Branle-bas de combat après qu’un bulletin de vote aurait été découvert par un citoyen et remis à Shakeel Mohamed. Ce dernier a remis ledit document à l’Electoral Supervisory Commission qui a, à son tour, alerté le Central Criminal Investigation Department. Celui-ci a ouvert une enquête. Des limiers se sont rendus au centre de vote concerné. En parallèle, la commission électorale a tenu une réunion d’explications suivant des allégations d’irrégularités dans la tenue des législatives.
Publicité
Des responsables des centres de vote seront appelés à s’expliquer
Des limiers du Central Criminal Investigation Department (CCID) se sont rendus à l’école Idriss Goomany à Plaine-Verte. Leur mission : enquêter sur la présumée découverte d’un bulletin de vote par un citoyen non loin de l’établissement scolaire. C’est l’Electoral Supervisory Commission (ESC) qui a alerté la police sur cette affaire après que Shakeel Mohamed lui a remis ledit document.
Les enquêteurs ont inspecté les salles de classe, mais ils n’ont rien trouvé d’inquiétant. Ils sont aussi allés à la rencontre de certains habitants de la circonscription no 3 afin de les interroger. Mais ceux entendus ont affirmé n’avoir rien constaté d’inhabituel le 7 novembre dernier.
Comment ce bulletin aurait-il pu être retrouvé non loin de l’école ? Pour tenter d’y voir plus clair, les limiers comptent interroger les Senior Presiding Officers qui étaient responsables des centres de vote Dr Idriss Goomany Government School et Jean Lebrun Government School situé non loin.
Une autre option pour les enquêteurs demeure les enregistrements des caméras de vidéosurveillance du projet Safe City installées dans les parages de ces écoles. Des policiers en service ce jour-là devront également être entendus. Shakeel Mohamed, député de l’Alliance Nationale de la circonscription, sera lui aussi interrogé afin d’apporter plus de précisions sur la personne qui lui aurait remis ce bulletin. La commission électorale attend les conclusions du CCID.
Irfan Rahman, commissaire électoral : «Déplacer un bulletin en dehors d’un centre de vote est un délit»
Le commissaire électoral Irfan Rahman a été catégorique : déplacer un bulletin de vote en dehors d’un centre de vote est « très grave » et constitue un délit criminel. « Nous prenons cette affaire très au sérieux. Raison pour laquelle le Central Criminal Investigation Department a immédiatement été alertée. Nous devons savoir d’où vient ce bulletin. L’article 71 de la Representation of the People Act stipule que le déplacement d’un bulletin de vote hors d’un centre de vote est un délit criminel », a-t-il expliqué lors d’un point de presse le jeudi 14 novembre. Il a ensuite ajouté : « Nous remercions Shakeel Mohamed de son initiative. »
Irfan Rahman a rappelé que la commission électorale mène un exercice de vérification afin de savoir les détails du recensement mené chez les 6 800 citoyens dont l’identité ne figure pas sur le registre électoral. Selon lui, la commission électorale a repoussé l’échantillonnage à 5 000 personne (NdlR : car la requête initiale portait sur 600 à 700 personnes). « C’est regrettable que des personnes n’aient pas pu voter. D’après les conclusions préliminaires, dans 80 % des cas, les voisins et autres auraient dit aux officiers chargés du recensement que les individus auraient changé de lieu de résidence ou de circonscription », a-t-il déclaré.
Salim Muthy demande à la population de «rassembler des preuves»
« Nous lançons un appel à la population pour qu’elle rassemble des preuves concrètes de la supposée fraude qui aurait pu se produire au dernier scrutin. Nou demann zot vinn ver nou. Nou napa la pou fer demagozie. Nou napa la pou dir bizin refer eleksion ou swa recount. Notre rôle est de rétablir la justice, car nous ne voulons pas que les droits constitutionnels des citoyens soient bafoués. » C’est ce qu’a déclaré Salim Muthy le jeudi 14 novembre face à la presse. Le travailleur sortait d’une réunion d’explications convoquée par la commission électorale à son siège à la suite des allégations de présumés irrégularités lors des dernières législatives.
« Nous sommes satisfaits des explications fournies par le commissaire électoral. La rencontre a été très cordiale. Nous avons écouté les explications de la commission, tout en tentant de situer d’où viennent les fautes. Nous avons posé nos questions. Reste à analyser les réponses obtenues », a expliqué le travailleur social.
Salim Muthy a précisé que cette rencontre est une première prise de contact. D’autres réunions suivront la semaine prochaine, a-t-il assuré. Maintenant qu’il a remis ses propositions par écrit, Salim Muthy envisage de solliciter le gouvernement afin de réclamer une réforme. « L’heure est venue pour le gouvernement de prendre ses responsabilités en conférant à la commission électorale ses propres pouvoirs.
Jean Claude de l’Estrac réclame un amendement de la loi
Jean Claude de l’Estrac et Lindsay Rivière ont répondu présents à l’invitation que leur avait envoyée la commission électorale. Ils étaient présents à la réunion du jeudi 14 novembre en leur qualité d’observateurs politiques. À sa sortie, Jean Claude de l’Estrac a d’emblée déclaré au Défi Quotidien qu’il était « convaincu de l’intégrité de la commission électorale ». Là où le bât blesse, selon lui, c’est au niveau de la loi, qui « comporte des faiblesses ».
« Nous sommes tous un peu perturbés par les allégations, parfois farfelues, qui ont été formulées jusqu’ici. Nous avons demandé des explications. Nous en avons reçu. Il y a des explications à ces allégations. C’est auprès du grand public que la commission doit s’expliquer », a fait ressortir Jean Claude de l’Estrac.
La grande explication, selon lui, se trouve dans la loi. « La commission électorale ne peut pas faire un certain nombre de choses si on n’amende pas la loi, notamment dans la manière de compiler les données pour la préparation de la liste électorale. Lindsay Rivière et moi avons été interrogés à ce sujet, car cela fait des années que nous observons les élections. Nous avons fait pas mal de propositions, dont certaines ne sont pas du ressort de la commission. Il faut que cette dernière convainque le gouvernement d’apporter les modifications nécessaires. »
Il souligne également l’importance d’éclairer les électeurs qui n’ont pas compris pourquoi ils ne sont pas sur la liste. Beaucoup d’entre eux, a-t-il ajouté, ne figurent pas sur la liste parce qu’ils n’étaient pas chez eux au moment du recensement. « La loi dit que si la personne concernée n’est pas là en janvier, son nom ne figure pas sur le registre électoral. C’est cette loi qui comporte une faiblesse et qui doit être modifiée », a conclu Jean Claude de l’Estrac.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !