Confronté à un rejet massif de sa politique, François Hollande a assuré jeudi que la France allait "mieux" grâce à ses réformes et indiqué qu'il déciderait fin 2016 d'une éventuelle candidature l'an prochain en dépit de sondages hostiles.
Affirmant avoir depuis quatre ans "modernisé le pays tout en protégeant son modèle social", le président socialiste s'est félicité: "oui ça va mieux: il y a plus de croissance, moins de déficits, moins d'impôts, plus de marges pour les entreprises, plus de pouvoir d'achat pour les salariés. Voilà pourquoi je vais poursuivre jusqu'au bout", a-t-il déclaré lors d'une émission sur la chaîne de télévision publique France 2. "Je réformerai tous les jours de mon mandat, jusqu'au dernier jour", a-t-il insisté lors de cette émission de 90 minutes où, sans faire d'annonces, le chef de l'Etat voulait surtout renouer le lien avec l'opinion. Son ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, avait pourtant déclaré quelques heures plus tôt à Londres que l'exécutif avait décidé d'"arrêter une partie des réformes", sans préciser lesquelles, donnant à nouveau un signal brouillé du cap gouvernemental. Maintenant le flou sur ses intentions à un an de la présidentielle, le président a indiqué qu'il se déciderait "à la fin de l'année". Il a réaffirmé que le recul du chômage, point noir de l'économie française qui touche 10% de la population active, conditionnerait son choix d'une nouvelle candidature. Selon un sondage publié jeudi, plus de trois quarts des Français ne veulent pas qu'il se représente en 2017. Lors d'un dialogue avec un panel de Français incarnant des sujets d'actualité (une chef d'entreprise, un étudiant de gauche, la mère d'un jihadiste tué en Syrie et un électeur d'extrême droite), François Hollande s'est montré sur la défensive pour expliquer le cap de sa politique, accusé d'avoir pris un tournant libéral. 'On est bloqué' "Vous dites que la France va mieux mais comme beaucoup de Français, on a beaucoup de mal à joindre les (deux) bouts. Aujourd'hui on est bloqué, on ne s'en sort plus (...) Pour moi, la France, elle est malade", l'a ainsi apostrophé Antoine Demeyer, chauffeur de car et sympathisant d'extrême droite. Les réformes clé de son mandat accumulent les camouflets, alimentant le procès en manque de clarté et d'indécision de l'exécutif. Après quatre mois de débats qui ont déchiré son camp, François Hollande a dû enterrer fin mars un projet de réforme constitutionnelle, lancée dans la foulée des attentats de novembre à Paris, qui visait notamment à déchoir de leur nationalité française les condamnés pour terrorisme binationaux. Pis, la dernière grande réforme de son mandat, portant sur le droit du travail, a dû être vidée de ses mesures phares face à la colère de la rue. La réforme sur le droit du travail visant à réduire un chômage de masse en levant les freins à l'embauche, a été accusée par syndicats et organisations de jeunesse de précariser davantage les conditions de travail. Des manifestations, émaillées de heurts et violences, continuent de réclamer le retrait du texte. Des jeunes ont aussi initié un mouvement de contestation protéiforme baptisé "Nuit debout" sur l'emblématique place de la République à Paris, où se réunissent chaque soir des centaines de personnes et qui s'est propagé dans toutes les grandes villes du pays. "J'ai eu 20 ans et je me suis aussi à un moment mis dans le mouvement parce qu'il y avait des injustices. Je trouve légitime que la jeunesse aujourd'hui veuille s'exprimer", a commenté François Hollande, tout en défendant son action en matière d'éducation. A la fin de l'émission, plusieurs centaines de manifestants partis de République ont commis de nombreuses dégradations à Paris, brisant vitrines et abris d'autobus. Interpellé par une mère dont le fils, parti rejoindre des combattants djihadistes, est mort en Syrie, il a affirmé que "80 prêcheurs de haine" avaient été expulsés. Selon lui, 170 jeunes Français sont morts en Syrie. Sur le dossier syrien, la France est "exemplaire" depuis le début du conflit en 2012, en soutenant l'opposition et en prônant une négociation politique qui exclut le maintien de Bachar al-Assad, a-t-il assuré. A droite, le candidat à la primaire Alain Juppé (Les Républicains) a fait part de son "profond sentiment de scepticisme" à l'issue de l'émission tandis que la présidente du Front national Marine Le Pen a déploré "un nouveau grand ratage présidentiel qui en aucun cas ne redonnera espoir aux Français". Si le chef de l'Etat n'a jamais été populaire depuis son élection en 2012 à l'exception de brèves périodes suivant les attentats jihadistes de 2015, les dernières enquêtes d'opinion reflètent sans détour l'hostilité des Français: 87% des Français jugent son bilan négatif. Avec AFP
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