Quelle a été la contribution du Professeur Basdeo Bissoondoyal à l’histoire sociale, culturelle et politique de Maurice et quelle est sa place dans le panthéon des figures historiques du pays ? Mercredi, au MGI, à la faveur d’une Memorial Lecture 2018 organisée par le ministère des Arts et de la Culture, les participants sont revenus sur le parcours du fondateur du Jan Andolan.
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Mercredi, la présence de lady Sarojni Jugnauth au MGI – absence en revanche remarquée de Pahlad Ramsurrun et d’Yvan Martial, les deux rédacteurs d’Indradhanush, revue consacrée aux grandes figures historiques indiennes à Maurice - n’était pas fortuite. Jeune, elle a assisté et adhéré aux prêches politiques du professeur et, plus tard, le couple Jugnauth a même véhiculé ce dernier, raconte-t-elle. Puis, ce n’est pas rien que c’est sous la bannière de l’IFB qu’Anerood Jugnauth battra un baron du Labour lors d’une élection partielle dans les années 60. Et lorsque lady Jugnauth dira qu’elle a en commun avec le Professeur Bissoondoyal le combat pour la promotion de l’éducation, cela ne peut que confirmer la filiation entre les Bissoondoyal et les Jugnauth. On peut dès lors mieux comprendre l’hostilité qui a toujours prévalu entre sir Seewoosagur et sir Anerood.
De plus, s’il fallait une figure patriarcale à l’indépendance, celle de sir Seewoosagur Ramgoolam s’est imposée sans conteste, mais il fallait bien trouver un titre au Prof Bissoondoyal. Jeudi 30 mai, au Mahatma Gandhi Institute (MGI), cet oubli a été réparé grâce au ministre Prithviraj Roopun, qui a affublé le professeur du titre de Père spirituel de l’indépendance. Est-ce que l’homme au ‘dhoti’, qui a sillonné l’île Maurice de part et d’autre pour enseigner l’hindi et les textes sacrés hindous avait-il en tête l’indépendance de Maurice, seulement possible si les Indo-mauriciens pouvaient écrire leur nom ? « Oui, dira l’ex-vice-président de la République, Raouf Bundhun. Car, grâce à l’enseignement des langues parlées à Maurice, encouragées par le Professeur Bissoondoyal, le nombre d’électeurs passera à quelque 50 000 au scrutin de 1948. »
Est-ce que les frères Bissoondoyal ont-ils été tentés à un moment de s’allier au PMSD ?»
Originaire de Tyack mais établie à l’Allée Mangue, à Port-Louis, la famille comptait deux autres frères, Soogrim et Sookdeo. Basdeo a fait des études supérieures de philosophie et d’hindi en Inde avant de rentrer à Maurice où, imprégné de la philosophie gandhienne, il part sur les routes à la tête de son parti, le Jan Andolan, pour éduquer les masses indiennes, conscient que seule l’éducation leur permettra de s’émanciper de leurs misères sociale, économique et culturelle.
L’érudit de la philosophie hindouiste comprend très vite que seule l’imprégnation de leur mode vie lui permettra de toucher le cœur de ces laboureurs pauvres, laissés sans véritable défenseur, après l’engagement d’Adolphe de Plevitz ou de Manilall Doctor, mais eux étaient des étrangers. Basdeo Bissoondoyal, originaire du Nord, cette partie de l’ile où les barons de l’industrie sucrière font la pluie et le beau temps, comprend mieux leur culture. En traçant cette ligne, il suivra un parcours fléché, nourri par ses lectures du Gita. Mais, si sa faiblesse reste le fait que son action s’enracine dans le milieu rural lequel lui donne sa légitimité, elle sera aussi un puissant ‘bargaining power’ lorsque le Dr Seewoosagur Ramgoolam investira la scène politique mauricienne, fraîchement émoulu d’une université britannique et abonné aux cercles de réflexion fabianiste.
Entre le Ramgoolam, formé en Occident et Basdeo, l’ex-étudiant à Lahore, ce sera le combat pour qui parlera au nom des hindous. Raouf Bundhun fera ressortir, que le locataire de la rue Desforges réfléchira longtemps avant de rejoindre un Labour Party dirigé largement par des Créoles. Mais, plus tard, Seewoosagur Ramgoolam fera usage d’une logique efficace en exploitant les faiblesses personnelles des uns et l’absence de stratégie planifiée des autres et tira partie de la contradiction qui mine les anti-indépendantistes, pour s’ériger en véritable champion de l’indépendance en réussissant à convaincre l’électorat hindou rural mieux que ne l’aient fait les frères Bissoondoyal.
Petit médecin formé au socialisme anglais
Face au ‘cunning – dixit Raouf Bundhun - petit médecin, formé au socialisme anglais, est-ce que les frères Bissoondoyal ont-ils été tentés à un moment de s’allier au PMSD ? Raouf Bundhun, député du Ward 1V en 1967, confie qu’une proposition dans ce sens aurait été faite à Sookdeo Bissoondoyal, leader de l’Independant Forward Bloc, le parti créé par les Bissoondoyal.
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