Magazine

Journée mondiale : à la mode du recyclage 

Publicité

Triez, recyclez et habillez ! La mode et le textile se soumettent au recyclage. Cinq designers créent des pièces à partir de matières recyclées et/ou recyclables, contribuant ainsi à l’élimination de la « fashion pollution ». La Journée mondiale du recyclage a eu lieu le jeudi 15 novembre.

Gillian Dabbadie : donner une deuxième vie au papier

Quelques modèles réalisés pour les événements du collège, où il travaille comme « School Attendant ».
Quelques modèles réalisés pour les événements du collège, où il travaille comme « School Attendant ».

Gillian Dabbadie a 26 ans et du talent à revendre. Et pourtant, il n’en est encore qu’à ses débuts et rêve de voir défiler ses créations sur les rampes.

Ce jeune homme, qui incarne la simplicité, réalise des tenues originales avec de matériaux inattendus : vieux journaux, plastiques poubelle, papier crépon... Son amour pour l’art lui vient de son enfance. Il s’amusait à redessiner des personnages de dessins animés. Sa mère, couturière, lui apprend les rouages du métier. « Je ne disais pas à mes camarades de classe que je savais coudre », dit-il.

Le talent qui sommeillait en lui ne demandait qu’à prendre vie. Le jeune homme, qui travaille depuis cinq ans dans un collège, se voit offrir la possibilité de créer une tenue. Ce qui était seulement pour le fun devint une création originale en papier crépon et mousseline, portée lors d’un défilé du collège à l’occasion d’une fête de l’anniversaire de l’Indépendance. Avec quelques épingles, de l’adhésif, des agrafes et du papier, il crée des œuvres uniques en leur genre. À première vue, difficile de distinguer la matière de ses créations. Ce qui fut un essai impressionna plus d’un.

« Les encouragements de mes collègues et des amis me donnèrent envie de continuer à créer. Comme les tissus coûtaient cher, cela m’arrangeait de pouvoir réaliser des vêtements dans des matières plus accessibles et surtout écologiques, économiques et artistiques. »

Gillian Dabbadie s’inspire des créations de stylistes internationaux, qu’il suit sur Instagram. Aujourd’hui, il a gagné en assurance et croit en ses créations. D’ailleurs, dès que l’occasion se présente, il réalise des croquis. « Je dessine en ce moment des croquis pour des robes de mariée, que j’espère pouvoir présenter pour les 70 ans du collège », confie-t-il.

Gillian Dabbadie crée des robes de soirée à partir de papier ou même de sac-poubelle en plastique.
Gillian Dabbadie crée des robes de soirée à partir de papier ou même de sac-poubelle en plastique.

Alicia Rountree : le top model se met dans le bain

Alicia Rountree

Alicia

La Mauricienne Alicia Rountree pose pour de grandes marques à travers le monde. Elle fait le va-et-vient entre New York, aux États-Unis, et Maurice. Le jeudi 15 novembre, elle a lancé sa marque : Alicia Swim. La première collection a pour thème : La Mauricienne. Cette marque propose des bikinis, des kimonos et des turbans fabriqués localement à partir de l’Econyl.

« Il s’agit d’un fil en nylon 100 % recyclé et recyclable. Il est fabriqué à partir de filets de pêche et d’autres déchets. Je l’achète dans une usine en Italie. Le procédé est respectueux de l’environnement, utilise moins d’eau dans la production et limite le gaspillage », explique-t-elle. Elle confie qu’elle est végétarienne et écolo depuis huit ans. Elle trouve que les gens sont de plus en plus nombreux à adopter un style de vie écologique. 

Elle avance que l’emballage et l’étiquette respectent aussi l’environnement, car elle a banni l’utilisation du plastique. Elle privilégie le papier ou le carton recyclés. D’ailleurs, elle réalise elle-même ses imprimés avant d’envoyer un croquis en Italie. Alicia s’est inspirée des coquillages et des vagues, ainsi que de trois couleurs du drapeau national. La couleur jaune composera une collection en 2019. Elle est disponible dans les hôtels Kuky, à Grand-Baie, et S’mall & Chic, à Curepipe.

Alicia Rountree signe sa première collection  « La Mauricienne », issue de sa marque Alicia Swim.
Alicia Rountree signe sa première collection 
« La Mauricienne », issue de sa marque Alicia Swim.

Khandini Rajmun Goraya, conseillère en image et fondatrice de The Minimalist.
Khandini Rajmun Goraya, conseillère en image et fondatrice de The Minimalist.

The Minimalist : recycler pour la bonne cause

Réduire, rapiéceter, recycler et faire don. Voilà le concept mis sur pied par The Minimalist. Son objectif : combattre la fashion pollution à Maurice. L’idée suscitée par Khandini Rajmun Goraya, conseillère en image et fondatrice de The Minimalist, était de promouvoir le minimalisme dans la mode et la réduction du gaspillage des vêtements à travers le Clothing Drive Project.

« Seuls 20 % des vêtements d’une garde-robe trop remplie sont portés », indique-t-elle. Une réalité troublante et réelle. « Nous ne pouvons contrôler ce qui est produit ou vendu, mais nous pouvons certainement contrôler ce que nous achetons », fait-elle remarquer. The Minimalist sensibilise pour une bonne cause, contre la fashion pollution. 

À travers sa campagne, The Minimalist réduit les déchets vestimentaires et recycle pour faire don aux démunis, tout en protégeant l’environnement. « Chaque t-shirt raconte une histoire. L’industrie du textile et de la mode est aujourd’hui une des industries les plus polluantes et l’engouement pour la “Fast Fashion” laisse une empreinte silencieuse sur l’environnement. Les processus impliqués dans la création d’un vêtement et son cycle de vie consomment beaucoup d’énergie, endommagent nos ressources naturelles, contribuent à la pollution de l’eau, au gaspillage et utilisent des produits chimiques toxiques qui sont absorbés dans le sol. Nous portons tous des vêtements et nous sommes également responsables de cette industrie polluante », fait-elle observer. D’ailleurs, elle invite les Mauriciens à devenir des consommateurs responsables.

Les deux premières campagnes Clothing Drive ont été un succès.
Les deux premières campagnes Clothing Drive ont été un succès.

C’est tout un processus qui est mis en place. « Les piles de vêtements sont triées par sexe, taille et état. Les vêtements en bon état sont stockés et emballés pour les dons directement. Les vêtements avec des défauts mineurs sont réparés ou recyclés. Le recyclage est un processus créatif qui peut sembler facile, mais qui ne l’est pas. Il est fastidieux, car il implique de redonner vie à un vêtement existant. »

Deux vêtements sont choisis et adaptés à une nouvelle coupe, silhouette ou style, tout en masquant ou en éliminant les zones à problèmes. Un t-shirt en un shrugcolor block peut devenir une robe ou une chemise d’homme un haut off-shoulder pour dames. « Il s’agit de faire revivre des vêtements usés. » Les déchets de tissu sont réutilisés dans des vêtements recréés ou sont simplement transformés en produits de nettoyage, comme des torchons.
La première édition du Clothing Drive a eu lieu en avril 2018. 1 385 vêtements ont été rassemblés, 703,6 km sur plus de 20 régions et réunissant plus de 25 contributeurs. Les dons ont été faits à des familles dans le besoin et à des SDF à Port-Louis.

The Minimalist réduit les déchets vestimentaires et recycle pour faire don aux démunis.
The Minimalist réduit les déchets vestimentaires et recycle pour faire don aux démunis.

La deuxième édition du projet a eu lieu en juillet en collaboration avec L’Entrepôt by Beachcomber. 458 vêtements ont été collectés auprès de treize contributeurs généreux. Des universitaires ont participé à la conception et au recyclage de vêtements. L’édition 2018 est prévue en novembre et en décembre et coïncidera avec la Noël.


Priya Radha a combiné ses deux amours.
Priya Radha a combiné ses deux amours. 

Priya Radha : de fil en création

En 2016, elle a suivi son instinct. Priya Radha a fusionné son talent de créatrice à son amour pour l’environnement. Elle élabore des vêtements à partir de déchets textiles. Cette ancienne étudiante du Fashion and Design Institute et de l’université de Technologie de Maurice a puisé son inspiration dans l’habitat des oiseaux. Tel un oiseau qui fait son nid, elle récupère des fils non utilisés ou qui pendent autour des habits.
« Pourquoi jeter quand on peut les réutiliser », demande-t-elle. Ils forment ainsi une matière permettant à Priya Radha de créer ses pièces vestimentaires. Elle joue avec les couleurs, les motifs et les textures. Sa première collection Instinct voit ainsi le jour.

Du patchwork pour élaborer une pochette.
Du patchwork pour élaborer une pochette.
Des fils pour en faire du tissu.
Des fils pour en faire du tissu. 

Un an après, elle est contactée par le comité organisateur de Miss Eco. Une de ses pièces est portée par la Miss Eco International Mauritius, Elisa Rosse, en Égypte. « La mode n’est pas uniquement de suivre et d’adopter les dernières tendances. Il faut aussi respecter l’environnement. Le recyclage est un outil permettant de lutter contre les matières nocives pour la planète et de lutter contre le gaspillage », dit la designer. 

Elle note que les Mauriciens ne sont pas nombreux à s’intéresser à la mode durable. « Cela vient lentement, mais surement. En tant que designers responsables, nous faisons le premier pas. Les consommateurs ne vont pas tarder à s’approprier de nouvelles habitudes », estime-t-elle.
Priya Radha ajoute que certaines pièces peuvent frôler l’extravagance. Mais si les matières et le style sont bien choisis, les vêtements, élaborés à partir des matières recyclables, peuvent être portés tous les jours.

« Nous pouvons aussi créer un nouveau tissu à partir de tissus usés ou rejetés. Nous faisons un patchwork, ce qui est très à la mode en ce moment. Le patchwork représente une mosaïque de couleurs et de motifs. J’ai confectionné des pochettes à l’aide de cette technique », dit-elle. Elle se souvient d’une amie qui lui avait commandé une de ses robes Instinct pour une fête de fin d’année. 


Maïté Begue : créer à l’ombre des parasols

Maïté Begue, 62 ans, est une amoureuse de la nature. Elle fait de son mieux pour la préserver. Depuis trois ans, cette designer crée des objets et des vêtements à partir de matières recyclables. Cela fait dix ans que cette Mauricienne vit à Rodrigues, après avoir travaillé pour de grands couturiers en France. 

Tout commence avec l’interdiction de la vente et de l’utilisation des sacs en plastique à Rodrigues. « Je participais à une foire et je ne pouvais placer les produits dans des sacs en plastique. J’ai alors ramassé des boîtes de jus et de lait pour en faire des sacs. Cela a fait rire les visiteurs, mais j’ai réussi à planter une graine de surprise et d’innovation en eux », raconte-t-elle.

Elle a ensuite conçu le costume de Miss Rodrigues, il y a deux ans, à partir de tissu récupéré d’un parasol usé. Un jour, une école a fait appel à Maïté Begue pour réaliser des costumes pour les enfants participant au carnaval de l’environnement. Elle a réutilisé le textile recouvrant les tiges du parasol.

À travers Sea of Perle of Rodrigues Multipurpose Society Ltd, elle achète des parasols vieux ou abimés à Rs 15 l’unité. « Au lieu que les gens s’en débarrassent dans la nature, je les invite à me les vendre », dit-elle. Depuis peu, elle fabrique aussi des bijoux avec des tirettes de cannettes. 

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !