La Banque de Maurice a adopté une approche « plus prudente » quant à l’introduction de sa monnaie numérique. Aujourd’hui, le projet est arrivé à une phase « très avancée » et devrait être une réalité d’ici novembre cette année. C’est la garantie donnée par le Gouverneur Harvesh Seegolam, le mercredi 26 avril.
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La Banque de Maurice (BoM) organise, du 26 au 28 avril, la réunion Fonds monétaire international/Banque mondiale sur « L’avenir de la monnaie de la Banque centrale dans un monde numérique ». Le séminaire de trois jours réunit des représentants des banques centrales, du FMI et de la Banque mondiale, entre autres. C’est la première fois que ce séminaire est organisé en dehors de Washington. « Nous ne souhaitons pas lancer un projet pour lequel nous aurons des ennuis à l’avenir. C’est pourquoi nous avons sollicité le soutien du FMI pour la mise en place d’une monnaie digitale de la Banque centrale (MDBC) », a déclaré le Gouverneur de la BoM à la presse mercredi. Il a fait comprendre que le projet est arrivé à une phase « très avancée ». « Le projet pilote devrait être une réalité d’ici novembre 2023 », a annoncé Harvesh Seegolam.
Une monnaie numérique « sans intérêt »
Harvesh Seegolam a fait ressortir que la décision a été prise pour que la monnaie numérique de la BoM soit sans intérêt. « Nous avons décidé d’adopter un modèle de distribution à deux niveaux pour gérer les risques potentiels pour la politique monétaire et la stabilité financière », a-t-il avancé. Le mois prochain, la BoM lancera un document pour les consultations publiques afin de finaliser le design de la roupie digitale.
Les banques sanctionnées
Le Gouverneur a également annoncé que des banques commerciales, sanctionnées par la Banque centrale pour s’être livrées « au jeu malsain de la spéculation sur le marché des changes », se sont déjà acquittées de leurs amendes. « En termes de conduite des banques, on voit que les sanctions ont porté leurs fruits. Je constate d’ailleurs que le marché des devises fonctionne désormais de façon plus ordonnée », a-t-il avancé. Et d’ajouter que la Banque centrale veille au grain les activités sur le marché des changes.
En chiffres
- 114 pays, représentant plus de 95 % du PIB mondial, explorent actuellement une monnaie numérique.
- 60 pays sont en phase avancée de développement, de projet pilote, voire de lancement à ce jour.
- Depuis décembre 2022, toutes les économies du G7 se sont lancées dans l’élaboration d’une monnaie numérique.
- 18 des pays du G20 sont également à un stade avancé de développement de la MNBC.
- 7 pays parmi eux sont déjà en phase pilote.
Note : Le G20 se compose de 19 pays et de l’Union européenne (UE).
Ils ont dit…
Ahmed Faragallah, de la Banque mondiale : « Plusieurs banques centrales se sont lancées dans ce projet »
Le Senior Financial Sector Specialist de la Banque mondiale, Ahmed Faragallah, participe à l’atelier de travail organisé par la BoM. Lors de son intervention, il a fait comprendre que l’introduction d’une monnaie digitale dans une économie n’est pas une tâche facile. « Plusieurs banques centrales dans le monde se sont lancées dans ce projet. D’ailleurs, certaines l’ont accompli », a-t-il dit. Il a expliqué que l’introduction d’une monnaie numérique englobe plusieurs facteurs comme la technologie, la stabilité financière et les politiques monétaires entre autres. « Il est important de considérer les différents aspects. Mais plus important encore, il faut s’assurer que la monnaie digitale est acceptée par la population », a-t-il souligné. Et d’ajouter qu’une banque centrale « peut créer un bon produit, mais s’il n’est pas accepté par la population, cela ne vaut pas le coup ».
Herve Tourpe, du Fonds Monétaire International : « Il faut d’abord comprendre les capacités et les risques »
Chief Digital Advisory Unit au FMI, Herve Tourpe a déclaré que la monnaie numérique de Banque centrale et la technologie évoluent plus vite que la capacité des individus à rattraper. Du coup, il est d’avis qu’il est important de comprendre les capacités ainsi que les risques d’une monnaie numérique avant de mettre en place d’un tel projet. « C’est important que les Banques centrales ainsi que d’autres institutions internationales se réunissent afin d’échanger les connaissances et les expertises », a-t-il soutenu.
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