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IBA Amendment Bill : appel à manifester symboliquement ce vendredi

Dev Sunnasy, l’initiateur de ce mouvement de protestation, a organisé un débat jeudi sur ces amendements à l’IBA Act qui pénalisent les radios privées.

Manifestez citoyens ! C’est l’appel lancé hier par l’ONG Smart Citizen et la Plateforme citoyenne. Leurs représentants ont invité les Mauriciens à exprimer symboliquement, à travers tout le pays, leur désapprobation au projet d’amendement de l’IBA Act qui sera soumis au vote ce vendredi au Parlement.

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La résistance s’organise contre l’IBA Amendment Bill, qui doit être voté à l’Assemblée nationale ce vendredi 26 novembre. L’ONG Smart Citizen et la Plateforme citoyenne ont ainsi tenu une conférence de presse hier, jeudi, au Centre social Marie-
Reine-de-la-Paix, pour exhorter la population à les rejoindre dans leur combat pour empêcher l’adoption de ce projet de loi qui donnera des pouvoirs élargis à l’Independent Broadcasting Authority, l’organisme régulateur des radios privées et de la MBC.

Dev Sunnasy, leader du mouvement 100 % Citoyens, affirme qu’il est important que les Mauriciens comprennent les implications. « Nous sommes contre ce projet de loi. Des Mauriciens ont l’habitude d’intervenir et de donner leur opinion sur différentes plateformes. Ce n’est pas normal que dans un pays démocratique, au lieu de protéger la liberté d’expression, on
vienne avec une loi pour pénaliser des radios, comme par exemple Top FM qui devra renouveler sa licence en décembre
prochain » soutient-il.

Selon lui, c’est la première fois qu’un régulateur aura le droit de supprimer la licence d’un opérateur, qui jusque-là avait le choix de la faire renouveler ou non. Afin de protester contre l’IBA Amendment Bill, présenté en première lecture mardi dernier par le Premier ministre, Dev Sunnasy lance un appel aux citoyens : « Il est extrêmement important que tout le monde prenne conscience car beaucoup de Mauriciens n’ont pas saisi les risques liés à cette loi.

Une manifestation symbolique se tiendra (ce vendredi) dans plusieurs endroits du pays. Nous luttons pour la liberté d’expression. Nous invitons les citoyens, par groupe de 10 au maximum, à manifester dans leur endroit à midi. Que
ce soit devant la poste, devant un poste de police, manifestez symboliquement ! Les députés appelés à voter cette loi doivent
comprendre que la population est contre.Pravind Jugnauth veut faire des radios privées des MBC privées. »

JOUR NOIR POUR LA DÉMOCRATIE

Neena Ramdenee, qui intervenait également, se dit « inquiète ». « La liberté de parole est dans notre Constitution. Or, elle est complètement bafouée. On parle de Black Friday. C’est en effet un jour noir pour notre démocratie car cette loi sera votée étant donné que (le gouvernement) a la majorité. Cette loi est un signe de faiblesse du gouvernement qui essaie de museler les personnes à travers ces amendements. » Elle ajoute que l’urgence n’est pas cette loi mais le traitement des personnes infectées par la Covid-19 et le nombre de morts qui augmente. Comme Dev Sunnasy, elle lance un appel à la manifestation : « Tout le monde, y compris les politiques, les syndicats et les citoyens, doit être sur le chemin pour montrer que nous ne sommes pas contents. »

Autre intervenant, le syndicaliste Narendranath Gopee se dit concerné par « la passivité de la population quand il y a des changements majeurs ». « Il faut manifester contre ce régime qui avance vers la ruine démocratique. Je suis concerné par le sort des travailleurs qui interviennent sur les ondes des radios, généralement pour exprimer leurs frustrations. On prend le chemin du Brésil et de l’Inde qui vont vers l’autocratie », dit-il.

Il déplore qu’on en soit arrivé à ce stade. « La population ne réalise pas qu’une épée de Damoclès plane au-dessus de nos têtes. La balle est dans le camp des travailleurs et de la population. Organisez-vous en petits groupes et démontrez votre méfiance contre ce que fait le gouvernement », poursuit le syndicaliste.

Le militant Ivan Bibi avance que « l’heure est grave ». « Le régime MSM va de l’autocratie à la dictature. Il est carrément une dictature. Le gouvernement essaie de museler la population. Nous manifestons devant le Parlement depuis quatre mois. Nous
continuerons à le faire. Le gouvernement essaie de s’accaparer notre liberté d’expression », fustige-t-il. Selon lui, l’amendement de l’IBA Act est « une arme machiavélique de notre gouvernement qui est à la dérive ».

Raouf Khodabocus a, lui aussi, exhorté les Mauriciens à se réveiller : « Il y a un groupe de personnes qui se déclarent propriétaires de notre pays et pensent pouvoir faire ce qu’ils veulent. Notre combat a démarré. Manifestons contre ceux qui veulent bafouer notre liberté d’expression. »

Dev Sunnasy a également annoncé que la plateforme regroupant la société civile rencontrera, ce vendredi, des membres des différents partis politiques. « On demande aux partis politiques de dénoncer et de le faire ensemble. On se rencontrera pour
décider de la marche à suivre. »

Manif-rallye vendredi prochain

Dev Sunnasy a annoncé la tenue d’une manifestation-rallye le vendredi 3 décembre à Port-Louis à partir de 14 h. « Nous préparons la manifestation- rallye. Il ne devra pas y avoir plus de deux personnes par voiture. On a déjà envoyé une
lettre au commissaire de police », déclare-t-il.

Rajen Narsinghen poursuit sa campagne de sensibilisation

Il a pris son bâton de pèlerin et poursuit sa campagne de sensibilisation sur les amendements à l’IBA Act. Selon Rajen
Narsinghen, ce projet de loi est « un dernier clou planté dans le cercueil de la démocratie ».

En tant que juriste et « électron libre », il estime qu’il est de son devoir de dénoncer cette atteinte à la démocratie et à nos
droits. « Simple citoyen et universitaire », il supplie le Premier ministre de renoncer à l’IBA Amendment Bill. « Je demande à Ivan Collendavelloo, à Steven Obeegadoo et aux anciens employés des radios, Sandra Mayotte, Subhasnee Luchmun-Roy, Gilbert Bablee de le supplier aussi. C’est un triste moment de notre histoire. Alors que des personnes décèdent, on vient avec une loi pour arracher le droit à la parole. »

Le chargé de cours en droit à l’université de Maurice invite également les leaders des partis et les syndicalistes à réunir leurs forces contre ce projet de loi. « Je ne dis pas que ce que fait le Premier ministre est mauvais. J’ai toujours du respect pour lui. Or, il y a des spin doctors autour de lui. Maurice devient une autocratie. J’invite les politiques à réagir. Mettons les petites guéguerres de côté pour une fois. » 

Rajen Narsinghen concède que l’IBA Act date de 2000 et requiert une mise à jour. Selon lui, on aurait dû organiser une table ronde pour voir ce qui cloche avec la loi actuelle. Mais « ce qui est proposé aujourd’hui est extrêmement dangereux : le review panel, les pénalités adminsitratives, les journalistes qui seront obligés de divulguer leurs sources, etc. », déplore-t-il.

 

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