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Hôpitaux débordés : elle décède après avoir attendu une journée pour se faire admettre

Salle Hopital

« Les patients qui ont eu l’autorisation de quitter l’hôpital doivent le faire au plus vite afin de libérer la place pour les autres. » C’est le cri du cœur de Sanjay Gunputh. Il a perdu son épouse Purnima il y a quelques jours. Après avoir passé la journée sur un chariot dans un couloir, elle est décédée à peine admise en salle n° 6 de l’hôpital Jawaharlal Nehru, à Rose-Belle. Elle n’avait que 44 ans.

Sanjay Gunputh a du mal à accepter le décès prématuré de son épouse Purnima. Souffrant de jaunisse, celle-ci s’est présentée à l’hôpital Jawaharlal Nehru de Rose-Belle vers 9 h 30, le mercredi 3 avril. Mais elle est décédée en début de soirée, après avoir passé pratiquement toute la journée dans les couloirs de l’établissement. Pire, on l’avait placée sur un chariot pour le transport des malades, malgré son état de santé précaire, selon ses proches. « Elle avait des tremblements et sa tension artérielle avait chuté. Alors que le médecin a recommandé son admission pour qu’elle soit placée en observation, elle a dû attendre plusieurs heures dans les couloirs de l’hôpital », déplore Nitish, le gendre de la défunte. La raison est qu’il n’y avait pas de place dans la salle. « Une aberration » pour la famille !

Purnima Gunputh n’en était pas à son premier malaise. Employée comme Attendant Hospital Services à l’hôpital de Souillac, elle a été auscultée à l’établissement en question, il y a quelques semaines. On lui a prescrit des médicaments et le médecin lui a accordé deux jours de congé maladie, selon sa fille Dooshika. Ne se sentant de nouveau pas bien quelques jours après, elle s’est tournée vers l’hôpital Jawaharlal Nehru où, après consultation, on l’a autorisée à rentrer chez elle.

Ne voyant pas d’amélioration de son état de santé, ses proches ont pris la décision de solliciter les services d’un médecin généraliste du privé. Celui-ci a constaté que Purnima Gunputh souffrait de jaunisse et lui a administré un nouveau traitement, selon les proches de la défunte. Son état de santé s’est amélioré mais, le mercredi 3 avril, elle a de nouveau fait un malaise. Ses proches l’ont alors conduite à l’hôpital, en expliquant bien qu’elle était déjà sous traitement pour la jaunisse.

Un des médecins de service a, après examen, recommandé qu’on lui administre un sérum et qu’elle soit placée en observation. Elle devait ainsi être admise à la salle n° 6. Il était alors aux alentours de 10 h 35. Mais, faute de place à ce moment-là, elle a dû attendre pratiquement toute la journée sur un chariot utilisé pour le transport des malades dans les couloirs de l’hôpital. Les proches ont informé les membres du personnel qu’elle n’allait pas bien, qu’elle avait à la fois chaud et froid et que son état nécessitait une attention, en vain ! Ils ont ainsi vu les heures défiler et l’état de Purnima Gunputh empirer… mais elle n’était toujours pas admise en salle.

Après une énième sollicitation, Nitish, le gendre de Purnima, affirme qu’un médecin lui a dit qu’il ne pouvait rien faire de plus et que c’était aux responsables de la salle où elle était référée d’assumer leurs responsabilités. « Linn mem dir mwa al fer konplint ar direkter ek fer kone pena plas », explique-t-il. Ce qu’il a fait, mais ses démarches n’ont pas abouti.

Ce n’est que vers 17 h 30 que sa belle-mère a pu avoir une place, mais ce sont les membres de la famille qui ont dû faire monter son chariot jusqu’au troisième niveau de l’établissement hospitalier. « Ils ont dit qu’il n’y avait pas de domestique pour le faire et qu’il nous fallait attendre », explique Nitish. Les proches n’ont pas bronché et l’ont conduite vers la salle d’admission. Vers 19 heures, ils ont reçu l’appel tragique de l’hôpital leur apprenant le décès de Purnima Gunputh.

« Je ne souhaite à personne de vivre l’expérience que mon épouse et ma famille ont vécue », souligne Sanjay Gunputh. Ce qui explique son appel aux proches des patients ayant eu l’autorisation de quitter l’hôpital de venir les récupérer au plus vite. Ceci afin de libérer les lits pour accueillir de nouveaux malades. Pour lui, son épouse serait peut-être encore de ce monde, si elle avait pu être admise en salle et placée sous observation. C’est d’ailleurs ce qu’avait préconisé le médecin qui l’avait auscultée le matin.

Selon les proches de la défunte, trois autres patients attendaient également d’avoir une place pour leur admission ce jour-là. Ils déplorent que Purnima ait été admise en dernier, suivant l’ordre d’arrivée à l’hôpital, alors que son cas était plus urgent. « Les autres patients qui ont été admis pouvaient marcher, contrairement à ma mère », regrette Dooshika.

Tous les hôpitaux confrontés à ce problème

« C’est vrai qu’il y a un manque de place dans nos hôpitaux. Mais si les proches des patients qui ont eu l’autorisation de rentrer venaient les récupérer, le problème sera en partie résolu. » C’est ce qu’affirme un Regional Health Director, qui n’a pas souhaité être identifié. Pour lui, c’est aux proches des patients de prendre leurs responsabilités et ne pas attendre l’après-midi pour récupérer un malade qui a reçu tous les soins appropriés et peut rentrer chez lui. « Ce faisant, les lits sont libérés pour accueillir les nouveaux patients », explique-t-il.

Notre  interlocuteur ajoute que les différents établissements font souvent des arrangements entre eux pour accueillir des patients qui n’ont pu trouver de place dans l’hôpital où ils ont été traités. Ce qui suscite alors la grogne des proches. « C’est une situation déplorable, mais nous faisons de notre mieux afin de satisfaire tout le monde », explique-t-il.

De longues heures pour trouver un lit

« Si une employée de l’hôpital a été traitée ainsi, il y a de quoi avoir peur pour les autres patients qui viennent se faire soigner dans le service public. » Propos d’un membre du personnel de l’hôpital Jawaharlal Nehru. Cela, même si tout le monde doit être traité à la même enseigne, fait-elle ressortir. Notre interlocutrice déplore que nos hôpitaux soient ainsi saturés au point de ne plus avoir de la place pour les admissions. Ce qui contraint les patients à patienter de longues heures avoir de trouver un lit dans l’une des salles. « Cela fait peur d’aller à l’hôpital. On ne sait pas quel sort nous sera réservé », dit-elle.

Une attention spéciale à la Santé
Un préposé du ministère de la Santé a soutenu que « le ministère a été informé de ce cas et nous promettons d’y accorder une attention spéciale. Nous initierons une enquête si besoin est ».


Admission dans les hôpitaux : un problème récurrent

Les professionnels de santé parlent d’un manque de planification.
Les professionnels de santé parlent d’un manque de planification.

Le manque de places dans les hôpitaux du service public est devenu récurrent. Il ne se passe plus un jour sans que les patients doivent attendre de longues heures avant de trouver un lit dans une salle. Les professionnels de santé parlent d’un manque de planification, mais aussi d’une augmentation des maladies chroniques. Les patients doivent ainsi prendre leur mal en patience, en attendant qu’une solution soit trouvée.

D’un hôpital à l’autre, c’est le même problème : il n’y a pas suffisamment de lits pour accueillir les patients lors de leur admission. Les professionnels de santé considèrent que le problème est complexe et qu’il faut l’attaquer sur plusieurs fronts. Ils déplorent aussi l’inertie du ministère de la Santé qui, bien que conscient du problème, tarde à trouver des solutions.

Le Dr Bhooshun Ramtohul, président de la Government Medical Consultant in Charge Association (GMCCA), déplore que, depuis la construction de l’hôpital SSRN, pas grand-chose n’a changé en dépit de l’augmentation des patients, de la hausse du nombre d’accidents de la route et des différentes maladies non-transmissibles et chroniques : diabète, hypertension, maladies cardiovasculaires et respiratoires... Pour lui, il faut revoir le fonctionnement des hôpitaux et améliorer la capacité d’accueil de chaque établissement. La construction de nouveaux établissements est plus que nécessaire, selon lui.

Un infirmier travaillant à l’hôpital Victoria explique, sous le couvert de l’anonymat, que le problème d’admission au sein de cet établissement a été exacerbé avec le transfert temporaire des services de l’hôpital ENT. « Certaines salles ont été réquisitionnées pour ce département spécialisé, ce qui fait qu’il y a un manque de lits pour le service général », dit-il.  

Selon lui, depuis que le département ENT a été installé à l’hôpital Victoria, il y a 70 lits en moins pour le service général, d’où le problème pour les admissions. Pire encore, l’admission de patients généraux dans le département réservé aux patients de chimiothérapie. Ce qui suscite régulièrement leur grogne.

Selon notre interlocuteur, cela fait au moins cinq ans que ce problème perdure. « Quand il n’y a pas de places, nous devons faire le transfert des patients vers d’autres hôpitaux régionaux : Flacq et Jawaharlal Nehru (Rose-Belle) », ajoute-t-il. Et dans le pire des cas, les patients sont « admis » dans la salle de consultation des Casualties et passent la nuit sur une couchette qui n’est pas faite pour dormir et donc, peu confortable.

L’infirmier affirme que l’administration est bien consciente de cette situation, mais qu’aucune mesure n’est prise pour remédier à la situation. Cela en dépit des nombreuses plaintes adressées à l’administration.
Un membre d’un syndicat des médecins considère que le problème d’admission dans les hôpitaux découle d’un problème administratif, ainsi que de la gestion des lits et des patients. « Il faut attendre qu’un patient ait l’autorisation de rentrer pour qu’un autre puisse être accueilli et admis. »

 

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