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Harcèlement scolaire : les solutions à mettre en place 

Les élèves victimes de harcèlement doivent être aidés.
  • En 2022-2023, le bureau de l’Ombudsperson for Children a enregistré 70 cas de violence à l’école, incluant les cas de harcèlement

À Maurice, le harcèlement scolaire (en anglais « bullying ») gagne du terrain. Des cas sont rapportés par les victimes aux autorités, mais d’autres préfèrent garder le silence par peur de représailles. Or, selon les professionnels, il faut avoir le courage de dénoncer les harceleurs. Ils soulignent également l’importance de l’encadrement et mettent en avant les solutions. 

Harrish Reedoy, président de la United Deputy Rectors and Rectors Union.
Harrish Reedoy, président de la United Deputy Rectors and Rectors Union. 



Selon l’Article 26 du Children’s Act de 2020, « bully means any behaviour by whatever means, including information and communication technologies, which (a) is repetitive, persistent and intentionally harmful ; or (b) involves an imbalance of power between the victimiser and the child and causes feelings of distress, fear, loneliness or lack of confidence in the child, and which results in serious physical or psychological harm to the child, disability of the child or death of the child ».

De plus en plus, des cas de harcèlement scolaire font la une des divers médias où des élèves se font tabasser physiquement ou subissent des intimidations morales. Les témoignages suivants démontrent que la peur est au rendez-vous et que, malheureusement, les solutions tardent à venir. 

Filmé dans les toilettes

Santa, une mère qui élève seule deux enfants, confie que son fils de 13 ans ne peut pas supporter de longs trajets à cause de ses problèmes de santé. Malheureusement, le collège qui lui a été attribué après les examens du Primary School Achievement Certificate (PSAC) est situé trop loin de sa résidence. C’est pourquoi, au début de janvier, elle a entrepris les démarches pour qu’il change d’établissement scolaire. « Chaque matin, il se lève à 5 h pour prendre le bus de 6h15. Ce n’est pas évident pour lui. J’ai tout tenté et ce n’est que la semaine dernière que j’ai obtenu une réponse à ma requête », dit-elle.

Ce changement d’établissement pourrait faire du bien à son fils qui a été harcelé deux jours à peine après ses premiers pas dans le milieu secondaire au premier trimestre de cette année. Il a été filmé par un autre élève alors qu'il était aux toilettes. Malgré ses appels à l'aide, personne n'est intervenu. Au contraire, les témoins de la scène ont ri et ont pris la fuite. Santa confie que son fils n’est plus allé au collège après cet incident. « Mon fils est encore jeune et il a été traumatisé par cette situation. Pour nous parent, ce n’est pas évident, surtout quand on constate que la direction du collège ne fait pas grand-chose pour nous soutenir, voire nous rassurer… », déplore-t-elle.

Il dissimule ses blessures sous un ample tricot

Après avoir été frappé à plusieurs reprises par ses camarades de classe, un autre adolescent de 15 ans est resté durant tout le dernier trimestre de 2023 à la maison. Sa maman nous confie qu’elle a remarqué des changements dans le comportement de son fils. Au début, elle a attribué cela à l'adolescence, mais ensuite, elle a vite réalisé que ce n’était pas le cas. « Il ne voulait plus se nourrir, alors qu’il était un bon mangeur. De plus, il restait dans sa chambre et ne parlait à personne à la maison. Un matin, il était en train de se préparer pour aller au collège quand j'ai remarqué qu'il portait un gros tricot malgré la chaleur.  Je lui ai demandé de l'enlever et c'est alors que j'ai vu des blessures sur son cou », dit-elle, toute bouleversée. C’est lorsqu'elle a insisté pour savoir ce qui s'est passé que l’adolescent est sorti de son silence et lui a raconté le calvaire qu'il subissait à l'école.

Elle ajoute : « Mon fils a beaucoup souffert. Étant timide, il était régulièrement victime de violences de la part d'autres garçons de l'école. Je me rappelle que ce matin-là, je l'ai accompagné pour rencontrer le recteur. Il m'a assuré qu'il ferait tout son possible pour résoudre le problème, mais malheureusement, aucune action n'a été entreprise. Mon fils a subi d’autres coups. J'ai donc dû déposer plainte au poste de police de la localité et demander son transfert pour garantir sa sécurité ». Cependant, elle a dû attendre que sa demande soit prise en considération. Ce n’est qu’en janvier dernier qu’il a été admis dans un autre établissement où il a repris ses études et se sent en sécurité.

Un protocole bien établi

Selon des informations obtenues près d’un préposé du ministère de l’Éducation, tous les cas rapportés sont traités avec le sérieux voulu. En ce qui concerne le harcèlement, des protocoles existent déjà pour fournir un soutien psychologique aux élèves touchés. Dans certains cas, un exercice de transfert est effectué pour permettre aux élèves concernés de se sentir en sécurité. De plus, dès qu’il y a un problème de « bullying », le responsable de l’école est tenu de rapporter le cas à la zone directorate. Le préposé nous indique aussi que les responsables agissent de concert avec l’objectif d’aider non seulement les victimes, mais aussi les agresseurs.

À la recherche de solutions

 « Le ‘bullying’ est un problème omniprésent qui continue de sévir dans les collèges à Maurice, posant des défis importants au bien-être et à la réussite scolaire des élèves. En tant que président de la United Deputy Rectors and Rectors Union, je suis d’avis qu’il est impératif de répondre à cette préoccupation urgente par le biais de stratégies globales visant la prévention et l’intervention », indique Harrish Reedoy. Le bullying, dit-il, se traduit de diverses manières : physique, verbal, social et cyberharcèlement. « Les agressions physiques, comme frapper ou bousculer, coexistent souvent avec le harcèlement verbal, dont les injures ou la propagation de rumeurs, créant ainsi un environnement hostile pour les victimes. De plus, l’exclusion sociale et la cyberintimidation via les plateformes numériques exacerbent le problème, amplifiant la détresse vécue par les élèves », fait-il comprendre. 

Harrish Reedoy fait ressortir que les causes profondes qui sous-tendent le comportement d’intimidation doivent être reconnues et traitées pour apporter des changements significatifs. « Les hiérarchies sociales, la pression des pairs et le manque d'empathie contribuent à la perpétuation de la dynamique d'intimidation. En outre, une supervision inadéquate et une application incohérente des mesures disciplinaires exacerbent le problème, permettant au harcèlement de persister en milieu scolaire. L’impact de l’intimidation sur les élèves est profond et de grande envergure, allant au-delà de la détresse émotionnelle immédiate pour englober les conséquences à long terme », ajoute-t-il.

Notre interlocuteur souligne que les victimes du harcèlement scolaire connaissent souvent une baisse de leurs performances scolaires, une augmentation de l'anxiété, une dépression et, dans les cas les plus graves, des pensées suicidaires. Il affirme qu'avec de tels effets, il est urgent de mettre en place des mesures préventives et de fournir un soutien aux élèves touchés. 

Il avance plusieurs propositions en tant que solutions pour combattre efficacement le harcèlement, créer des changements positifs et bâtir un avenir meilleur pour les générations futures.

Les propositions

  • Des interventions proactives doivent être mises en œuvre à différents niveaux. 
  • La promotion d’une culture de respect, d’empathie et d’inclusion par le biais de campagnes de sensibilisation et de programmes de soutien par les pairs favorise un comportement positif et réduit la prévalence de l’intimidation. 
  • Une supervision et un suivi accrus dans les zones où le harcèlement est fréquent, associés à des mécanismes de signalement robustes, facilitent une intervention précoce et un soutien aux victimes. 
  • Les services de conseil, les groupes de soutien par les pairs et les pratiques de justice réparatrice offrent des ressources essentielles aux personnes touchées par l'intimidation, favorisant la guérison et la résilience au sein de la communauté scolaire.
  • Les efforts de collaboration sont essentiels pour lutter contre la nature multiforme du harcèlement. Les écoles, les agences gouvernementales, les orgbanisations à but non lucratif et les acteurs communautaires doivent travailler ensemble pour mettre en œuvre des interventions fondées sur des preuves et maintenir l'élan dans la lutte contre l'intimidation. En favorisant les partenariats et en tirant parti de l’expertise collective, un front uni peut être établi contre ce problème omniprésent.
  • Une approche holistique qui s’attaque aux causes profondes, met en œuvre des mesures préventives et apporte un soutien aux victimes. 
  • Les responsables de l’éducation doivent donner la priorité à la création d’environnements sûrs et inclusifs où tous les élèves peuvent s’épanouir sans peur ni intimidation.

Les causes menant au harcèlement scolaire

Dr. Vikash Baichoo, psychologue.
Dr. Vikash Baichoo, psychologue.

Le psychologue, le Dr. Vikash Baichoo, nous parle des motivations qui conduisent les enfants ou les adolescents en milieu scolaire à harceler leurs pairs. « Parfois, les harceleurs s’en prennent aux enfants parce qu’ils ont besoin d’une victime – quelqu’un qui parait émotionnellement ou physiquement plus faible, ou qui agit ou semble simplement différent d’une manière ou d’une autre – pour se sentir plus important, plus populaire ou en contrôle », dit-il. En outre, certains élèves pourraient être prédisposés en fonction de leur tempérament personnel, comme s'affirmer ou avoir de solides compétences linguistiques. Ainsi, l’intimidateur apprend à utiliser ses atouts pour obtenir ce qu’il veut. Le psychologue avance qu'ils apprennent ce comportement en copiant les personnes qui les entourent, comme les parents, les frères et sœurs et les autres élèves.

Cependant, il y a de l'espoir, car la prévention implique la sensibilisation et la formation du personnel scolaire, ainsi que l'élaboration de politiques anti-intimidation et de règles pour leur mise en œuvre. « Il est important de s’assurer que la personne qui intimide soit consciente des attitudes qui sont nuisibles aux autres et pourquoi c’est le cas. De plus, elle doit aussi être au courant des conséquences de son comportement. En revanche, si elle continue à harceler, il est primordial que ses parents soient impliqués », fait-il ressortir.

Selon le psychologue, les victimes de harcèlement présentent des signes spécifiques. Ce sont, entre autres, une baisse des résultats scolaires, un désintérêt pour l'école, la perte d’amis, la disparition ou la destruction d'objets personnels, ainsi qu'une diminution de l'estime de soi. Lorsque le constat est fait, il est important d'écouter calmement et d'offrir réconfort et soutien. « Rappelez à votre enfant qu'il n'est pas seul : de nombreuses personnes sont victimes d'intimidation à un moment donné. Expliquez-lui que c'est l'intimidateur qui se comporte mal, et non votre enfant. Rassurez-lui en disant que vous découvrirez ensemble quoi faire à ce sujet », indique-t-il.

Le Dr. Vikash Baichoo soutient qu'il y a des effets psychologiques de l'intimidation comprenant la dépression, l'anxiété, une faible estime de soi, des comportements d'automutilation, la consommation et la dépendance à l'alcool et aux drogues, l'agressivité et l'implication dans des actes de violence ou de délinquance.

Tous ces signes sont présents et appellent à une réaction de la part des partenaires, les incitant à ne pas rester indifférents.


Aneeta Ghoorah, Ombudsperson for Children : « Je pense qu’il est grand temps que nous donnions la parole aux élèves eux-mêmes »

Aneeta Ghoorah

La nouvelle Ombudsperson for Children, Aneeta Ghoorah insiste que gérer les cas de « bullying » est l’affaire de tout un chacun. Elle évoque le personnel enseignant et non enseignant, les chefs d'établissement et leur équipe, ainsi que l'Inspection du ministère de l'Éducation et les parents. En 2022-2023, le bureau de l’Ombudsperson for Children a enregistré 70 cas de violence à l’école, incluant les cas de harcèlement scolaire. 

Vous êtes la nouvelle Ombudsperson for Children (OC) à Maurice, comment comptez-vous gérer les cas de « bullying » à l’école qui vous seront rapportés ?
Comme vous le savez, les cas de harcèlement scolaire sont rapportés au ministère de tutelle en premier lieu.  Le ministère de l‘Éducation a déjà mis en place des mesures pour contrer le nombre de cas et apporter le soutien nécessaire aux « victimes ».  Un protocole existe, comme un help desk, composé du chef d’établissement ou son adjoint, un membre de la PTA et des enseignants qui ont été formés. Il existe aussi le Student Behaviour Policy for secondary schools. Dans des cas extrêmes, il y a un suivi par les psychologues attachés au ministère, avec bien sûr, le consentement des parents. Il existe également dans les écoles des enseignants avec lesquels les élèves se sentent en confiance.

Quand est-ce que votre bureau est sollicité ?
Ce sont généralement les parents qui se tournent vers nous lorsque les mesures prises ne répondent pas à leurs attentes, que les droits des enfants ne sont pas respectés, ou quand la situation dans certaines écoles se détériore. De facto, nous envoyons une correspondance au ministère concerné pour avoir un rapport rédigé par les officiers du ministère après enquête.

La complainte est enregistrée par un de nos enquêteurs. Ensuite, on fait une comparaison entre la plainte et le rapport envoyé par le ministère pour faire la part des choses. Si nous ne sommes pas satisfaits, nous tenons un « Case Conferencing » avec toutes les parties concernées.

Ainsi, notre bureau travaille de concert avec le ministère de l'Éducation afin de développer des « short term actionable measures ». Il encourage aussi les écoles concernées à adopter un « whole-school approach » afin de remédier à ce problème. Il ne suffit guère de trouver une solution afin de contrer le problème, mais une solution quasi pérenne. Gérer les cas de « bullying » est l’affaire de tout un chacun : personnel enseignant, non enseignant, chefs d’établissement et son équipe, aussi bien que l’Inspectorat du ministère et les parents.

Vous avez eu une longue carrière au niveau du ministère de l’Éducation. Est-ce que l’expérience acquise vous aidera à apporter des solutions aux enfants victimes de « bullying » ? 
Bien sûr, après 39 ans passés au ministère de l’Éducation et l’expérience acquise sur le terrain (j’ai été enseignante et chef d’établissement pendant presque 25 ans), j’ai une idée des facteurs associés au harcèlement scolaire. C’est vrai que les choses ont beaucoup évolué avec l’érosion des valeurs dans la société, donc forcément chez nos enfants.

Quelles sont les mesures adoptées ?
Il existe dans le curriculum scolaire le « Values and Citizenship Education », un sujet inculqué dès le plus jeune âge.  Les enseignants bénéficient d’une formation dispensée par le Mauritius Institute of Education, car la façon de s’y prendre est différente des autres sujets classiques (enseignement des langues, mathématiques, etc.). Les enfants dans les écoles primaires suivent « Zippy », un programme basé sur le contrôle de l’émotion, le partage, le respect de tout un chacun, etc.  De plus, dans toutes nos écoles, des ONG et autres organisations mettent en place des projets coopératifs et des activités extracurriculaires visant souvent à promouvoir indirectement la discipline et le respect envers autrui, comme des causeries animées par la Brigade de la Famille. Tout cela vise à prévenir les situations extrêmes.

Je pense qu’il est grand temps que nous donnions la parole aux élèves eux-mêmes pour venir de l’avant avec des propositions sur le sujet au lieu de dicter quoi faire aux personnes concernées et venir avec un « Bullying Policy » avec les sanctions en cas de non-respect. 

Le harcèlement  n'est pas seulement un problème au niveau de l'école. Il est souvent exporté vers l'extérieur ou aux alentours de l'école.  Cela requiert donc une collaboration des autres services (ministère de la Famille, ONG, police, etc.). Il y a aussi les recommandations de l'UNESCO concernant les « safe schools ». Cette organisation multilatérale a formulé des recommandations pour lutter contre le harcèlement et la violence à l'école. Nous pouvons nous appuyer sur ces dernières, sélectionner et adapter les mesures pertinentes à notre contexte local.

Est-ce que vous comptez aussi sur la collaboration des parents pour vous aider à atteindre vos objectifs ? 
C’est évident que la collaboration des parents est primordiale. Ils sont un maillon essentiel dans la chaîne, des partenaires privilégiés, car il ne faut pas oublier que s’il y a des mécanismes dans les enceintes des écoles, quid du harcèlement scolaire dans les autobus ou les gares routières ? 
Il existe déjà l’Association des Parents-Enseignants dans toutes nos écoles.  Les parents doivent consolider les liens et être plus à l’écoute de ce qui se passe autour d’eux. Je profite pour leur lancer un appel : Vous aiderez sûrement le système en inculquant le sens de la discipline et le respect de l’autrui à vos enfants.  L’amitié doit être quelque chose de très naturel qui se développe entre enfants qui ont de l’affinité. 

Nous devons aussi sensibiliser les parents sur la manière de détecter si leurs enfants sont victimes de harcèlement scolaire, notamment les signes qui existent ou le mécanisme pour rapporter les cas. Au fait, il faudrait conscientiser les parents des victimes aussi bien que les harceleurs. De surcroît, l’appui des conseillers et des psychologues est essentiel, car le harcèlement peut revêtir des formes physiques, mentales et sexuelles, et peut laisser des séquelles durables chez l'enfant. Cela peut entraîner un risque de décrochage scolaire, d'absentéisme régulier et avoir un impact sur la vie sociale de l'enfant.

Il faut travailler ensemble. L’approche doit se faire selon le modèle « Triple « S : Staff, Students and Stakeholders » (parents ,ONG et autres institutions). Tous doivent travailler de concert pour démontrer que malgré que les mœurs et normes de la société sont reflétées dans le comportement des enfants dans le milieu scolaire, les adresser, c’est aussi l’affaire de tous.


Ruchi Swambar, psychologue : « L’effet cumulatif du harcèlement érode la confiance en soi »

Ruchi Swambar

Dans cet entretien, la psychologue et conseillère en psychologie, Ruchi Swambar, aborde le fléau alarmant du harcèlement dans divers établissements scolaires.

Quels sont les effets à long terme du harcèlement sur la santé mentale et émotionnelle des victimes ?
Le harcèlement inflige des blessures profondes et durables à la santé mentale et émotionnelle des victimes. Les études longitudinales révèlent que les personnes victimes du harcèlement pendant l’enfance ou l’adolescence courent un risque accru de développer divers problèmes psychologiques à l’âge adulte. Ceux-ci peuvent inclure, sans s’y limiter, la dépression, les troubles anxieux, le post-traumatic stress disorder (PTSD) et même les idées suicidaires.

L’un des effets à long terme les plus importants du harcèlement est l’érosion de l’estime de soi. Les victimes intériorisent souvent les messages négatifs véhiculés par leurs bourreaux, conduisant à un sentiment persistant d’insuffisance et d’inutilité. Cela peut se manifester par des sentiments envahissants de honte, de culpabilité et de doute de soi qui persistent bien au-delà de l’expérience du harcèlement lui-même.

Le harcèlement peut aussi avoir un impact profond sur les relations sociales et le fonctionnement interpersonnel. Les victimes peuvent avoir des problèmes de confiance, de la difficulté à établir des liens significatifs et une peur écrasante du rejet ou de l’abandon. Ces défis peuvent s’étendre à l’âge adulte, ce qui nuit à la capacité d’établir et de maintenir des relations saines, tant sur le plan personnel que professionnel.

De plus, le traumatisme du harcèlement peut laisser une empreinte durable sur le cerveau, altérant les systèmes de réponse au stress et augmentant la susceptibilité aux troubles de santé mentale. L’exposition chronique aux hormones de stress comme le cortisol peut perturber les processus neurodéveloppementaux, altérer le fonctionnement cognitif et compromettre les capacités de régulation émotionnelle.

Essentiellement, les effets à long terme du harcèlement imprègnent toutes les facettes du bien-être psychologique d’une personne, façonnant son identité, ses relations et sa qualité de vie générale bien après l’âge adulte.

Comment le harcèlement peut-il affecter l'estime de soi et la confiance en soi des individus qui en sont victimes ?
Le harcèlement a de lourdes conséquences sur l’estime de soi et la confiance en soi de ses victimes, laissant souvent des blessures profondes qui sont lentes à guérir. La nature répétitive du comportement du harcèlement renforce la perception négative de soi, ce qui amène les victimes à intérioriser les messages blessants qui leur sont adressés.

L’exposition répétée au ridicule, à l’humiliation et à l’ostracisme peut miner même le sentiment le plus fort d’estime de soi, laissant les individus se sentir impuissants et indignes de respect ou de validation. Par conséquent, les victimes peuvent adopter des mécanismes d’adaptation inadaptés, dont l’auto-isolement, l’évitement ou le retrait comme moyen d’autoprotection.

De plus, la nature envahissante du harcèlement peut créer une perception déformée de la réalité, amenant les victimes à se voir à travers le prisme de la cruauté de leurs bourreaux. Cela peut conduire à une image de soi déformée caractérisée par des sentiments d’insuffisance, d’incompétence et d’indignité.

Au fil du temps, l’effet cumulatif du harcèlement érode la confiance en soi, laissant les personnes hésitantes à s’affirmer ou à poursuivre leurs objectifs et leurs aspirations. Ils peuvent nourrir des doutes profonds sur leurs capacités et leur valeur, ce qui entrave leur capacité à prospérer et à réussir dans divers domaines de la vie.

Essentiellement, le harcèlement sabote la base de l’estime de soi et de la confiance en soi, laissant les victimes à retrouver leur sens de la valeur et de l’autonomie face à l’adversité implacable.

Quelles stratégies de mécanisme d’adaptation et de résilience peuvent être efficaces pour aider les victimes de harcèlement à faire face à leurs expériences et à se rétablir émotionnellement ?
Pour se remettre du traumatisme du harcèlement, il faut adopter une approche multidimensionnelle qui tient compte des aspects psychologiques et émotionnels de l’expérience. Bien que le cheminement vers la guérison puisse être difficile, il existe plusieurs stratégies d’adaptation et de résilience qui peuvent permettre aux victimes de se réapproprier leur identité et de reconstruire leur vie. 

Ce sont :

  • Demander du soutien: Encourager les victimes à communiquer avec des amis de confiance, des membres de leur famille ou des professionnels de la santé mentale peut constituer une source cruciale de validation, d’empathie et de conseils. Tisser des liens avec d’autres personnes qui ont vécu des défis similaires peut également favoriser un sentiment de solidarité et d’appartenance.
  • Développer des « coping skills » : Enseigner aux victimes des « coping skills » efficaces telles que la « mindfulness », les techniques de relaxation et les « cognitive-behavioral strategies » peut les aider à gérer le stress, à réguler les émotions et à remettre en question les schémas de pensée négatifs. Le renforcement de la résilience grâce à des programmes de formation peut également renforcer la capacité d’une personne à se remettre de l’adversité.
  • Établir des « boundaries » : Le fait de permettre aux victimes de communiquer avec assurance leurs besoins, d’établir des « boundaries » et de se défendre elles-mêmes peut renforcer leur sentiment d’autonomie et d’efficacité. Apprendre à reconnaître les comportements du harcèlement et à s’y confronter avec assurance peut aider les victimes à reprendre le contrôle de leur vie.
  • Encourager la compassion envers soi-même : Encourager les victimes à faire preuve d’auto-compassion et à prendre soin d’elles-mêmes peut contrecarrer le discours intérieur négatif et l’autoblâme perpétués par le harcèlement. Cultiver un dialogue intérieur compatissant et stimulant peut favoriser la guérison et l’acceptation de soi.
  • Bâtir des réseaux résilients : Faciliter les occasions pour les victimes de participer à des activités sociales significatives, de cultiver des amitiés solidaires et de participer à des organismes communautaires peut favoriser un sentiment d’appartenance et de connectivité. La construction d’un réseau de soutien solide peut fournir une protection contre les effets négatifs du harcèlement et promouvoir la résilience émotionnelle.

Bien que les répercussions du harcèlement sur la santé mentale et émotionnelle puissent être profondes et durables, il est possible pour les victimes de guérir et de reprendre leur vie en main avec le soutien et les ressources appropriés. En mettant en œuvre des stratégies d’adaptation et de résilience adaptées à leurs besoins individuels, les victimes peuvent se lancer dans un processus de rétablissement et en sortir plus fortes, plus résilientes et habilitées à prospérer malgré les défis auxquels elles ont été confrontées.

 

 

 

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