À l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, plusieurs acteurs locaux du secteur s’expliquent sur les défis de la numérisation.
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Le numérique a pris le pouvoir dans le monde des médias. Alors que le monde célèbre ce mercredi la Journée internationale de la liberté de la presse, la question des défis posés par ce nouveau paradigme reste entière. La monétisation du modèle en ligne figure notamment parmi les principaux problèmes à résoudre. Quelques-uns des acteurs concernés livrent des pistes à explorer dans les prochaines années.
« Chaque groupe doit développer sa stratégie et c’est à chacun de définir son modèle économique, explique Manouraj Gungea, Web Editor au Défi Media Group. Mais il y a certainement des opportunités quand on voit le nombre de fois que nos vidéos sont vues sur le Web. » Le Défi Media Group a son site Web, certes, mais aussi un profil Facebook, Twitter, Instagram et Snapchat. Une présence qui permet une interaction directe avec le lecteur, devenue aujourd’hui incontournable. « Nous avons une grande audience et il faut maintenant voir comment monétiser, poursuit Manouraj Gungea. Il y a le modèle traditionnel des banners, mais, de nos jours, il y a d’autres options comme les vidéos. Le plus important, c’est la formation des ressources humaines. Par les temps qui courent, un journaliste doit être à l’aise sur tous les supports. »
Ces changements posent évidemment un problème à la presse écrite traditionnelle. « Maintenant que le Web apporte toutes les informations en instantané, le journal qui sort le lendemain doit apporter de la valeur ajoutée, surtout dans un monde inondé d’images », souligne Manouraj Gungea. La situation complexe dans laquelle se retrouve la presse traditionnelle fait dire à Rabin Bhujun, fondateur du pure player ION News, que la presse papier est face à ce qui ressemble à une crise existentielle. « Je continue à croire que les deux médias d’avenir sont la radio et le Web, assure ce dernier. La presse papier se retrouve dans une situation où elle doit avoir une présence sur le Web, mais ce faisant, elle encourage les annonceurs à enterrer le papier. Le budget de ces derniers n’est pas décuplable à l’infini et ils finiront par mettre leur argent là où se trouve l’audience. »
Audience sur le web
L’exemple demeure ION News. Même si au cours de ses deux premières années d’existence, ses revenus publicitaires étaient maigres, la troisième année affiche une embellie. Ce qui serait dû au fait que les annonceurs commencent à comprendre que l’audience se trouve désormais sur le Web. « Quand l’annonceur voit qu’on fait 150, 160 ou 180 000 vues par semaine sur Youtube, il comprend qu’il y a là une audience, dont il faut s’occuper », ajoute Rabin Bhujun.
Face à ces défis, les innovations de la presse locale ne sont pas assez coordonnées et réfléchies, selon Christina Chan Meetoo, chargée de cours en journalisme à l’Université de Maurice. « Je crois que les médias vont un peu dans tous les sens, on fait toutes sortes d’expérimentations, déclare-t-elle. Mais même le New York Times est passé par là aussi. À Maurice, on se retrouve comme dans un entre-deux. Nous avons des pure players qui sont en mode publicité traditionnelle avec des bill boards en ligne. On n’exploite pas à fond tout le potentiel du numérique. »
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