Plus de 30 bébés prématurés ont été évacués du plus grand hôpital de la bande de Gaza pour être transférés vers l'Egypte, a annoncé dimanche le directeur général des hôpitaux du territoire palestinien, au moment où l'armée israélienne "continue à étendre ses opérations" contre le Hamas.
Par ailleurs, les négociations se poursuivent pour obtenir une libération d'otages aux mains du Hamas, au 44e jour de la guerre déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien. Le Qatar, qui mène une médiation, a affirmé dimanche qu'il ne restait que des obstacles "mineurs" avant un accord.
Samedi, une équipe de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et d'autres experts de l'ONU a mené une mission d'une heure à l'hôpital al-Chifa, devenu une "zone de mort" où la situation est "désespérée" en raison du manque d'eau, d'électricité, de médicaments, de nourriture et de matériel médical.
Selon l'OMS, des patients, membres du personnel médical et 2.500 personnes déplacées qui avaient trouvé refuge dans cet hôpital, l'ont quitté samedi après en avoir reçu l'ordre par l'armée israélienne. Celle-ci a assuré avoir seulement "répondu à une requête" de l'établissement.
Bébés évacués
Le Croissant-rouge palestinien a assuré que ses équipes, en coordination avec l'OMS et le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), avaient évacué dimanche "31 bébés prématurés de l'hôpital al-Chifa".
Ils devaient être transportés par des ambulances vers le sud de la bande de Gaza, a précisé l'organisation sur X (ex-Twitter).
"Trois médecins et deux infirmiers les accompagnent", a dit Mohammed Zaqout, directeur général des hôpitaux de la bande de Gaza. "Des préparatifs sont en cours pour les évacuer vers l'Egypte" via le terminal de Rafah, l'unique ouverture sur le monde du territoire palestinien qui ne soit pas aux mains d'Israël, a-t-il ajouté.
L'organisation onusienne a affirmé préparer avec ses partenaires "des plans pour l'évacuation immédiate des patients restants (à al-Chifa), du personnel et de leurs familles" vers d'autres hôpitaux de Gaza.
L'hôpital est toujours assiégé par les chars israéliens et des soldats s'y trouvent, a raconté dimanche à l'AFP Marwan Abou Saada, chef du département de chirurgie, resté sur place.
"J'ai entendu au moins deux explosions depuis le matin", a-t-il précisé.
Selon l'armée, qui a investi mercredi le complexe hospitalier, ce dernier abrite un repaire du Hamas, installé notamment dans un réseau de tunnels. Le mouvement palestinien, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, dément.
Les combats entre Israël et le Hamas se concentrent dans le nord du territoire, notamment à Gaza-ville, transformée en champ de ruines.
"Images effroyables"
L'armée israélienne a affirmé continuer "à étendre ses opérations dans de nouveaux quartiers de la bande de Gaza", indiquant avoir mené samedi des opérations dans les zones de Jabaliya et de Zaytoun, dans le nord.
Des images non datées montrent des soldats israéliens se déplacer et tirer dans un milieu urbain très dense, au milieu d'immeubles endommagés.
Dimanche, l'armée a annoncé la mort de trois soldats dans la bande de Gaza, portant à 62 le nombre de militaires tués dans ce territoire depuis le début de la guerre.
Le conflit a été déclenché par l'attaque du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien, d'une ampleur inédite dans l'histoire d'Israël. Selon les autorités, 1.200 personnes ont été tuées, en grande majorité des civils.
En représailles, Israël a juré d'"anéantir" le mouvement, son armée pilonnant sans relâche le petit territoire palestinien, où elle a aussi lancé une opération terrestre le 27 octobre.
Le Hamas a affirmé samedi que des frappes israéliennes sur le camp de réfugiés de Jabaliya, géré par l'ONU, avaient fait plus de 80 morts, dont au moins 50 dans une école hébergeant des déplacés.
"Nous recevons des images effroyables de nombreux morts et blessés encore une fois dans une école de l'Unrwa qui abritait des milliers de déplacés", a réagi le patron de cette agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, Philippe Lazzarini.
Obstacles "mineurs"
Samedi, le gouvernement du Hamas a annoncé que 12.300 personnes avaient été tuées dans les bombardements israéliens depuis le 7 octobre, incluant plus de 5.000 enfants.
Selon l'ONU, plus des deux tiers des 2,4 millions d'habitants ont été déplacés par la guerre dans la bande de Gaza, soumise à un "siège complet" par Israël depuis le 9 octobre, qui a coupé les livraisons de nourriture, d'eau, d'électricité et de médicaments.
Après le feu vert d'Israël vendredi, environ 120.000 litres de carburant sont arrivés samedi, selon l'ONU.
La plupart des Palestiniens déplacés ont fui vers le sud du territoire en emportant le minimum et tentent de survivre dans le froid qui s'installe.
Mais des frappes ont également lieu dans le sud. Samedi matin, un bombardement a ainsi fait 26 morts dans la ville de Khan Younès, d'après le directeur de l'hôpital Nasser.
Le jour de l'attaque du Hamas, quelque 240 personnes ont été enlevées et ramenées à Gaza, selon Israël.
Dimanche, le Qatar, qui mène une médiation, a affirmé qu'il ne restait que des obstacles "mineurs" en vue d'un accord sur la libération d'otages, sans fournir de calendrier.
"Les défis qui subsistent dans les négociations sont très mineurs (...) Ils sont plus logistiques, ils sont plus pratiques", a déclaré le premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, lors d'une conférence de presse à Doha au côté du chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell.
La Maison Blanche avait affirmé samedi "continuer à travailler dur" pour parvenir à une ébauche d'accord entre Israël et le Hamas.
"Solution à deux Etats"
En Israël, la pression s'accentue sur le gouvernement pour obtenir la libération des otages.
"Toutes les familles" ont obtenu de rencontrer lundi soir "l'ensemble du cabinet de guerre" israélien, a affirmé samedi le Forum des familles des otages et disparus.
Les tensions sont aussi vives en Cisjordanie occupée où au moins deux personnes ont été tuées dimanche par l'armée, selon le Croissant-Rouge palestinien.
Depuis le 7 octobre, plus de 200 Palestiniens ont été tués par des colons et des soldats israéliens dans ce territoire, selon le ministère palestinien de la Santé.
Dans une tribune publiée par le Washington Post samedi, Joe Biden a menacé d'interdire de visa aux Etats-Unis les colons "extrémistes qui attaquent des civils en Cisjordanie".
Le président américain, dont le pays est un allié-clé d'Israël, a aussi appelé à réunifier la Cisjordanie et la bande de Gaza sous une "Autorité palestinienne revitalisée", plaidant pour une "solution à deux Etats".
© Agence France-Presse
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