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José Lenette : «Nou ti mizerab me nou ti ena manze pou viv»

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José, 76 ans, le septième enfant d’une fratrie de douze, croque la vie à pleines dents avec son épouse, Marie-Line, sa complice. Mais ce n’était pas le cas dans le passé. Il a vécu beaucoup de moments difficiles.

Marie-Line et José partageant leur complicité.
Marie-Line et José partageant leur complicité.

C’est avec une grande émotion qu’il revient sur son passé qui n’a pas toujours été rose. « J’ai vu le jour en 1946 à Trou-d’eau-Douce. Mon père, Edwin Lenette était tailleur et ma mère Willia, femme au foyer. Avant d’aller à l’école, on faisait toutes les tâches ménagères. Je cherchais de la nourriture pour les animaux qu’on nourrissait dans notre cour. Il me fallait aussi apporter de l’eau potable qui n’était pas disponible comme c’est le cas aujourd’hui. On cherchait aussi du bois ou du charbon pour cuisiner, car le gaz ménager n’existait pas à l’époque. L’électricité était un luxe. Nou ti mizerab me nou ti ena manze pou viv. Mes parents travaillaient dans des champs de piment. En guise de salaire, ils recevaient des produits alimentaires pour nous nourrir.

En uniforme militaire, il a droit à la haie d’honneur le jour de son mariage.
En uniforme militaire, il a droit à la haie d’honneur le jour de son mariage.

Le trajet de Trou-d’Eau-Douce Govt. School à la maison était de 6 km. J’étais pieds nus ou mal chaussé. À cette époque, il n’y avait pas de moyen transport. Si le temps était mauvais, il fallait assumer notre responsabilité. Li ti fatigan me ti bizin fer nou travay. » Ce dernier réussit brillamment ses examens de la sixième, aujourd’hui Primary School Achievement Certificate. « J’ai opté pour la petite bourse, mais j’ai échoué. J’ai été pris en charge par ma marraine, Evelyne L’espoir De Costa qui habitait dans la capitale. Elle était enseignante et faisait le va-et-vient de Port-Louis à Trou-D’eau-Douce tous les week-ends. Mon père est décédé après mes études secondaires. Par la suite, j’ai commencé à travailler comme apprenti électricien, mais le cœur n’y était pas ». 

Son rêve devient réalité

José âgé de 18 ans.

José caressait le rêve de devenir policier. L’occasion se présenta en 1968, une année marquée par la bagarre raciale et l’indépendance du pays. Il intègre la force policière. « Petit à petit, j’ai acquis de l’expérience et j’ai fait mon chemin. Durant mes vingt-sept années de carrière dans la police, j’ai été transféré dans divers postes. J’ai aussi rejoint la Riot unit (maintenant Special Supporting Unit). En 1971, je suis allé travailler à Rodrigues durant une année. Le téléphone et la radio étaient quasiment inexistants. On communiquait la plupart du temps avec Maurice par courrier. Il y avait aussi le navire MV Mauritius qui transportait des marchandises ou de la nourriture une fois par mois sur l’île. Le trajet entre les deux îles durait deux jours. Mes parents et ma fiancée m’envoyaient de la nourriture. À Rodrigues, le poisson, la pieuvre (ourite) et le bétail étaient en abondance. Quand le MV Mauritius accostait l’île, c’était la fête. 

José, sa femme Marie-Line et ses petits-enfants : Darren et Frederick.
José, sa femme Marie-Line et ses petits-enfants : Darren et Frederick.

À mon retour au pays, j’ai été muté au poste de police de Bel-Air et en 1974, j’ai intégré la Special Mobile Force. Ensuite, j’ai rejoint le poste de police de Flacq. La même année, le 11 janvier, je me suis marié avec Marie-Line Mathieu à l’église Saint-Esprit, à Bel-Air. Nous avons eu un fils et on vivait dans une maison créole avec une varangue vitrée. Elle a été détruite par le cyclone Claudette en 1979. Je gagnais peu, mais on vivait bien. En 1968, mon premier salaire était de Rs 216 roupies. En 1975, je touchais Rs 274 roupies et je recevais aussi une allocation de Rs 25 pour le loyer. On percevait Rs 25 chaque semaine et c’est quelque chose qu’on n’oublie pas. Durant ma longue carrière dans la force policière, j’ai vécu des expériences extraordinaires qui m’ont marqué à jamais. 

48 ans de vie commune

J’ai gravé les échelons après mes examens dans la police et j’ai été promu au rang de sergent, et par la suite, inspecteur. J’ai pris ma retraite avec un pincement au cœur à 47 ans pour aider mon épouse qui s’était lancée dans la restauration. Animé tous les deux par la même passion pour la gastronomie, on a lancé une table d’hôte. J’ai gardé un pied dans la restauration par amour et pour le plaisir des papilles. J’ai aussi participé aux élections villageoises, malheureusement le succès n’a pas été au rendez-vous. Je suis dans le social. Tout au long de ma vie, j’ai eu la chance d’être soutenu moralement par ma moitié. Le 11 janvier, on a célébré 48 ans de vie commune. Je remercie Dieu de m’avoir accordé une épouse, une amie et une femme formidable ». 

José à Baladirou, à Rodrigues.
José à Baladirou, à Rodrigues.

 

 

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