Le parti du Premier ministre Narendra Modi s'acheminait triomphalement ce jeudi vers un deuxième mandat à la tête de l'Inde, cimentant la suprématie des nationalistes hindous sur le paysage politique et sociétal du géant d'Asie du Sud.
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À 17H30 locales (12H00 GMT), le dépouillement des gigantesques élections législatives donnait le BJP vainqueur ou en tête dans 303 circonscriptions, sur 542 sièges de députés à la chambre basse du Parlement, d'après le site de la commission électorale.
Selon ces résultats encore provisoires, l'hémicycle de la Lok Sabha devrait présenter pour les cinq prochaines années une écrasante dominante safran, la couleur des nationalistes hindous. Le BJP devrait même encore y détenir seul la majorité parlementaire de 272 sièges, une situation peu courante dans l'histoire politique du pays, plutôt habitué aux larges coalitions.
Principale formation d'opposition, le Congrès était en route pour remporter seulement 50 circonscriptions, une douche froide pour ce parti clé de la politique indienne depuis l'indépendance en 1947.
Avant même les résultats définitifs, les nationalistes hindous ont d'ores et déjà revendiqué la victoire. «Merci l'Inde ! La foi placée en notre alliance nous pousse à l'humilité et nous donne la force de travailler encre plus dur pour réaliser les aspirations du peuple», a déclaré Narendra Modi sur Twitter, où il est suivi par 47 millions d'abonnés.
Pratiquant une ultra-personnification du pouvoir et doté d'un sens politique redoutable, Narendra Modi, 68 ans, a fait de ces législatives un quasi-référendum sur sa personne. Cet adepte d'une gouvernance par coups d'éclat (bombardement au Pakistan, démonétisation surprise de billets...) a axé sa campagne sur un discours sécuritaire anxiogène, s'érigeant en défenseur de la nation.
«Il a amené le programme nationaliste hindou dans chaque foyer. Il a dit que le pays était en danger à cause du Pakistan et les gens l'ont cru», analyse Hemant Kumar Malviya, professeur de sciences politiques à l'université hindoue de Varanasi.
Au siège du BJP à New Delhi, des militants du parti fêtaient leur triomphe en allumant des pétards et dansant au rythme de tambours. «Le drapeau safran a gagné, l'heure est venue pour la nation hindoue», criait un homme âgé dans un haut-parleur.
«Modi rendra sa grandeur à l'Inde», a déclaré à l'AFP Santosh Joshi, un partisan du BJP, en référence au slogan électoral du président américain Donald Trump, «Make America great again». «Modi est le Premier ministre le plus fort que l'Inde ait jamais eu et aura jamais».
Dans un contraste frappant, les militants ont déserté le quartier-général du parti du Congrès dans l'après-midi. «Modi a menti tout du long et a trompé le pays et ses soutiens», affirmait Dinesh Koushik, un partisan de cette formation.
Des stars de Bollywood aux modestes vendeurs de rue, des agriculteurs de la plaine du Gange aux magnats milliardaires, 67% des 900 millions d'électeurs indiens se sont exprimés pour ces 17e législatives depuis l'indépendance, un niveau de participation normal.
La démocratie la plus peuplée du monde a élu ses députés au cours d'un vote marathon étalé sur six semaines entre avril et mai, le plus grand scrutin jamais organisé dans l'Histoire. Le comptage des voix, enregistrées sur des machines électroniques dans plus d'un million de bureaux de vote, a débuté jeudi à 08H00 locales (02H30 GMT) à travers le pays.
À la télévision, sur internet, sur des affiches dans la rue, le visage orné d'une barbe blanche et barré de fines lunettes de Narendra Modi est une présence constante dans la vie quotidienne des Indiens depuis son arrivée au pouvoir en 2014. Une saturation de l'espace public que l'Inde n'avait plus connue depuis la Première ministre Indira Gandhi, assassinée en 1984.
Le charismatique fils d'un vendeur de thé du Gujarat (ouest) était opposé à une myriade de puissants partis régionaux bien décidés à le faire chuter, ainsi qu'à l'historique parti du Congrès emmené par l'héritier de la dynastie politique des Nehru-Gandhi, Rahul Gandhi.
Si les tendances du dépouillement se concrétisent, le BJP s'apprête une nouvelle fois à infliger au Congrès l'une des pires défaites de son histoire, après l'humiliation de 2014.
Rahul Gandhi reconnu sa propre défaite circonscription familiale d'Amethi (Uttar Pradesh, nord). Il devrait quand même siéger au Parlement car il concourait en parallèle dans une circonscription du Kerala (sud).
«La campagne (du Congrès) a été un désastre et leur existence même est maintenant en question», estime Hartosh Singh Bal, journaliste politique au magazine The Caravan.
De la Chine à Israël en passant par le Japon ou l'Afghanistan, des messages de félicitations de la communauté internationale parvenaient déjà au Premier ministre.
«J'ai hâte de travailler avec lui pour la paix, le progrès et la prospérité en Asie du Sud», a tweeté Imran Khan, le chef de gouvernement pakistanais. L'Inde et le Pakistan ont connu une grave crise au début de l'année, allant jusqu'à des combats aériens entre leurs deux armées au-dessus de la région disputée du Cachemire.
Avec AFP
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