Ce n’est pas sur la requête du gouvernement que certaines familles sont nombreuses. Quatre mamans expliquent qu’elles en ont cinq enfants ou plus par amour. Leur quotidien n’est certes pas de tout repos, mais elles misent sur une bonne organisation. Elles persévèrent pour offrir un bon avenir à leurs progénitures.
Dorinne Phokeerdas, 49 ans, mère de onze enfants : « Chaque enfant a été pour moi un cadeau »
Être maman n’a pas été une tâche facile pour Dorinne Phokeerdas, mais s’il fallait recommencer, elle le ferait sans réfléchir. « Chaque enfant a été pour moi un cadeau de Dieu, ce sont eux qui m’ont donnée le courage et la force d’avancer. » Ils sont onze et âgés de 11 à 33 ans.
« J’ai été la mère et le père dans la maison pendant 31 ans. » Dorinne vient d’une famille modeste. Cette femme de 49 ans raconte son enfance. « J’ai commencé à travailler à l’âge de 11 ans, lorsque ma mère est tombée malade et que j’ai dû la remplacer comme bonne. À 14 ans, j’ai mis un terme à ma scolarité pour subvenir aux besoins de la famille et assurer l’éducation de mes trois frères et sœurs qui sont plus jeunes. »
Elle travaillait dans une usine lorsqu’elle tomba enceinte de sa fille. « C’était en 86. Déjà à l’époque ma vie n’était pas facile, car mon mari était violent et ma belle-famille ne m’aimait pas. » Malgré ces déboires, elle n’a pas baissé les bras.
« J’ai connu des hauts et des bas, j’étais continuellement stressée, car j’étais allergique aux contraceptifs et contre l’avortement. Mais, à chaque naissance, chaque enfant me comblait de joie et me faisait oublier le calvaire du quotidien », confie-t-elle.
Cette mère de 49 ans n’a pas hésité à faire des sacrifices pour le bonheur de ses enfants. « Ma plus grande, Francesca, surveillait les enfants pendant que j’allais travailler. » En effet, Dorinne travaillait comme marchand ambulant. « Je prenais le bus avec des sacs de chemises et de pantalons pour aller les vendre dans les foires. »
Elle vendait des fleurs, participait à des marchés aux puces et essayait de joindre les deux bouts par tous les moyens possibles. « À un moment, je ne pouvais plus payer le loyer et je me suis retrouvée à la rue ». Elle recevra l’aide de Brigitte Michel, alors qu’elle était la bénéficiaire de SOS village. « Il arrivait que mes enfants prennent part à des examens avec seulement une tasse de thé sur l’estomac. À l’heure des résultats, j’étais angoissée, mais je n’ai jamais été déçue. »
Aujourd’hui ses enfants volent de leurs propres ailes et elle est grand-mère de sept petits-enfants. Trois de ses enfants sont toujours à l’école, deux sont en formation et les six autres travaillent. « Ils vivent dans un appartement. Les plus grands ont pris sous leurs ailes les petits. Ils me disent que j’ai assez fait pour eux, que j’ai bien souffert et qu’il est tant que je pense à moi ».
Elle dit pourtant n’avoir aucun regret. « Mon plus beau cadeau c’est qu’ils aient accepté que je refasse ma vie. Ce dimanche, nous nous rencontrerons autour d’un repas familial. »
Shirley Julie, 54 ans, mère de sept enfants : « Il ne faut surtout ne pas se laisser habiter par la négativité »
Axelle, Martine, Anne-Claire, Jean-Luc, Vincent, Séverine et Romain ont entre 17 et 32 ans. Shirley Julie est fière d’être leur maman. Cette enseignante en primaire a trouvé l’équilibre entre sa vie de mère et sa vie professionnelle. Aujourd’hui que ses enfants sont grands, elle est la mère de ses 35 élèves. « J’ai réalisé qu’être maman d’une famille nombreuse m’a aidée dans mon travail et vice-versa. Au boulot, je me demande souvent ce que j’aurais fait si c’était mon enfant. »
Shirley, 54 ans, est devenue mère pour la première fois à 21 ans. Ella a été épaulée par sa mère infirmière et son mari. « Nous avons appris sur le tas et avec le temps nous étions déjà prêts lors de chaque accouchement. »
L’organisation prend une autre tournure dans une famille nombreuse. Les repas étaient préparés la veille et au réveil c’est le papa qui était au fourneau. Si les quatre premiers enfants étaient des choix réfléchis, les autres sont tombés dans des moments de projets.
« J’ai allaité mes sept enfants et à l’époque nous n’avions pas les moyens d’acheter des couches et nos enfants ont porté des langes, que mon mari lavait.» Les choses sont devenues plus simples lorsque les enfants ont grandi, car ils jouaient ensemble.
« Après Séverine, l’arrivée de Romain, six ans plus tard, était inattendue, mais un cadeau. Il fallait entrer dans le bain à nouveau. Heureusement que nous avons eu le soutien des proches. »
Comme les Julie n’avaient pas de voiture au début, les sorties se limitaient à des marches jusqu’au jardin. « Avec le temps quand nous avons eu une voiture, chaque enfant faisait des activités extrascolaires. Mon mari était presque tous les jours sur la route. »
Aujourd’hui, seuls trois enfants vivent encore chez le couple. « Nous nous faisons un devoir de nous rencontrer pour un déjeuner ou une sortie une ou deux fois par mois. » Pour Shirley, le plus important lorsqu’on est mère d’une famille nombreuse c’est de ne jamais se laisser dépasser, savoir demander de l’aide, se ressourcer et surtout ne pas se laisser habiter par la négativité. « Il faut savoir se reposer lorsqu’on est fatigué. »
Angelica Riche, 31 ans, mère de six enfants : « Nous avons un système de rotation pour les tâches ménagères »
Angelica Riche a connu des moments de tristesse tout comme des moments de bonheur. Pour rien au monde, elle ne compte revenir en arrière pour changer le passé. Cette habitante de Trou-d’Eau-Douce a six enfants. Ils sont Jamelia, 14 ans, Louna, 13 ans, Rwan-Carlos, 10 ans, Miguellia, 7 ans, Liam’s, 4 ans et Ky Mani, 2 ans. « Chaque prénom a été inspiré d’un caractère de mes télénovelas préférés », fait-elle observer avec le sourire. Sa vie pourrait d’ailleurs inspirer un feuilleton télévisé.
À 17 ans, elle tombe amoureuse de son concubin. Elle est enceinte de lui, mais veut à tout prix passer ses examens de School Certificate. Ensuite, elle met fin à sa scolarité pour se concentrer sur sa nouvelle famille. Trois autres enfants viennent au monde. Mais dix ans après, son concubin décède. Angelica Riche a du mal à accepter cette disparition, mais elle doit penser au bien-être de ses enfants. Elle fait de petits boulots pour subvenir aux besoins de sa famille. Elle est ‘attendant’ à l’hôpital de Flacq.
Trois ans après, elle a le courage de refaire sa vie. Mais l’idylle ne dure qu’une année. « J’étais enceinte de quatre mois et mon concubin était violent. Je n’en pouvais plus de cette relation toxique », raconte-t-elle.
Deux ans plus tard, elle fait une nouvelle rencontre. Il s’appelle Jonathan Villemain. Le couple a un enfant. « Jonathan accepte mes enfants comme les siens. Il m’aide à prendre soin d’eux et me soutient. Dès fois, les deux aînés n’apprécient pas quand Jonathan est sévère sur certaines choses. Il prend le temps de leur expliquer qu’il ne souhaite que leurs biens », indique-t-elle.
La jeune maman travaille selon un système de rotation – 7 à 16 heures, 7 à 18 heures ou 18 à 6 heures. Tous les matins, elle se réveille à 4h30. « Je réveille les enfants. Ils vont se préparer pendant que l’un d’eux va acheter le pain. Je prépare ensuite sept pains pour le déjeuner. Si les grands ont déjà enfilé leur uniforme, ils vont aider les petits à s’activer. On doit quitter la maison au plus tard à 6h30. Je dépose ceux qui sont en primaire chez une amie. Elle va s’assurer qu’ils se rendent à l’école à l’heure convenue », raconte-t-elle. Dans l’après-midi, elle prépare le dîner et les enfants se concentrent sur leurs devoirs.
« Ce n’est pas évident de s’occuper de plusieurs enfants. Mais être maman est la plus belle chose qui me soit arrivée. Je n’ai pas le temps de prendre soin de moi ou de sortir pour aller danser, par exemple, même si j’aime les bals. J’ai coupé mes cheveux courts pour ne pas aller au salon trop souvent », dit-elle.
Angelica Riche fait ressortir que ses enfants comprennent qu’elle n’a pas toujours les moyens de satisfaire tous leurs besoins. « Si ce mois, je vais acheter une chose que la grande m’a demandée, le mois prochain, je préfère donner à un autre ce qu’il m’a demandé. Je travaille pour leur offrir une bonne éducation, car c’est la clé pour un avenir meilleur », explique-t-elle. Tout repose aussi sur une bonne organisation. « Nous avons un système de rotation pour les tâches ménagères. Si un effectue la vaisselle cette semaine, un autre prendra le relais ensuite », dit-elle.
Ce dimanche, Angelica Riche a prévu un déjeuner avec ses enfants et son concubin chez sa mère. Dans l’après-midi, elle se rendra au travail.
Sonia Leong Son, 49 ans, mère de cinq enfants : « Le Seigneur est mon berger »
Sonia Leong Son ne fait pas son âge ! Elle est connue dans le domaine du fitness à Maurice. Elle est aussi mère de cinq enfants: Julien (24 ans), Judith (21 ans), Boris (19 ans), Ludivine (16 ans) et Benoît (11 ans). Bien qu’elle ait toujours été gaga devant les bébés et les enfants, fonder une famille nombreuse n’était pas planifié. Lors des cinq premiers mois de chacune de ses grossesses, elle était malade et arrivait à peine à marcher. Ce n’était que pendant le dernier trimestre qu’elle pouvait animer ses classes de fitness et reprendre des activités.
« Cela fait quelque temps depuis que je vis avec les trois petits, les deux aînés travaillent déjà et sont indépendants. Mais quand mes enfants étaient plus jeunes, c’était plus épuisant physiquement. Toutefois, le fait qu’ils étaient nombreux et assez rapprochés en âge faisait qu’ils passaient beaucoup de temps à jouer et à se chamailler aussi. Donc, ils ne s’ennuyaient pas », relate cette habitante de Roches-Brunes.
En effet, les enfants pratiquaient le vélo, le roller-blade, le skate-board, sautaient à la corde, jouaient au foot, surtout les trois garçons, et au tennis presque tous les week-ends. En été comme en hiver, la famille s’amusait au bord de la mer et admirait les poissons en plongeant en apnée et cela leur faisait du bien.
« Mais je devais toujours avoir un œil sur eux, les circonstances de la vie ayant fait que j’étais souvent seule à m’occuper des enfants. Mon emploi du temps me permettait heureusement de profiter d’eux durant la journée et aussi pendant les vacances, mais le soir il fallait que j’aille donner mes cours. Dieu a mis sur ma route des personnes magnifiques qui ont été d’une aide précieuse pour les garder et gérer les tâches domestiques », fait-elle ressortir.
« C’était un plaisir de pouvoir les déposer et les récupérer pendant les années maternelles et les emmener jouer au jardin Balfour, choisir des livres à la bibliothèque et profiter du temps avec eux. Mais comme j’avais pendant longtemps un petit à la maison, je ne pouvais faire le transport très tôt, donc à partir du primaire, le van scolaire prenait le relais », ajoute-t-elle.
« Quand ils sont chez leur papa, je profite pour aller recevoir mon seigneur dans mon cœur dans le sacrement de l’eucharistie très tôt le matin. Ma relation avec mon créateur, mon berger et mon maître est la source de ma paix, de ma joie et de mon énergie », poursuit-elle.
Depuis une année, Sonia Leong Son traverse une période difficile. « À travers ces épreuves, j’ai pu vivre des grâces. Le seigneur a mis des anges sur ma route et même mes enfants me soutiennent à leur façon. » C’est aussi un privilège pour elle de pouvoir humblement mettre ses talents au service de son seigneur qu’elle aime et aussi de les transmettre à son prochain. Le social est aussi une autre de ses passions.
« La coquetterie n’a jamais été une de mes priorités. Quand les enfants étaient petits, je me coupais les cheveux une fois par an ou tous les deux ans. Même aujourd’hui, je fais le strict minimum. »
Ce dimanche, ses enfants et elle iront à la plage. « Ma maman, mes trois frères et sœurs ainsi que leurs enfants seront de la partie. Nous partagerons un repas simple pour le déjeuner. Le plus important étant la joie d’être ensemble. Ma famille a toujours occupé une place importante dans ma vie et, pour la fête des Mères, je serai avec elle », dit-elle.
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