La Banque centrale en phase de transition

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Si la nomination de Yandraduth Googoolye au poste de gouverneur de la Banque centrale est justifiée, au vu de ses compétences, des zones d’ombre persistent sur le non-renouvellement du contrat de Ramesh Basant Roi. Qu’en est-il ?

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« An air of change of guards at the BoM has been wafting out from the halls of power since March this year ». Cette phrase extraite des commentaires du gouverneur sortant (voir plus loin) sur son remplacement résume l’étendue des tractations et discussions ayant abouti à des changements majeurs à la tête de la Banque de Maurice.

Ces changements sont en trois volets : la nomination de Yandraduth Googoolye au poste suprême, l’arrivée de Renganaden Padayachy en tant que First Deputy Governor et la confirmation de Mahendra Vikramdass Punchoo au poste de Second Deputy Governor. Leur contrat est de trois ans. Les deux premiers nommés assument déjà leurs positions en une capacité de Designate pour assurer une transition sans heurt jusqu’à ce qu’ils entrent en fonction officielle le 15 janvier 2018.

Le point sur la fonction de gouverneur de la Banque centrale où le titulaire est l’homme le plus seul au monde, mais qui ne peut travailler en isolation de l’économie.

Yandraduth Googoolye est très rigoureux et discipliné, une approche qui a aidé à sa progression dans la hiérarchie de la Banque centrale, depuis 1985. Discret de nature, certains disent qu’il est peu causant. Il est considéré comme un gentleman, avec un sens de l’humour particulier. Ses 32 ans d’expérience ont fait de lui un candidat valable pour devenir le numéro un du régulateur bancaire.

Né en 1954 et comptable de formation, Yandraduth Googoolye a été First Deputy Governor depuis juillet 2006. Pendant onze ans, il a travaillé dans l’ombre de ses prédécesseurs, Ramesh Basant Roi et Rundheersing Bheenick. Sa nomination est pour beaucoup une juste récompense. Mais avant d’en arriver là, beaucoup d’interrogations ont plané sur le renouvellement du contrat de Ramesh Basant Roi. Avec Pravind Jugnauth comme Premier ministre, depuis le début de l’année, l’attention a été sur ses relations avec le présent gouverneur, avec qui il a travaillé entre 2003 et 2005 quand il fut ministre des Finances pour la première fois.

Sont-ils sur la même longueur d’onde par rapport à l’économie ? Y a-t-il des dossiers qui ont été mal gérés ou des annonces qui ne soient pas au goût du nouveau locataire au Bâtiment du Trésor ? À ces questions, certains avancent que l’entourage de Pravind Jugnauth ne s’entend pas avec Ramesh Basant Roi.

L’intransigeance de ce dernier sur des points spécifiques a fait de lui un maillon faible dans la réalisation du projet économique du présent gouvernement. Donc, il fallait trouver un nouveau titulaire qui, tout en ayant les compétences requises, soit plus à l’écoute. Il est souhaitable aussi que la politique monétaire s’harmonise davantage avec la politique fiscale.

Au mois d’août, il était évident que les discussions dans l’ombre ont mené à une liste de noms. Renganaden Padayachy – déjà présent sur le conseil d’administration - est cité pour être Deputy Governor. Cet économiste, connu pour son franc-parler et ses idées précises, est alors directeur de la cellule d’analyse économique au sein de la Mauritius Chamber of Commerce and Industry. On lui doit la création d’un indicateur de confiance pour le pays. En septembre, il se joint au comité sur la politique monétaire de la Banque centrale.

De son côté, Ramesh Basant Roi s’est toujours abstenu de commenter publiquement ces tractations, affirmant que la prérogative de nommer le gouverneur revient au Premier ministre. Mais au fond, voulait-il réellement le renouvellement de son mandat ? À 72 ans, une riche carrière au sein de la Banque centrale, il avait déjà défini ses priorités : famille et poursuivre sa carrière en tant que professeur à l’université.

Son discours au dîner annuel de la Banque centrale est considéré comme un au revoir, un adieu, après avoir aidé à la création de l’offshore mauricien, l’élimination du contrôle sur le taux de change et la gestion de l’image du pays dans le sillage de l’affaire BAI et l’ouverture d’un musée et d’un centre dédié à la formation financière…

 

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