Le chien est un animal domestique très présent dans les foyers mauriciens. Ce lundi 26 août, le monde célèbre les toutous. Intelligent, loyal, affectueux figurent parmi leurs qualités. Leurs maîtres prennent grand soin d’eux et ils ont droit au toilettage, à un check-up médical régulier, à des jouets et même des fêtes d’anniversaire.
Une atmosphère sereine règne à Le Kennel pourtant situé à quelques mètres du marché de Quatre-Bornes. Le parfum dégagé par un diffuseur d’huile essentielle apaise davantage l’ambiance. Un jeune toutou aux poils blancs se laisse bercer par ses maîtres. À l’autre bout de la pièce, un griffon se fait remarquer en aboyant. Des vêtements, des accessoires pratiques et des jouets sont, entre autres, suspendus sur les murs de Le Kennel.
Après avoir administré un vaccin à un des toutous, le Dr Radhakrishna Veerapa raconte qu’auparavant le chien servait principalement de guide, d’assistance ou pour la chasse. Puis, il est devenu un animal de compagnie. « Les maîtres donc prennent soin de leur toutou comme s’il était un enfant. Il faut veiller sur sa santé et son bien-être », dit-il.
Selon lui, à Maurice, les vêtements pour chien sont utilisés principalement pour le garder au chaud, même s’il a un système thermorégulateur bien développé. « Puis, ces habits étaient utilisés pour des chiens participant à des spectacles comme au cirque. Au fil du temps, les vêtements sont devenus de véritables accessoires de mode. Les maîtres habillent leur toutou pour assister à une cérémonie de mariage par exemple. Le but est surtout de le rendre plus beau. Certains vont en profiter pour frimer, quand ils s’affichent avec leur chien vêtu de beaux habits », indique le vétérinaire.
Il fait ressortir que pendant la Coupe du monde de football 2018, Le Kennel a proposé des « jerseys » en mode débardeur portant le nom d’un pays. Certains sont toujours disponibles. « Le maître et son chien portent de ce fait des t-shirts assortis pour encourager l’équipe de football préféré du premier. » Il fait toutefois ressortir que les vêtements sont plus prisés par les étrangers qui sont de passage à Maurice.
Dans la collection vestimentaire, on trouve des « jerseys », des jupes, des t-shirts, des salopettes et des imperméables, entre autres. Des casquettes, des cravates, des nœuds de papillon et des barrettes sont aussi proposés. Le prix commence à partir de Rs 400. « Ce sont souvent les chiots ou les chiens de petite taille qui sont habillés », dit le vétérinaire. Il y a aussi des colliers, étrangleurs, des coussins, des jouets et des shampooings.
Radha Anamalay : « Mes toutous sont précieux comme des fleurs »
Depuis 20 ans, Radha Anamalay organise l’anniversaire de ses chiens. Une grande fête est organisée le 25 décembre, la date de naissance de Boubou Blanche. « Une tente verte est installée dans la cour. Des chaises et une table décorée y sont également placées. Puis, la maison est ornée de guirlandes. Les enfants de la région sont invités de même que les préposés de la Mauritius Society for Animal Welfare. L’évènement est photographié. »
Ses yeux pétillent quand elle parle de ses toutous. « Mes toutous sont précieux comme des fleurs. Ils sont mon plus grand amour. » Cette ancienne employée d’une usine de textile raconte que son premier coup de foudre pour les chiens remonte dans sa jeunesse. Elle regardait une série française dans laquelle figurait un griffon. Il répondait au nom de Boubou. « Souvent, je demandais à ma maman et à ma sœur que je m’offrirais un griffon. Je mettais donc de l’argent de côté. » Un jour, elle reçoit en cadeau son premier chien. Elle lui donne le prénom de Bobo. Il a 6 ans.
« Avant le déjeuner, je laissais Bobo sortir pour qu’il fasse ses besoins. Un jour, il a refusé de manger. Le lendemain également, il ne voulait pas s’alimenter. Ce n’était pas dans ses habitudes. Le troisième jour, j’ai ouvert sa gueule et sa langue pendait. Elle était bleue. Cela m’a choqué. J’ai commencé à pleurer. Je n’ai pas eu le temps de le sauver, car quelques heures après il a quitté ce monde. »
Quelques mois plus tard, on lui remet un chiot de trois mois. La sœur de Bobo a donné naissance à Gros Boubou. Elle s’occupe de Gros Boubou comme la prunelle de ses yeux.
« À l’âge de 7 ans, il est tombé malade. Le vétérinaire devait l’opérer en urgence. Cela me peinait de le voir sur la table d’opération. Quelques jours après l’intervention chirurgicale, la plaie s’est rouverte. Le vétérinaire n’était pas libre. J’ai prié de toutes mes forces. Dans la soirée, nous avons pu trouver un vétérinaire à Curepipe. Il a soigné Gros Boubou », relate-t-elle.
Gros Boubou a vécu jusqu’à l’âge de 15 ans. Cette année, il aurait eu 20 ans. Elle a mis au monde Ti Boubou (15 ans), Boubou Bébé (12 ans) et Boubou Blanche (6 ans). « Gros Boubou est né en février, Ti Boubou et Boubou Bébé en septembre et Boubou Blanche en décembre. Chacun avait droit à une fête d’anniversaire. Mais le coût de la vie a augmenté au fil des années. De ce fait, le 25 décembre, le jour de naissance de Boubou Blanche, je célèbre l’anniversaire de mes quatre chiens. Ils aiment manger du gâteau. Ils me redemandent en grattant leur assiette. Mes Boubou représentent toute ma vie. »
Triti Timol de Vétérinaire Mauritius : « Les Mauriciens sont de plus en plus conscients de l’importance de l’hygiène d’un chien »
Comme des êtres humains, nos amis les chiens ont eux aussi besoin d’hygiène et ce n’est pas Triti Timol qui dira le contraire. Elle a lancé Vétérinaire Mauritius il y quatre ans. Au-delà du simple toilettage pour chien, elle a aménagé dans son cabinet un « dog spa ». Un concept international qu’elle a mis en place.
« Nous avons commencé comme une petite entreprise il y a quatre ans et aujourd’hui nous proposons une multitude de services. Du toilettage en passant par le service ambulance et les consultations. » L’essor de cette entreprise, située à Albion, est grandement lié à la prise de conscience des Mauriciens sur l’hygiène de leurs animaux. « Nous sommes passés de trois toilettages par jour à sept. À nos débuts nous avons fait tout un travail de sensibilisation de nos clients sur l’hygiène, aujourd’hui nous recevons très peu de chiens sales. Les gens optent pour le toilettage complet. »
Les premiers pas dans son « dog spa » laissent sans voix. Musique en sourdine, diffuseurs et bougies pour vous mettre dans l’ambiance d’un spa. « C’est une façon de mettre à l’aise le chien et son maître pendant l’attente. Nous leur mettons en confiance. » Un toilettage complet qui dure entre 1 h 30 et 2 h 15 comprend le rasage des poils, la coupe, le nettoyage des ongles, des yeux et des oreilles, un shampooing et un après-shampooing et brushing. « Nous avons des shampooings dermatologiques, poils blancs, poils secs ou antipuces. »
Les clients viennent de loin pour profiter du service que propose le dog spa. À l’instar de Lutchmee Vellien qui vient de Flic-en-Flac chaque mois pour le toilettage de son berger allemand Laika qui a fêté jeudi ses 6 mois. « C’est elle mon bébé et je prends soin d’elle comme un vrai bébé », confie-t-elle. « Laika dort dans notre lit donc, son hygiène est importante. Je l’emmène souvent à la plage donc j’utilise un shampooing sec et je la coiffe tous les jours. Lutchmee nettoie sa chienne à l’aide d’une lingette après qu’elle ait fait ses besoins ». Elle la conduit même au restaurant. « Il y a des restaurants dans des espaces ouverts à Tamarin qui acceptent les chiens », fait-elle observer. À l’occasion de son anniversaire. Elle a offert à Laika une double portion de repas.
Sindy Delia : « Les chiens sont comme les humains »
Sindy Delia est coiffeuse. Cette habitante de Flic-en-Flac possède quatre chiens. Ils sont Louloune (7 ans), Patate (6 ans), Doudougue (4 ans) et Tilamour (3 semaines). « Je m’occupe de mes chiens comme de mes enfants. Ce n’est pas différent. Les toutous demandent de l’attention », explique cette mère de deux fils âgés de 17 et 18 ans. Elle explique qu’elle a hérité son amour pour les chiens de sa mère. Elle a d’ailleurs grandi avec des chiens.
Elle relate qu’auparavant elle résidait à Bambous. Tous les jours, un chiot tout maigre la rendait visite. « Elle était affamée, mais très amicale. Je lui donnais à manger. Un jour, elle est venue nous voir avec le museau tout gonflé. Cela avait l’air d’une infection. Je l’ai conduit chez le vétérinaire. Quelques jours plus tard, j’ai compris qu’elle n’avait pas de maître et je l’ai donc gardé », raconte-t-elle.
Quelque temps après, elle tombe sur Doudougue. « Sa maman venait de la mettre au monde tout comme ses sœurs et frères. Ils étaient sur un terrain en friche. Après quelques jours, il ne restait que Doudougue et sa sœur. Cette dernière a disparu un jour. Doudougue avait un petit bleu sur le ventre. Nous l’avons soigné et depuis elle est avec nous. » Elle a fait la connaissance de Tilamour après que ce dernier ait été victime d’un accident. Il a eu la patte écrasée.
Après chaque visite chez le vétérinaire, Sindy offre un cadeau à ses chiens. Elle les achète aussi des vêtements. « Chaque semaine, ils portent une tenue propre. Les vêtements servent à les garder au chaud et aussi à les rendre beaux. En ce moment, ils portent chacun un t-shirt. »
Quand ils sortent, ils se coiffent d’une casquette. Les femelles portent une jupe. « Les chiens sont comme les humains. Quand je sors, je me munis d’un parasol. Donc, je protège mes toutous en les faisant porter une casquette. »
Lorena Gaus : « Je promène mes dix chiens tous les jours »
Lorena Gaus possède dix chiens et élève 45 autres animaux dans son sanctuaire à Bois-Rouge. Cette femme d’origine suisse est établie à Maurice depuis quinze ans. « J’ai toujours été une grande amoureuse des animaux. En venant m’établir à Maurice, j’ai constaté que de nombreux animaux souffraient. Je n’étais pas habituée à cela. Aussitôt que l’occasion se présentait, elle recueillait des animaux ». Aujourd’hui elle élève dix chiens. « Ce sont principalement des chiens maltraités ou battus à qui nous avons donné une deuxième vie. » Ne pouvant accueillir plus de chiens, elle décide il y a quatre ans avec l’aide d’une amie de fonder l’association All Life Matters Animal Sanctuary. Ce sanctuaire, qui accueille 45 animaux, se veut un refuge.
« Avoir dix chiens c’est un gros travail au quotidien, mais ce sont nos premiers sauvetages et ils méritent d’avoir une deuxième vie. Avec mon mari nous les baladons tous les jours. On en prend cinq chacun et vous devinez bien que les gens nous regardent bizarrement, mais nos chiens sont bien dressés. »
Dix chiens c’est aussi un budget chaque mois. Ils dépensent de Rs 10 000 à Rs 15 000 mensuellement. Chacun de ces chiens a un vécu et une histoire. Parmi eux, un rottweiler sauvé d’un élevage de chien. « Nous l’avons récupéré le crâne ouvert. Il ne pouvait pas marcher. »
Selon elle, lentement, mais sûrement les mentalités commencent à changer. « De plus en plus de jeunes sont sensibles à la maltraitance des animaux. En plus des quinze employés, nous accueillons régulièrement des bénévoles », confie la manager du sanctuaire.
Noémie Barragan : « Ce sont mes gardes du corps »
L’amour de Noémie Barragan pour les animaux est sans frontières. Cette femme de 28 ans élève sept chiens et accueille dans son sanctuaire de vingt arpents une cinquantaine d’animaux. L’arche de Noé comme ses amis l’appellent affectueusement a été installée depuis trois ans. Depuis qu’elle est installée à Maurice, Noémie n’a pas cessé de faire parler d’elle. En effet, on se souvient encore de son sauvetage ultra médiatisé de Dodo le chien brûlé devenu aveugle. Chien brûlé, écrasé, maltraité, ayant la gale, elle les prend tous sous son aile.
« Depuis petite, je préférais parler aux animaux plutôt qu’aux humains. » En connexion avec les animaux, ses chiens la suivent partout. « Ce sont mes gardes du corps. Un animal est beaucoup plus reconnaissant qu’un humain. Ils sont comme mes enfants dont il faut s’occuper. En mon absence, j’ai deux employés de maison qui veillent sur eux. »
Cette jeune femme dédie le plus clair de son temps aux animaux, au détriment parfois de sa vie amoureuse. « J’ai connu beaucoup de séparations amoureuses, car mes animaux prennent tout mon temps. » Avoir sept chiens c’est aussi un énorme entretien. Le matin, elle les nourrit de riz, pâte et croquettes et le soir de croquette, riz et sardines. « Ils sont vermifugés chaque sept mois et nous faisons une cure de sept jours en fonction des analyses de la coprologie. »
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