«Soulagé et content. J’espère que ce jugement fera jurisprudence et pourra bénéficier aux policiers blessés dans l’exercice de leurs fonctions », a déclaré Enrico Begue, mercredi. C’était à l’issue d’un dénouement en justice survenu dix ans après un incident qui l’a marqué à vie.
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Âgé de 57 ans, cet ancien policier, contraint à la retraite pour raison médicale, a obtenu un jugement de la Cour suprême lui accordant des dommages de Rs 4,4 millions. Somme que l’État a été condamné à lui verser, dans une décision rendue le 14 septembre 2022 par la juge Rita Teelock.
Contacté par Le Dimanche/L’Hebdo, Enrico Begue explique qu’il a passé 28 ans dans la police. Né de parents rodriguais, il est venu à Maurice très jeune, avant d’intégrer la force policière, plus précisément la National Coast Guard (NCG), en 1986. « J’ai eu l’occasion de suivre des formations dans le domaine de la navigation en France et en Inde », indique-t-il. Du rang de constable, il passera ainsi au grade de caporal.
Il relate avoir travaillé à bord de la majorité des grands bateaux de la NCG, dont le patrouilleur CGS Vigilant. Il s’est vu attribuer les fonctions de responsable de navigation. Cela jusqu’à ce jour fatidique du 13 février 2012.
Il se trouve alors sur le CGS Guardian. Le pays est au lendemain du passage d’un cyclone. Après la levée de l’avertissement de classe 2, l’ordre a été donné de déplacer le navire du Quai B vers un autre endroit, en raison d’un risque de raz-de-marée.
Enrico Begue s’occupe des travaux sur le pont. En empruntant l’escalier, il ressent comme un craquement au coude, suivi d’une terrible douleur. Il tombe à genoux et se rend compte qu’il ne peut plus bouger la main.
La cause : un dispositif métallique en forme de V, faisant partie du navire, utilisé pour canaliser les cordes d’amarrage. En se brisant, cet équipement a heurté le marin, lui occasionnant des blessures au coude et au poignet gauche. Le blessé est transporté à l’hôpital Dr A.G. Jeetoo, à Port-Louis, puis transféré et admis à l’hôpital Victoria, à Candos.
Le 19 février 2013, soit un an après l’accident, le policier est examiné par un panel de médecins. Il est déclaré inapte à exercer son métier de façon définitive. Il est alors mis en congé maladie, en attendant une décision de la Disciplined Forces Service Commission pour qu’il prenne sa retraite pour raison médicale.
« Cela a été très dur pour moi, en tant que sauveteur en mer et passionné de natation et de plongée. J’ai dû revoir mes passe-temps », confie-t-il.
Le 13 février 2014, Enrico Begue saisit la Cour suprême pour réclamer des dommages de Rs 9,6 millions à l’État. Il retient les services de l’avocat Vedakur Rampoortab et de l’avoué Bebakur Rampoortab. Le montant réclamé comprend la couverture de frais médicaux, la perte de salaires, pension, congés de maladie, lump sum, entre autres.
Dans son jugement, la Cour suprême a statué que l’État avait failli à assurer un environnement de travail sûr en ne prenant pas les précautions nécessaires.
Que compte-t-il faire maintenant ? Enrico Begue répond qu’il souhaite « repartir à Rodrigues pour y vivre ». Il dit avoir une pensée pour ses collègues policiers blessés ou encore ceux qui ont péri dans le cadre de leur travail.
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