Le 24 octobre 2012, Harold Iyempermall quitte la fonction publique en tant qu’huissier de justice pour rejoindre le privé. Si au départ, certains de ses anciens collègues hésitaient à le suivre, aujourd'hui, ils sont une dizaine à l’avoir rejoint. Le point avec le pionnier de la profession d’huissier libéral.
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Il est huissier de justice dans le privé. Il est un maillon important de la chaîne judiciaire. Harold Iyempermall, 64 ans, marié et père de famille, s’est mis à son propre compte il y a presque cinq ans. Avant d’intégrer le privé, il a eu une longue carrière dans la fonction publique.
Le 13 février 1995, il devient huissier à la Cour suprême. Après 13 ans, il est muté à la cour industrielle puis au tribunal de Rose-Hill. Il se retire en 2012. Après 17 ans dans la fonction publique, Harold Iyempermall rejoint le privé grâce à un amendement apporté à la Court Usher’s Act.
C’est un homme très occupé que nous rencontrons le mardi 8 août 2017. Il est en retard, il s’en excuse. Le temps de tomber la cravate, il s’installe derrière son bureau, il dépose ses dossiers. « Désolé, je fais constat après constat ces derniers temps. » Entre les appels téléphoniques et son ordinateur portable, il prend le temps de nous répondre par intermittence.
« Pas de vie familiale... »
Le constat d’huissier fait partie d’une de ses missions, explique Harold Iyempermall. « Par exemple, il m’arrive de faire un état des lieux d’une villa dont les travaux n’ont pas été complétés à la satisfaction du client avant d’établir un procès-verbal. » Sinon, ses journées servent aussi à expulser des gens, faire des inventaires, signifier la saisie de meubles, servir des jugements et des documents légaux de la cour à des personnes visées ou encore des ordres de saisie-arrêt de compte bancaire à des banques. Un travail prenant, selon lui, et difficile à conjuguer avec la vie familiale. « Je travaille sept jours sur sept pour ma famille. Je m’assure que personne ne manque de rien à la maison mais je n’ai pas de vie familiale »
Aujourd'hui, le citoyen ne veut pas que les affaires traînent en longueur devant la justice.
C’est un métier qui rapporte alors ? « Ce n’est pas qu’une question d’argent. Dans ce métier, il faut de la discipline et du sérieux car la réputation de l’huissier libéral lui sert de garantie pour assurer son travail », répond l’intéressé. Ailleurs, comme en France, un huissier peut toucher jusqu’à 400 000 euros pour un constat.
Pourquoi avoir choisi ce métier ? « Je regardais la télévision et je voyais souvent cette image de l’huissier faisant figure d’autorité et garantissant le côté sans trucage de l’émission pendant le tirage du loto. Je suis ensuite devenu enseignant alors que mes voisins étaient huissiers. Durant les vacances scolaires, j’aimais bien les accompagner devant les cours de justice voir sur le terrain pour mieux connaître leur métier. J’en étais tellement captivé que j’ai choisi la même voie. Toutefois, ce n’est pas aussi glamour que je le concevais… »
Métier dangereux
« Le plus dur dans ce travail, c’est quand il faut exécuter les directives de la cour, connues dans le jargon comme les soins et le contrôle immédiat d’un enfant. Aller chercher un enfant dans une situation de danger imminent est souvent cause de réactions violentes de la part des parents », indique Harold Iyempermall. Mettre à exécution un avis d’expulsion comporte aussi des risques. Comment faire alors ? « Pour cela, il faut une certaine psychologie, prendre du temps et expliquer notre travail aux gens… Il faut aussi savoir que lorsqu’une personne refuse de prendre un document, je peux le jeter à ses pieds, cela équivaut en droit à un document dûment servi. »
Il relate une situation où il s’est retrouvé en haute mer. C’était le jeudi 3 août 2017. « Suivant un ordre de la cour, j’ai dû signifier la saisie de son embarcation à un capitaine de bateau qui se trouvait à 10 kilomètres de la terre ferme. J’ai pris un bateau pour rejoindre l’embarcation. Je suis monté à bord à l’aide d’une échelle qui tanguait au mouvement des vagues. Je l’ai fait en sachant que si je tombais, je risquais de me retrouver face à des requins. »
Pourquoi cette urgence à servir du papier timbré ? « Nous vivons dans un monde où tout va vite. Mes clients sont des avoués et des avocats et aujourd’hui, le citoyen ne veut pas que les affaires traînent en longueur devant la justice. L’huissier de justice attaché à un tribunal n’arrive pas à donner le maximum de lui-même. Après une journée passée à travailler en cour, il ne sait plus où donner la tête avec le lot de saisies et d’inventaires à exécuter. »
Harold Iyempermall ajoute que l’huissier de justice, que ce soit dans le privé ou la Fonction publique, s’expose à des poursuites en réclamation de dommages. À la différence de bien d’autres métiers dans le judiciaire. « Cela dit, l’huissier libéral reste un métier d’avenir que je conseille à mes confrères retraités de la fonction publique. »
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