener des enquêtes approfondies et d’effectuer des descentes systématiques, afin de traquer ceux qui opèrent dans l’illégalité », dit-il.

Éleveurs enregistrés

Le ministère de l’Agro-industrie souligne que le pays compte 53 éleveurs enregistrés, dont seize qui viennent de se faire enregistrer durant l’année. L’Animal Welfare Unit (AWU), qui est sous l’égide du ministère de l’Agro-industrie, tente de localiser les éleveurs clandestins avec l’aide de la police. L’Animal Welfare Unit invite aussi les éleveurs opérant dans l’illégalité à entamer des démarches, en vue de régulariser leur situation. Quand les éleveurs clandestins sont réticents à suivre les instructions de l’AWU, un avis de non-conformité est émis. À ce jour, environ 25 avis de non-conformité sont recensés.
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