Le coupable a rencontré le père de la fillette en prison : il lui a promis de prendre soin d’elle

Anaëlle Pierre est une mère meurtrie. Sa fille Alyaah, 14 mois, sa joie de vivre, s’en est allée par la faute de son compagnon, Jean Damien Keny Cade. Celui-ci avait bien caché son jeu.

Le regard absent, les traits tirés et les yeux rougis d’avoir trop pleuré, Anaëlle est soutenue par ses proches, notamment sa sœur Anaïs, qui ne la quitte pas des yeux. Mais malgré leur présence, elle ressent un immense vide à l’intérieur. Alyaah apportait de la joie partout où elle allait. « Li ti enn zanfan atiran, bien aktiv ek kan ou trouv li ou bizin pran li. Li ti konn dir mama, tete, dada, so frer. Elle aimait se déhancher au son du séga et elle avait toujours le sourire. Je me rappelle de ses rires lorsqu’on la surnommait Rodriguais », dit la mère, la voix nouée par le chagrin. 

Elle n’entendra jamais plus les  rires et les cris de sa petite Alyaah, étranglée par son compagnon Jean Damien Keny Cade, âgé de 29 ans, le mardi 1er juin dernier. Désormais, elle devra vivre avec cette idée, mais comment faire ?  

Alyaah, qui a été déclarée à l’État civil qu’au moment de sa mort, a vu le jour le 19 mars 2020, durant la première vague de Covid-19. À cette époque-là, Anaëlle était en couple avec Jean Éric Edouard, 30 ans, d’origine rodriguaise, le papa de la petite. Ils vivaient chez un proche à Caroline, Bel-Air.

Ensuite, c’est le drame. Jean Éric Edouard, alias Maxwell, est arrêté le 18 mai de la même année pour le meurtre de Nirmala Jugurnuth, 44 ans, commis le 15 mai dans une quincaillerie à Bel-Air. Denovan Ravaton, son complice et lui sont passés aux aveux. Depuis, il est incarcéré à la prison de Beau-Bassin.

Elle aimait se déhancher au son du séga et elle avait toujours le sourire. Je me rappelle de ses rires lorsqu’on la surnommait Rodriguais »

Du coup, Anaëlle se retrouve seule avec sa fille d’à peine deux mois et son fils, Justin, âgé de 6 ans, jusqu’à l’arrivée de Jean Damien Keny Cader, qui habite à Trou-d’Eau-Douce. « Nous avons un ami en commun qui nous a présenté », explique Anaëlle.  L’homme se montre avenant et finit par lui faire une confidence. « Linn dir mwa linn konn papa mo tifi dan prizon. Linn dir mwa ki Keny inn dir li kan to pe sorti dan prizon zet enn kou dey lor mo de zanfan. Get mo garson koma to garson, get mo tifi koma to zanfan mem. linn dir pran zot kont pou mwa », indique la maman, consciente que son premier compagnon ne sortira pas de sitôt de prison.

Ensuite, quand Kenny lui fait comprendre qu’il compte honorer la promesse faite à Jean Éric Edouard, Anaëlle le croit sur parole. Tous deux emménagent chez un ami, qui accepte de les héberger dans sa modeste bicoque à Montée-Bastille, Trou-d’Eau-Douce, avec les deux enfants d’Anaëlle. 

Mais très vite Jean Damien Keny Cader montre sa vraie nature, celle d’un homme violent envers elle et ses enfants. « Enn zour, linn bwar, linn rantre ek linn komans bat mwa san oken rezon. Mo ti ena baba dan mo lame », se souvient-elle. Toutefois, elle ne s’était pas rendue à la police pour le dénoncer. La maman explique que sa  fille pleurait à chaque fois que Keny la tenait dans ses bras. « Sa seki mo ti pe trouve. aster deryer mo ledo pa kone ki li kapav inn fer ankor. Linn deza tap mo garson, me kan monn demann li kifer linn fer sa, linn dir mwa exkiz li, li pa pou fer ankor », ajoute-t-elle.