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La danse de «Mama Difé»

Varsha. Marie. Saleema. Hafiza.

Mamans, elles jouent avec le feu...Varsha, Hafiza, Saleema, Navinia et Marie forment le cercle de femmes « Mama Difé ». Leur mission est d’autonomiser d’autres mères et femmes à trouver leur feu intérieur et à exprimer leur vérité. Avec la cofondatrice de « Mama Difé, Varsha Ramlall Koekemoer, découvrons le « Flow Art ». 

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Présentez- vous ?

Je suis Varsha Ramlall Koekemoer. Je suis architecte d’intérieur. J’ai 32 ans. Je suis maman. Je joue avec le feu. Je suis la co-fondatrice de « Mama Difé ». Je pratique le « Flow Art » depuis 2010.

Qui sont les femmes derrière « Mama Difé » ?

Nous sommes un cercle de femmes, d’artistes et de mères à la recherche de notre autonomisation à travers la créativité, l’expression de soi et la sororité. Ce nom nous a été conféré par notre culture mauricienne authentique. 
« Mama Difé » se traduit littéralement en anglais par « Mother Fire ». L’expression « Mama Difé » en kreol morisien est largement ouverte à des interprétations diverses, ayant des connotations positives et négatives. 
Nous sommes ici pour donner à cet élément magnifique qu’est le feu, sa véritable signification et d’embrasser « Mother Fire », tout comme nous le faisons avec « Mother Earth », car elle enflamme nos cœurs à travers les instruments que nous avons choisis pour pratiquer le « Flow Art ».

Pourquoi avoir choisi comme nom « Mama Difé » ? 

Tout simplement parce que « nou bann mama, nou zwe ar dife » (rires). Cela a un sens parfait, court, simple et direct. Notre mission est d’autonomiser d’autres mères, d’autres femmes à prendre le feu, à trouver leur feu intérieur, à dire leur vérité ! 
Ce sont des valeurs que nous avons reçues de notre prof de « Flow Art », dont le rêve est de voir autant de femmes que possible tournoyer avec le feu sous le même ciel. C’est un rêve collectif énorme que nous réalisons ensemble. 
« Mama Difé » est aussi un cadeau à notre culture mauricienne. C’est rendre à la terre mère qui nous a donné « Mama Difé ». Nous chérissons notre langue maternelle et en sommes très fières. C’est en fait un privilège

Comment avez-vous découvert le « Flow Art » ?

J’ai découvert cette discipline artistique par l’intermédiaire de mon amie Twane, en Afrique du sud. Nous sommes allées une fois à un festival et elle a apporté une paire de « Poi ». Elle a commencé à tournoyer et ses mouvements étaient si gracieux et captivants. C’était comme regarder un oiseau en plein vol, dans son élément, en pleine harmonie. 
J’ai aimé la façon dont les « Poi » créaient des formes géométriques dans l’espace. J’étais curieuse des mouvements. Cela n’avait rien à voir avec le feu. Je voulais comprendre ce qui captive une personne dans cet état et la réponse est l’état de « flow ».

Expliquez-nous l’état de « flow » ?

C’est un état mental dans lequel une personne est totalement concentrée sur une tâche ou une activité unique. Vous savez quand un guitariste fait son solo et qu'il entre dans un état de transe qui laisse bouche bée ? C’est ça l’état de « flow ». Notamment, être pleinement dans le moment présent. 
Et ne parlons pas de ma réaction quand j’ai découvert que ces objets en forme de cordes pouvaient s’enflammer.(rires).

Parlez-nous du « Flow Art ».

C’est une forme d’art unique qui combine la manipulation d’objets avec d’autres formes d’arts du mouvement tels que la danse, le yoga ou les arts martiaux. Cette catégorie englobe une variété de disciplines qui harmonisent des techniques basées sur les compétences avec l’expression créative pour atteindre un état de conscience du moment présent, connu sous le nom d’état de « flow ».

Quelles sont ses formes les plus courantes ?

Elles incluent le tournoiement de « Poi » et de bâton, mais aussi le Hula Hoop, la jonglerie et la manipulation de sphères. Ou encore le contact, la danse avec éventails, le diabolo de feu, le bâton de lévitation, les bougies à main, etc. De nouveaux accessoires et formes d’expression émergent constamment alors que les artistes du « Flow Art » repoussent les limites et se mêlent aux arts martiaux, au yoga, au cirque, à la danse du ventre et au-delà.

Qu’en est-il du « Fire Twirling » ?

C’est une danse virevoltante consistant en un ensemble d’arts de la performance ou de compétences qui impliquent la manipulation du feu à l’aide d’accessoires ou d’équipements enflammés ainsi que d’objets conçus avec une ou plusieurs mèches, capables de maintenir une flamme suffisamment grande pour créer un effet visuel.

N’avez-vous pas peur de vous brûler en jouant avec le feu ? 

On dit que la peur est une réaction. Je pense que ma motivation et mon excitation à le faire supassent ma peur.

Qui peut pratiquer le « Flow Art » ?

Cet art appartient à tout le monde. Comme le dit Bob Marley : « Emancipate yourselves from mental slavery, none but ourselves can free our minds (…) ». Donc, tout le monde peut le pratiquer. Il suffit de surmonter ses peurs. J’ai vu un gars en fauteuil roulant jongler avec le feu mieux que nous tous, donc la limite est là où vous la fixez.

Combien de temps faut-il pour maîtriser cette discipline ? 

Je dirais aussi longtemps que cela prendra. C’est un voyage à vie. On devrait en profiter et faire confiance au processus. C’est comme la musique. Vous pouvez toujours créer de nouvelles compositions, de nouveaux rythmes, de nouvelles formes. Les possibilités sont infinies et vous vous améliorez toujours.

Quels sont ses défis ?

Les blessures à l’épaule et au cou. Je dirais aussi que parfois, c’est le manque de motivation ou de temps. De plus, les accessoires sont très chers.

Pouvez-vous décrire la préparation avant une performance ? 

Le plus important, c’est d’avoir un bon état d’esprit. Il faut aborder le feu avec un esprit préparé et une mentalité positive.

Quelle est la performance la plus mémorable que vous ayez faite ?

C’est la célébration des 20 ans de l’École Paul & Virginie à Tamarin, parce que c’était comme si nous étions des enfants à nouveau, nous produisant à l’école, juste après un spectacle pour enfants. 
Nous nous sentions plus pures, remplies de joie de vivre et nous avons donné le meilleur de nous-mêmes.

Une anecdote inhabituelle liée à votre performance ? 

De manière inhabituelle, nous faisons appel aux éléments pour nous guider, nous protéger avant une performance et nous remercions les éléments après une performance. La gratitude fait tout simplement du bien.

Comment choisissez-vous la musique ou la mise en scène pour vos spectacles ? 

Nous choisissons notre ensemble et notre cadre en fonction des préférences des clients. Nous essayons de le personnaliser autant que possible en adaptant notre musique et nos actes à leurs thèmes. Notre objectif est d’éveiller l’émerveillement chez nos spectateurs et de leur faire vivre une expérience émotionnelle.

Y a-t-il des risques élevés associés au « Flow Art » ?

Jouer avec le feu est simplement dangereux.

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite s’y adonner ? 

Pratiquez d’abord sans feu. Le mouvement est l’élément le plus important. Et n’abandonnez pas, même si vous vous frappez le visage cent fois !

Quelles erreurs courantes devraient être évitées par les débutants ? 

Outre de faire l’impasse sur les échauffements, les étirements avant la pratique sont souvent omis. C’est la principale raison des blessures.

Comment voyez-vous le rôle du « Flow Art » dans la culture contemporaine ? 

Le rôle du « Flow Art » sera toujours d’entraîner et de fasciner. Cet art a toujours été associé aux festivals de musique et aux événements. Mais je pense que son côté plus thérapeutique pourrait prendre le dessus si les gens sont éduqués par rapport à cet art.

Quels en sont ses bienfaits pour la santé ?  

Le « Flow Art » a de nombreux bienfaits pour la santé. Comme c’est un art du mouvement basé sur les compétences, cela amène naturellement une plus grande conscience de notre corps alors que nous utilisons nos muscles pour contrôler les accessoires, notamment à travers l’espace, et pour danser avec les accessoires en s’engageant dans une forme d’exercice amusante. 
Beaucoup de grands artistes du « Flow Art » ont atteint de meilleurs niveaux de forme physique. Ils sont même motivés à faire des exercices supplémentaires de renforcement musculaire et de flexibilité pour simplement mieux exécuter leur art. 
Si cet art décolle comme cela a été le cas pour le yoga, je crois que nous pouvons créer une communauté de « Flow Art » vraiment forte et créative ici, à Maurice.

Le « Flow Art » a une dimension artistique ou symbolique particulière ? 

Le « Flow Art » a toujours occupé une place prépondérante dans de nombreuses cultures depuis des milliers d’années, remontant aux danses cérémonielles polynésiennes. La plupart d’entre elles étaient ensorcelées. 
L’état de « flow » est une montée en puissance que je recherche. C’est un état mental d’une clarté exceptionnelle qui s’accompagne de vagues de concentration. Il est rare d’y accéder et je le rate souvent d’un rien. 

C’est béatifiant et cela me fait penser que cet état d’esprit doit être un niveau de conscience supérieur, comme être hyper attentif tout en étant à l’aise avec cette hyper attention. C’est comme si vous étiez conscient dans une dimension supérieure, votre corps danse simplement avec aisance au son du feu. Les mots me manquent ici parce que certains états ne peuvent pas être mis en mots. Ils ne peuvent que s’expérimenter. Et ce qui est beau dans tout cela, c’est que chacun le vit différemment.

Qu’en est-il de la transmission du savoir-faire de « Mama Difé » aux autres ?

Nous croyons en la préservation et en la transmission du savoir aux générations futures. Le but de la vie est de trouver notre don et le sens de la vie est de le donner. Notre don, c’est notre feu et nous le transmettrons pour que d’autres puissent également l’utiliser comme un outil thérapeutique et méditatif, ou de toute autre manière dont l’art peut leur être bénéfique.

Parlez-nous des activités de « Mama Difé ».

Notre activité principale en tant que mères est de prendre soin de nos enfants. Deuxièmement, nous organisons des cercles de feu. Nous aimons nous rencontrer et nous asseoir autour d’un feu de joie en sirotant du thé. Mais aussi, nous nous autonomisons et créons un espace pour chacune d’entre nous en racontant nos histoires de vie. Et cela se termine souvent par une danse de feu libératrice et relaxante autour de notre feu de joie. Nous nous produisons également lors d’événements et d'occasions spéciales.

Vous organisez des événements ?

Nous organisons deux événements éducatifs en novembre : un atelier de 
« Poi » et une retraite de trois jours sur les arts du « flow » avec deux instructeurs qui sont des artistes internationaux. Ils vont nous aider à perfectionner notre art et permettre à de nouvelles personnes, de découvrir le « Flow Art ». Ces incroyables artistes se produiront également en direct lors de notre spectacle à l’occasion de la fête de Divali. Une fois, nos événements mis en ligne, plus de détails seront disponibles sur notre page Facebook Mama Difé.

À part le « Flow Art », quelles sont vos autres passions ? 

La musique, les plantes, les arts martiaux, la psychologie, le mouvement comme méditation et l’art.
 
Un conseil pour nous aider à mieux trouver notre feu intérieur (rires) ?

Nous avons reçu ce corps, qui ressemble à celui d’un singe, pour une raison. Il est fait pour bouger, avec ou sans objets enflammés. C’est un moyen d’exprimer notre feu intérieur. N’oubliez pas, la danse est la solution.

 

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