Mettre en place un comité national de gestion de surveillance et revoir la loi pour développer davantage l’élevage. C’est ce que recommante la secrétaire générale de la Chambre d’Agriculture, Jacqueline Sauzier.
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Depuis que la fièvre aphteuse frappe le bétail, quel est l’impact sur la production de viande de bœuf ?
L’impact ne se situe pas uniquement sur le bœuf, mais sur toutes les productions animales.
« Nous devons, dans un esprit de développement futur, comprendre les enjeux et proposer des solutions. »
Dans une analyse à court terme, je parlerais plutôt de grandes difficultés pour la commercialisation des viandes. Les ventes ont chuté drastiquement, ce qui représente un manque à gagner énorme. Les gens se méfient par manque d’information, ou information mal comprise par le public. Mais à plus long terme, l’impact de cette fièvre aphteuse sera différent, il y aura sûrement un manque de viande rouge sur le marché avec les quelque 1300 - 1400 animaux infectés, abattus et il faudra recréer des cheptels entiers.
Est-ce que cette situation a mené vers une hausse dans la consommation d’autres viandes (cerf, moutons, cabris, etc.) parmi les Mauriciens ?
Alors là, pas du tout ! Il y a amalgame. Les gens se méfient de toutes les viandes rouges. Par exemple, le cerf, qui n’a pas été touché par la maladie, se vend aussi difficilement que le bœuf, le cabri et le mouton qui, eux, ont été infectés dans certaines régions. Un boucher qui vendait normalement par week-end entre 25 et 30 cerfs avant que la maladie n’arrive à Maurice, ne vend que trois cerfs par week-end, même avant que la chasse ne soit reportée. Le public pour compenser se tourne vers le poulet et le poisson.
À quel point les producteurs de viande à Maurice sont-ils affectés ?
Les producteurs de bœufs, cabris et moutons sont très affectés avec la possibilité de ne pouvoir refaire de l’élevage dans la même ferme pendant 2- 3 ans. Par contre, je souhaiterais faire un petit plaidoyer pour le cerf. Dans un élan de protection de notre statut sanitaire national, les chassés ont accepté que la chasse soit suspendue pour éviter que la maladie ne se propage dans les terres sauvages. Mais il est important de faire ressortir que le cerf n’a pas été touché par la maladie et que même si cela avait été le cas, cette maladie affecte très peu les cerfs. Le fait de ne pas chasser causera un débalancement dans le cheptel, trop d’animaux par hectare causant du surpâturage, des dépenses supplémentaires pour nourrir ces animaux, pour entretenir les pâturages en surutilisation et des investissements complémentaires pour remettre en état ces pâturages. Le tout cumulé représente une perte de plus de Rs 80 millions pour uniquement le secteur cervidé.
Au niveau de la Chambre d’Agriculture, que comptez-vous faire pour pallier à ce problème ?
Nous n’avons malheureusement pas de ressources pour aider les producteurs. Mais nous devons, dans un esprit de développement futur, comprendre les enjeux et proposer des solutions pour que cette situation ne se reproduise pas. Nous travaillerons de concert avec les autorités pour mettre en place un comité national de gestion de surveillance et proposerons que certaines législations soient revues pour être plus au fait des développements de l’élevage.
Peut-on attendre à des hausses des prix de viandes dans un futur proche ?
L’avenir nous le dira, mais nous pensons qu’il y aura très prochainement un manque de viande rouge sur le marché et qu’il y aura sûrement quelques protagonistes qui profiteront de cette situation pour augmenter les prix de manière inconsidérée. Mais n’oublions pas que le pays peut toujours importer de la viande rouge en frais ou en surgelé. Il faudra rester vigilant.
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