Elle a tiré sa révérence en tant que juge le 26 août, à trois jours de ses 67 ans. Shaheda Peeroo a été le no 3 de la Cour suprême. Connue pour son style très « british », elle est une figure très respectée de la profession légale, tout comme son époux et ses fils. Retour sur son éloquent parcours.
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Son objectif a toujours été d’« administrer et de rendre justice ». Shaheda Peeroo compte aujourd’hui plus de 42 ans de carrière dans la profession légale. Elle a d’ailleurs débuté en tant que «Registrar à la Haute Cour de Londres, en Angleterre. Elle y rencontre également celui qui deviendra son époux, Abdool Razack Peeroo, Senior Counsel et ancien ministre de la Justice. Le couple se marie au pays de Sa Majesté en 1974 et aura deux fils, Assad et Jamsheed, qui sont également avocats. Les Peeroo sont l’une des rares familles où tous exercent dans le giron légal.
À son retour à Maurice, trois ans après son mariage, Shaheda Peeroo rejoint le parquet. Elle y travaillera pendant cinq ans, gravissant un à un les échelons. En 1982, elle a été à la magistrature. Elle siégera ensuite successivement en cour intermédiaire et en cour industrielle où elle est présidente. Puis, elle a occupé le poste de Deputy Master and Registrar, Master and Registrar et de juge de « Bankruptcy ». C’est en 1996 qu’elle deviendra juge de la Cour suprême, poste qu’elle occupera durant ces vingt dernières années.
Très croyante, Shaheda Peeroo a été appelée, durant sa carrière, à assurer la suppléance au poste Senior Puisne Judge et celui de chef juge. Elle a représenté la Cour suprême dans plusieurs conférences internationales et a participé activement à des débats sur la Constitution, les Human Rights and l’International Arbitration. Elle était, d’ailleurs, la plus ancienne des juges désignés de la Cour suprême pour les « International Arbitration Matters ». Elle avait prononcé la sentence arbitrale dans l’affaire de Cruz City vs Unitech. Suite à cela, elle a été nominée par la Global Arbitration Review en 2014.
La juge est membre de l’Ad-hoc Administrative Tribunal de l’Union africaine en Addis Abéba. Par ailleurs, Geoffrey Robertson, Queen’s Counsel, un légiste britannique expert des droits humains, a déjà lors d’une causerie citée l’un des jugements de Shaheda Peeroo. C’était l’affaire Rishinand Roy Dookhony, qui état alors le Secrétaire Permanent au ministère des Coopératives. Ce dernier avait poursuivi au civil La Sentinelle Ltd et l’ancien rédacteur en chef, Jean Claude de l’Estrac pour diffamation en réclamant des dommages de Rs 10 millions.
Ce jugement était axé sur la liberté d’expression et de la presse. Après avoir analysé les faits, elle avait conclu qu’il n’y a aucune faute et négligence de la part du groupe de presse. La légiste a aussi siégé dans d’autres importantes affaires, notamment dans le cadre du viol et du meurtre de la petite Marie Anita Konsita Jolita, âgée de 2 ans et demi lorsqu’elle est décédée le 3 juillet 2005. La juge Peeroo avait condamné son meurtrier à 40 ans de prison.
Le 23 juillet 2015, elle avait aussi acquitté deux ex-journalistes de Radio Plus, Deven Anacootee et Irfaad Olitte, dans l’affaire Kalimaye de Saint-Paul. Ces derniers avaient été reconnus coupables, par le tribunal de Curepipe, pour avoir pénétré dans une « protected property ». Dans leur jugement, les juges Shaheda Peeroo et Abdul Razack Hajee Abdoula ont constaté que les preuves ont démontré que la superficie déclarée comme étant une zone protégée a été délimitée sur le papier, mais pas sur place comme prescrit par la loi (…).
Bien que prenant sa retraite du judiciaire, Shaheda Peeroo ne compte pas s’arrêter là en tant que légiste…
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