Monde

Le Japon déplore des prises d'anguilles historiquement faibles

Le Japon s'apprête à enregistrer un record historiquement bas de captures de civelles (ou bébés anguilles) cette année, ravivant les craintes d'un déclin des réserves de cette espèce menacée, un mets estival prisé des habitants de l'archipel. Fin mars, le pays recensait 8,8 tonnes de civelles "Anguilla japonica" dans ses bassins de culture, selon un bilan provisoire établi par l'Agence des pêches, à comparer à plus de 18 tonnes ces deux dernières années.

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Ce chiffre comprend les bébés anguilles pêchés au Japon, ainsi que ceux importés de Chine, Taïwan et Corée du Sud. Une fois capturés, ils sont élevés par des producteurs jusqu'à ce qu'ils atteignent la taille suffisante pour un usage culinaire. La saison a débuté en décembre et s'achèvera fin avril, mais d'ores et déjà le volume de prises s'annonce très faible : il se situera probablement en dessous des 12,6 tonnes de 2013, le volume le plus bas jamais enregistré.

Les anguilles, appelées "unagi" au Japon, sont victimes de la pêche excessive et d'une multitude d'autres facteurs qui ont pour résultat de faire diminuer les stocks. La spécificité de ce poisson, qui parcourt d'énormes distances, des îles Mariannes dans le Pacifique jusqu'à l'Asie orientale, constitue le plus grand danger pour cette espèce. Sur sa route migratoire, les obstacles bâtis par l'homme, en particulier les barrages, causent souvent sa perte, mais aussi la pollution, sans oublier les ennemis naturels (parasites, assèchement des zones humides, altération des courants due au changement climatique...).

Si l'Agence des pêches rejette fermement les accusations de surpêche, les défenseurs de l'environnement s'alarment régulièrement du déclin des stocks d'anguille, classée depuis 2009 espèce protégée par la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction).

"Nous craignons un nouvel appauvrissement des stocks", a déclaré à l'AFP Hiromi Shiraishi, de l'ONG Traffic. "En outre, nous pensons que la méthode actuelle de contrôle des ressources n'est pas en mesure de répondre" au problème, estime-t-elle. Ainsi le plafond est fixé à 21,7 tonnes dans les fermes d'élevage japonaises, alors que dans le cas du thon, les quotas diminuent en fonction des signes de recul de la ressource.

Les Japonais sont friands d'anguilles, qu'ils consomment surtout en été, grillées et couvertes d'une sauce épaisse à base de saké (alcool de riz), sauce soja et sucre.

AFP / TOSHIFUMI KITAMURA

 

 

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