Même si toutes les mesures du Budget sont réalisées, il y a peu de chance qu’on ait une croissance de plus de 4 %. C’est l’avis qu’a partagé Rama Sithanen, l’ancien ministre des Finances au cours de l’émission du Grand Journal de Radio Plus, animée par Nawaz Noorbux le mardi 13 juin.
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« En matière de relance économique, même si le maximum des mesures est est mis à exécution, je ne crois pas que la croissance dépassera 4 %. L’investissement privé est au plus bas et les seuls investissements privés ne sont pas de qualité, puisqu’ils ne vont pas dans les secteurs productifs. Des placements vont essentiellement dans l’immobilier. Le gouvernement ne donne pas de signaux importants. Il se trouve aussi que les exportations ont reculé et décliné au cours du premier trimestre, avec un ralentissement de la livre sterling. Elles ont également régressé sur l’Afrique du Sud. Le secteur manufacturier est en déclin. Vishnu Lutchmeenaraidoo avait prévu une croissance de 25 % de la contribution de ce secteur, mais le manufacturier, l’agroalimentaire et les secteurs émergents, comme Global Business, souffrent. Ce secteur est en crise », insiste l’économiste.
« Il est regrettable qu’on élabore maintenant un plan de développement pour les services financiers alors que des exigences internationales mettent la pression sur les avantages fiscaux des juridictions », souligne l’ex-Grand argentier.
Des bonnes notes, mais…
« Le Budget comporte de bonnes décisions, notamment des investissements dans les infrastructures, la recherche et le développement et des idées nouvelles pour améliorer la sécurité alimentaire, toutefois tout est dans la réalisation », indique l’ex-ministre.
« C’est bien qu’il ait des projets que certains qualifient d’effets d’annonce. C’est cela la perception. Depuis l’Indépendance, c’est la première fois qu’on constate des dépenses largement inférieures par rapport aux infrastructures d’immobilisations. On vote largement des fonds, mais on ne les utilise pas », fait ressortir Ramen Sithanen. Répondant au journaliste, il explique que « souvent les projets ne sont pas bien travaillés ».
EBD : deux jobs différents
Rama Sithanen,accueille favorablement l’Economic Development Board (EDB), en tant qu’agence unique pour délivrer les permis. Se référant à son poste à la présidence du Rwanda Economic Board, il explique que celui-ci s’occupe uniquement de la planification économique à long terme. « L’EDB ne peut s’occuper du marketing de Maurice, tout en ayant un mandat pour la réflexion stratégique du pays sur 25 ans. Ce sont deux jobs différents », a-t-il commenté.
Consolider les aides sociales
L’impôt négatif sur le revenu (INR) vient semer davantage de confusion dans le soutien social du gouvernement, surtout en l’absence de toute mention sur le salaire minimum. « Si celui-ci est introduit, il annulera d’un seul coup l’INR. Il faut consolider tous les soutiens sociaux : Marshall Plan, CSR, entre autres. On pourra alors proposer bien plus que Rs 1 000 », a suggéré Rama Sithanen.
Réduction fiscale sur les exportations
Le véritable problème du secteur des exportations n’est pas vraiment la fiscalité, mais plutôt un manque de compétitivité, l’accès aux marchés et aux finances, les technologies et une absence de synergie entre les Domestic-Oriented Enterprises et celles tournées vers l’exportation.
Solidarity levy ne vaut pas la chandelle
« L’introduction d’une taxe sur les gros salaires et dividendes ne vaut pas la chandelle », a souligné l’ex-ministre. « C’est un mauvais signal lancé à l’étranger. Cela détruit l’image de Maurice comme destination, où on ne touche pas aux dividendes. D’autres solutions existent en taxant les transactions foncières où on a tout aboli. Avec la Solidarity Levy, on gagnera entre Rs 100 et Rs 200 millions au maximum. Au lieu de nuire à notre image, nous pouvons générer Rs 20 milliards à long terme », a déclaré Rama Sithanen.
Économie bleue : la grande absente
L’ex-Grand argentier déplore que le secteur de l’économie bleue n’ait pas eu le traitement approprié. « L’économie de l’océan peut donner un nouvel élan à l’économie, considérant le potentiel avec les fruits de mer et les minerais pour des exportations avec une forte valeur ajoutée. Il existe des petites initiatives, mais il faut une base de grande envergure », a-t-il estimé.
Pas de Hindu-Bashing
Au sujet de la méfiance sur la générosité indienne à notre égard, Rama Sithanen explique que la Grande péninsule a toujours été un partenaire exceptionnel, avec des soutiens solides pour développer le pays. « Il n’est pas correct de faire du Hindu-bashing, bien qu’évidemment l’Inde ait des ambitions géopolitiques avec une certaine rivalité régionale avec la Chine. La meilleure solution pour mettre fin à ce climat de suspicion, c’est que le Premier ministre vienne rassurer la population. »
Accélération d’une surpolitisation
« Les BAI, Betamax et NMH démontrent clairement des ingérences politiques dans les affaires », a noté Rama Sithanen. Dans les deux cas, le gouvernement aurait dû mieux agir en procédant avec plus de circonspection. Dans le cas de Betamax, il est clair que les contribuables casqueront pour les rembourser la compagnie. Au sujet de NMH, il recommande la publication du rapport commandité par la Financial Services Commission (FSC), afin de dissiper le climat malsain. « Il a une aggravation de la surpolitisation des institutions et des conflits d’intérêts. Comment le secrétaire financier peut-il également présider la FSC qui a beaucoup perdu de sa crédibilité ? Il faut redonner aux institutions du pays leur indépendance », a-t-il insisté.
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