C’est ce vendredi 23 mars, après deux semaines d’affrontement avec le gouvernement qu’Ameenah Gurib-Fakim fera ses adieux à la State House. Si ce départ forcé met fin à une crise constitutionnelle, d’autres divergences au sein du gouvernement pourraient toutefois faire surface.
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L’après Ameenah Gurib-Fakim ne sera pas un long fleuve tranquille. Si la présidente de la République s’est finalement résignée à quitter son poste, la crise constitutionnelle laissera néanmoins des séquelles.
Alors que plusieurs élus du Mouvement socialiste militant (MSM) disent que le gouvernement pourra désormais se tourner vers l’avenir et reprendre en main le développement du pays, d’autres élus se montrent moins optimistes. L’un d’eux s’attend à des divergences autour de la désignation du prochain président.
Il souligne que les noms cités jusqu’à l’heure pour occuper le poste ne viennent pas des rangs du Muvman Liberater (ML). Ahmad Jeewa, Sam Lauthan ou Shirin Aumeeruddy-Cziffra n’ont rien à voir avec le ML. En revanche, ce sont d’anciens ministres qui ont été proches du Mouvement militant mauricien.
Le parti d’Ivan Collendavelloo exigera-t-il du Premier ministre que le prochain locataire du Château du Réduit soit un proche du ML ? La direction du parti ne s’est pas encore prononcée sur la question. Le leader, Ivan Collendavelloo, n’est pas à Maurice. Il rentre au pays dimanche. C’est ensuite que le ML fera connaître sa position. Un dirigeant du parti, contacté jeudi, est catégorique : « Il coule de source que le prochain président doit venir des rangs du ML, tout le monde doit avoir sa part du gâteau. »
Conséquences
Si l’Hôtel du gouvernement se montre discret pour l’instant, des sources proches du pouvoir soulignent que c’est le MSM qui aura son mot à dire sur la question. « Suite à cette crise vécue avec Ameenah Gurib-Fakim, le ML ne devrait pas avoir son mot à dire et gagnerait à faire profil bas », indique-t-on.
La suite des événements sera en tout cas sous le feu des projecteurs. L’historien et observateur politique Jocelyn Chan Low considère que les controverses entourant la présidence ne seront pas sans conséquences. « Le comportement d’Ameenah Gurib-Fakim a jeté un discrédit sur la classe intellectuelle du pays. Les relations entre le MSM et le ML vont se fragiliser. Cette crise diminue le rapport de force du ML sur l’échiquier politique, sans compter le fait que le parti sera perçu comme un boulet que devra traîner Pravind Jugnauth », dit-il.
Jocelyn Chan Low ajoute que ces récentes controverses ont également « discrédité Ivan Collendavelloo qui affiche un comportement bizarre ». L’historien se réfère aux diverses déclarations du no 2 du gouvernement qui a, à plusieurs reprises, fait les éloges d’Ameenah Gurib-Fakim, tout en reconnaissant qu’elle s’est mal comportée. Jocelyn Chan Low estime qu’il ne peut continuer à se comporter de la sorte.
Le feuilleton politique n’est donc pas terminé. Un fort courant au sein du gouvernement soutient qu’il serait préférable de laisser tout ce remue-ménage derrière soi et de se concentrer sur le développement du pays. Désormais, le gouvernement doit coûte que coûte présenter un bilan favorable à la population.
Affaire Sobrinho
Aucune commission d’enquête en vue malgré la pression
L’opposition peut faire pression si elle le souhaite mais il n’y aura pas de commission d’enquête sur l’affaire Alvaro Sobrinho. Sauf si des éléments concrets sont présentés et qu’ils démontrent qu’il y a matière à lancer un juge ou un ex-juge sur la piste d’éventuelles maldonnes. C’est la position adoptée à l’Hôtel du gouvernement. Si des preuves sont mises à jour, la possibilité de mettre sur pied la commission sera considérée. L’opposition veut forcer la main au Premier ministre, Pravind Jugnauth, afin que celui-ci soit contraint de mettre sur pied cette instance pour examiner les tenants et aboutissants de cette affaire.
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