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Jayen Chellum, secrétaire-général de l’ACIM : «Nous mènerons notre combat en faveur d’un contrôle de prix»

Jayen Chellum

Le secrétaire-général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (ACIM), Jayen Chellum, reconnaît qu’une hausse de prix de certains produits est inévitable au vu de la conjoncture économique actuelle. D’où sa demande pour un contrôle de prix des produits essentiels.

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L’huile comestible a connu une hausse de 10 % à 18,7 %, justifiée par celle du tournesol à 51 % et du soja par 59 %.  Si dans une pareille conjoncture, cette hausse paraît inévitable, est-ce que le taux est justifié ?
Je trouve aberrant que le prix de l’huile comestible n’est pas contrôlé bien que la compagnie Moroil contrôle presque 80 % du marché. C’est une situation de quasi-monopole. Certes, je reconnais que le Managing Director de la compagnie a pris contact avec moi, vendredi dernier, pour m’annoncer qu’il y aura une hausse de prix, mais j’aurais préféré, au nom de la transparence, que le ministère du Commerce soit prévenu bien en avance de toute hausse de prix, afin qu’il puisse travailler sur les données et voir si elle est justifiée ou non.  Cela dit, c’est le ministère qui aurait dû avoir le dernier mot sur le taux de cette hausse de prix. 

L’économie mondiale est sévèrement frappée par la Covid-19 et plusieurs secteurs d’activités sont plus ou moins en arrêt. Dans pareille conjoncture des hausses de prix ne sont-elles pas inévitables ?
Je ne remets pas en question le fait que dans la conjoncture actuelle, la tendance mondiale est à la hausse pour  des produits alimentaires, ce qui  est d’ailleurs confirmé par la Food Agricultural Organisation (FAO).  Mais en tant que représentant d’une association de consommateurs, je dirais qu’il y a hausse et hausse.   Je m’explique : on est dans une économie libéralisée où la règle du jeu serait de laisser jouer la compétition.  Mais peut-on dire qu’il y a vraiment une compétition sur le marché à Maurice ? Pour moi, la réalité est toute autre.  D’un côté, on a des compagnies en situation de monopole qui imposent leurs prix et de l’autre des compagnies importatrices qui ajustent leurs prix légèrement plus bas. S’il y a des hausses contrôlées, ce sera plus supportable pour la population. 

Si des hausses de prix sont inévitables, au lieu de les combattre, n’aurait-il pas été mieux que le gouvernement et les associations des consommateurs trouvent des moyens pour mieux protéger la population ?
Définitivement. Par exemple, je ne cesse de le dire, depuis que les autorités ont libéralisé l’importation du riz basmati, on compte des dizaines de marques sur le marché alors qu’il n’y a que deux pays exportateurs, l’Inde et le Pakistan. Ce qui veut dire que le prix des riz basmati aurait dû être nettement moins cher. On aurait dû exercer un contrôle de prix sur les riz basmati. Cela dit, nous insistons pour qu’il y ait un contrôle de prix sur les produits essentiels. 

Mais, on dit que le contrôle de prix n’est pas productif…
Ce n’est pas une question de productivité ou pas.  D’ailleurs, on n’a pas dit qu’il faut tout contrôler. Les autorités ont revu leur politique de contrôle de prix, car dans le passé, faute de technologie, le ministère du Commerce prenait trop de temps pour fixer les prix sur les produits importés. Ce qui agaçait les importateurs. Mais aujourd’hui, avec les ordinateurs, le travail se fait plus vite. Donc, il n’y a aucune raison pour ne pas imposer le contrôle de prix sur les produits essentiels. L’ACIM mènera une campagne assidue pour la réintroduction du contrôle de prix

Contrairement à Maurice, dans certains pays, une hausse de prix donne lieu à de vives manifestations. Peut-on dire que les consommateurs mauriciens sont victimes de leur passivité ?
C’est triste de le dire, dans leur grande majorité, les Mauriciens ont toujours eu peur de s’exprimer pour une raison ou une autre.

 

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