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Légalisation du Subutex: des garde-fous essentiels

Le pharmacien Gaya explique que le Subutex n’a pas d’effet euphorisant comme d’autres drogues dures.
La libération de la Française Aurore Gros-Coissy remet sur le tapis un sujet jusqu’ici sensible. Devons-nous aller vers la légalisation du Subutex ? Oui, mais attention aux conséquences, disent des travailleurs sociaux. Aurore Gros-Coissy a été blanchie par le Full Bench de la Cour suprême, le mercredi 25 novembre. Elle avait été condamnée à 20 ans de prison pour importation de Subutex, dont la valeur marchande était estimée à Rs 1, 6 million. Après sa libération, son avocat Rama Valayden réclame la légalisation du Subutex, considéré à Maurice comme « une drogue dure ». Dans une déclaration à Radio Plus, le jeudi 26 novembre, Me Valayden soutient que le Subutex n’est qu’un médicament et que le pays devrait le légaliser. Il soutient également que beaucoup de ressortissants français sont arrêtés car ils ne savent pas que c’est illégal chez nous. Ally Lazer, travailleur social, avance que le Subutex figure, selon lui, parmi les meilleurs substituts à l’héroïne. « C’est un très bon médicament de substitution, qui coûte moins cher et qui est en plus très efficace pour soigner les héroïnomanes. Toutefois à Maurice, il est utilisé à mauvais escient. 99,9 % des toxicomanes à Maurice s’injectent du Subutex alors que les comprimés doivent  être administrés par voie sublinguale. Se l’injecter est dangereux, voire mortel », nous dit-il. Toutefois, le travailleur social se dit contre la commercialisation de ce produit. « Nous avons par le passé pu voir que certains pharmaciens véreux font du trafic de psychotropes. Si l’État légalise et autorise la commercialisation du Subutex, nous pouvons déjà prévoir qu’elles seront ses  répercussions. Le Subutex doit être administré aux drogués sous haute supervision médicale », soutient Ally Lazer. Imran Dhannoo du Centre Idriss Goomany, spécialisé dans la prévention et le traitement de la toxicomanie, partage l’opinion d’Ally Lazer. « Je suis pour l’introduction du Subutex, mais  évidemment avec des garde-fous bien établis. Son utilisation doit être contrôlée par l’État tout comme la Méthadone. C’est un médicament essentiel selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans le traitement de la toxicomanie », dit-il. Comme Ally Lazer, Imran Dhannoo se dit contre la vente du Subutex dans les pharmacies, mais il doit être autorisé dans les centres résidentiels et dans les prisons. Il dit aussi qu’il faut limiter sa prescription : seuls les médecins de l’État devront être autorisés à le prescrire. Autre point avancé par Imran Dhannoo est que les médecins doivent être en mesure de choisir le traitement approprié pour les toxicomanes. « La Méthadone est utilisée comme un médicament de maintenance tandis que le Subutex est un médicament de désintoxication. Ce n’est pas forcément que l’un soit meilleur que l’autre, mais l’efficacité de la méthode dépendra du patient. De plus, avec l’introduction du Subutex, les médecins pourront choisir le traitement approprié car il est important qu’ils aient à leur disposition une palette de soins thérapeutiques. Alors qu’actuellement il n’y a que la Méthadone », explique Imran Dhannoo.

Le Subutex

Ravin Gaya, président du Pharmacy Board, explique, lui, que le principe actif du Subutex est un opiacé du nom de buprémorphine. C’est un dérivé de la morphine. À Maurice, le Subutex est classifié sous la Dangerous Drug Act. La morphine à Maurice est prescrite selon des formalités bien établies. Le président du Pharmacy Board fait ressortir que la buprémorphine était disponible à Maurice au début des années 2000. Elle était commercialisée sous le nom de Tengesic et utilisée uniquement dans le traitement des douleurs aiguës. Le médicament Tengesic a été interdit car il était sujet à des trafics. « À la base, la buprémorphine est utilisée pour traiter les douleurs, mais elle est aussi utilisée dans le traitement lié à la désintoxication. Les pays où ce produit est légal suivent un protocole bien établi à travers l’OMS qui explique clairement comment l’utiliser dans le traitement de substitution aux opiacés ». Ravin Gaya explique aussi que le Subutex n’a quasi pas d’effet euphorisant contrairement aux autres drogues dures. « Quand une personne se drogue, ce sont les réactions chimiques dans son organisme qui provoquent l’effet euphorisant. Or, le Subutex ne fait que combler les séquelles du manque, mais ne provoque pas d’effet euphorisant », fait-il ressortir.
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