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Histoire de Maurice - Disparition du dodo : Alan Grihaut rétablit les faits

On n’en finira jamais d’écrire sur le dodo, symbolique de l’empreinte humaine destructrice des faunes du monde entier. Alan Grihaut vient de publier un bel ouvrage intitulé « Dodo », cet oiseau de légende, très documenté et richement illustré. Rencontre.

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Soucieux de faire connaître Maurice aux lecteurs étrangers, Alan Grihaut ne déroge pas à une brève présentation de l’île, du passage des premiers Arabes à celui des Portugais. Cette mise en condition est indispensable pour comprendre le cadre harmonieux de la faune de Maurice avant l’arrivée de l’homme. Alors que l’histoire officielle, racontée notamment aux petits écoliers mauriciens, attribue aux Hollandais la responsabilité de l’extinction des dodos, Alan Grihaut se veut plus nuancé.

À la page 21 de son ouvrage, il écrit ceci : « Tandis que le nombre de navires en visite à Maurice augmentait, diverses espèces de prédateurs envahirent l’île. Plaie de tous les bateaux, les rats noirs avaient élu domicile sur l’île bien avant l’arrivée des Hollandais (...) Ces rats devinrent une grande menace pour les œufs et les petits du dodo ». Plus loin, même s’il amoindrit la responsabilité des singes ‘mangeurs de crabes’, introduits à Maurice par les Portugais et accusés par les Hollandais, l’auteur cite David Quammen (1996).

Principal ennemi du dodo

Cet écrivain américain avaient qualifié les singes « comme une bande d’omnivores incontrôlables qui ont rendu la vie (sinon la reproduction) des oiseaux nichant au sol difficile. Le rôle qu’ont joué ces singes dans la disparition des dodos a été grandement sous-estimé. » Mais, c’est le porc, introduit au début des années 1600 qui a été désigné par Anton Gill et Alex West (2001) comme le principal ennemi du dodo dans la mesure où « l’abondance de broussailles qui faisait de Maurice l’habitat idéal pour le dodo, convenait aussi parfaitement aux porcs. »

Pendant des millions d’années, poursuit-il, « le dodo a vécu en toute liberté, en l’absence de tout prédateur rival. Mais l’arrivée des porcs a tout changé. Ces derniers se nourrissaient de fruits tombés au sol et de racines et tubercules qu’ils déterraient. Ce faisant, il leur arrivait de saccager et de piétiner les œufs. De plus, ils (les porcs) se reproduisaient à une vitesse vertigineuse ».

Selon Alan Grihaut, les porcs et les singes étaient probablement la plus grande menace pour le dodo. « Peu à peu, le sanctuaire qui avait abrité le dodo pendant des millions d’années se dégradait », écrit-il, tout en précisant que « la date exacte de la disparition du dodo demeure un mystère, d’une part parce que l’animal se faisait rare, et de l’autre parce que son nom fut confondu avec celui d’un autre oiseau de Maurice : la poule rouge ou râle de Maurice. »

Trois théories

Alan Grihaut a retenu trois théories pour expliquer la disparition du dodo. Celui de Claude Michel (1992) qui suggère que « les cyclones (…), de temps en temps comptaient parmi les causes de sa destruction, ajoutés aux pénuries alimentaires saisonnières ». Puis, il cite Anton Gill et Alex West, qui soutiennent que le dodo a été lui-même responsable de sa propre extinction, dans la mesure où « tout portait à croire qu’il était devenu, du moins, victime de son propre succès ; la nécessité de voler était devenue obsolète. »

L’arrivée de l’homme

Mais, c’est sans doute Masauji Hachisuka en 1953 qui a fourni l’explication la plus crédible, en indiquant, selon Alan Grihaut, que le sort du dodo avait été scellé par « l’arrivée de l’homme civilisé, (qui) s’accompagne généralement de l’exploitation des terres vierges, de déforestation, de feux de brousse et d’autres facteurs qui réussissent à bouleverser l’équilibre, en particulier des espèces indigènes. Un grand nombre de dodos furent également tués par les marins et les premiers colons pour qui cet oiseau peu ragoutant constituait un savoureux repas après une longue traversée. »

L’intérêt de l’ouvrage ne réside pas uniquement dans ces pages qui expliquent l’extinction du dodo, mais aussi dans celles où l’auteur explique comment l’oiseau a connu une deuxième vie. Cela, grâce aux chercheurs à travers le monde, puis à Maurice, grâce aux recherches et à la restitution historique de la vie du dodo. Tout dans ce livre incite à la lecture, l’iconographie, l’écriture simple mais pédagogique, la mise en page et la documentation.

  • Dodo, Cet Oiseau Rare,d’Alan Grihault (171 pp)
  • Traduction de l’anglais : Loraine Guého
  • Impression : IPC Ltd

 

 

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