Endy Godin (42 ans) est un homme aigri et renfermé depuis son agression, le 12 avril 2009, à Plaine-Magnien. Il est devenu borgne et ne peut plus se servir de son bras gauche. Deux de ses assaillants ont écopé chacun de trois mois d’emprisonnement.
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«J’ai perdu l’usage de mon œil et de mon bras gauche. Mes agresseurs s’en sortent avec une peine de trois mois. Je suis extrêmement déçu ? » s’insurge Endy Godin très remonté au cours de notre rencontre, jeudi, à Plaine-Magnien, entouré par son épouse et deux de ses trois filles, âgées de 16 et 11 ans, issues d’un premier mariage.
Ce peintre automobile se dit bouleversé par ce verdict, prononcé le mercredi 19 avril 2017, par la cour intermédiaire. « Comment peut-on leur infliger une peine aussi insignifiante alors que j’aurais pu mourir ce jour-là ? » Noël Mareeo Para (59 ans), un de ses assaillants, répondait d’une accusation d’agression provoquant la perte d’un œil chez Endy Godin. Il a plaidé coupable, tout en arguant que l’accident est survenu alors qu’il tentait d’arracher la victime des griffes de ses agresseurs. Ce que nie Endy Godin.
« C’est lui qui m’a infligé le dernier coup qui a provoqué la perte de mon œil gauche en me lançant ‘bizin touy to mem’. »
«Une mare de sang»
Janvier 2014. Arnaud Baboolall, un autre de ses agresseurs, qui répond de la même accusation, écope d’une peine de trois mois. Il a aussi plaidé coupable devant la cour intermédiaire. « Ce jugement est décevant et il ne décourage pas des gens d’user de la violence », souligne Endy Godin.
Recroquevillé sur une chaise, vêtu d’un débardeur et un short gris, il revient sur son agression. « En 2009, je sortais avec la sœur d’Arnaud. Il était aux alentours de 20 h 30. J’étais parti acheter à manger et je rentrais lorsqu’une voiture s’est arrêtée à ma hauteur. Cinq hommes, dont Noël Mareeo Para et Arnaud Baboolall, se trouvaient à bord alors que les autres m’étaient inconnus. Ils étaient armés de câbles métalliques, de tuyaux en métal et de bouteilles de bière. Ils s’en sont servis pour m’asséner des coups. Je suis tombé sur l’asphalte, mais j’étais conscient. On m’a volé mon téléphone portable, une chaîne en or et un portefeuille contenant la somme de Rs 7 500. Puis ils se sont enfuis me laissant dans une mare de sang. »
Un ami d’Endy Godin, qui se trouvait dans un restaurant à quelques mètres de l’agression, a accouru. « Il était 23 heures et avec l’aide d’autres personnes, il m’a emmené à l’hôpital Jawaharlal Nehru, à Rose-Belle. Puis j’ai transféré d’urgence au Subramania Bharati Eye Hospital à Moka, où j’ai subi une intervention chirurgicale des suites d’une blessure à mon œil gauche qui l’avait perforé. Ensuite, le médecin m’a informé que j’en avais perdu l’usage. J’étais bouleversé, je souffrais énormément. Après l’opération, on m’a de nouveau emmené à l’hôpital Jawaharlal Nehru et le lendemain, vers 11 heures, on m’a opéré car mon bras était gauche était déboîté. »
« Souffrance et déception »
Endy Godin ajoute qu’il a une fille, aujourd’hui âgée de sept ans, avec la sœur d’Arnaud. « On m’a défendu de la voir et d’avoir tout contact avec elle. Pour éviter des ennuis, j’ai dû accepter. J’en suis très triste car c’est ma fille quand même, soutient Endy Godin d’une voix brisée. Dans ma vie, je n’ai eu qu’une contravention et je n’ai jamais eu des démêlés avec la justice ou la police. »
Pour Endy Godin, cette agression est liée à une « vengeance » après une altercation avec le dénommé Arnaud six mois plus tôt. Il est remarié depuis cinq ans. Il dit vivre heureux avec son épouse, mais il ne peut travailler pour subvenir aux besoins de sa famille. « Je touche une pension, mais elle ne suffit pas pour assurer une meilleure éducation à mes enfants car je ne peux leur payer des leçons particulières, afin d’améliorer leur performance à l’école, martèle-t-il. Je dois m’acheter des médicaments pour calmer mes douleurs car je souffre énormément. Parfois, je suis énervé et ne maîtrise pas mes colères. Mon épouse m’aide beaucoup dans ces moments pénibles. Ma vie est pleine de souffrance et de déception. »
Étant un grand bosseur, Endy Godin ne compte que sur son épouse et ses proches pour surmonter cette épreuve qu’il n’arrive pas à oublier. Par ailleurs, il doit suivre des traitements pour soigner ses blessures. « Je prends en permanence des médicaments et j’utilise des gouttes pour mon œil. Les gens me disent ‘ki ariv ou, ou handikape ?’ Cela me révolte de constater les préjudices que j’ai subis après la perte de mon œil gauche, d’autant que c’est très visible. »
Parmi ses grands regrets, Endy Godin souhaitait créer sa propre entreprise, devenir un grand professionnel et compléter la construction de sa maison. Mais ses rêves ont été brisés du jour au lendemain. Même le sport, qu’il aimait tant pratiquer, lui est désormais interdit. Toutefois, il ne compte pas baisser les bras. « Je suis contre ce verdict et je me battrai pour obtenir justice », soutient-il.
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