Escroquerie sur fond de sorcellerie : une retraitée remet Rs 1,2 M à trois femmes pour conjurer un mauvais sort

• Adèle* : « Zot inn retourn mwa enn sak ranpli ar ros ek papie lagazet » 

Adèle, habitante de la capitale âgée de 76 ans, s’est retrouvée piégée dans une arnaque orchestrée par trois Chinoises. Elles l’avaient convaincue que son fils était menacé par un mauvais sort. Pour conjurer ce sort, la vieille dame leur a remis des bijoux et de l’argent à hauteur de Rs 1 200 000. Ce n’est que le lendemain qu’Adèle a découvert la supercherie. Elle a alerté la police.

Elle ne sait plus à quel saint se vouer. Convaincue que le sort allait s’abattre sur son fils, Adèle (prénom fictif), une habitante de la capitale âgée de 76 ans, a remis ses bijoux valant Rs 400 000 et une somme de Rs 300 000 (dans un premier temps) à trois femmes qui lui semblaient être d’origine chinoise et qui s'exprimaient couramment en mandarin. 

Les faits se sont produits dans la journée du mardi 16 avril à Port-Louis. Elle marchait dans les rues de la capitale quand les trois femmes l’ont abordée. Au départ, elles lui ont demandé l'emplacement d'un cabinet médical, puis d'un autre. Elle a spontanément répondu à leurs questions. Profitant de la conversation, l'une des arnaqueuses s’est mise à parler de légendes chinoises à Adèle, et les trois femmes l'ont convaincue de les accompagner, arguant que c'était le 16 avril. L'une d'elles a alors attrapé le bras d'Adèle, tout en marchant à ses côtés.

Dans un premier temps réticente, Adèle a finalement accepté d'accompagner les trois femmes, malgré ses doutes. « Ou garson pou gagn boukou problem. Mo granper kapav kass sa move sor-la… » Alors qu'elles la guidaient vers le Jardin de la Compagnie, elles ont convaincu la septuagénaire de s'asseoir avec elles sur un banc où elles ont commencé à lui conter que son fils était victime d'un mauvais sort et qu’il était exposé à des conséquences désastreuses si « pa kas sor-la ». Angoissée, Adel s'est peu à peu laissée convaincre par ces femmes qu’elle croyait être des bienfaitrices.

Pour les  besoins du désenvoûtement, les trois Chinoises ont demandé à Adèle d’apporter tous ses bijoux et l’argent liquide qu’elle avait à la maison. « Pena traka ou. Larzan ek bizou-la pou res ar ou mem. Ou zis bizin amenn li ar ou », a laissé entendre l’une des arnaqueuses. Dos au mur par ces troublantes révélations, la vieille dame a fini par accepter et a conduit l’une des femmes à son domicile. Elle lui a remis des bracelets, des chaînes et des bagues en or, le tout valant Rs 400 000. Adèle a aussi remis une somme de Rs 300 000 qu’elle avait à la maison.

Une fois en possession des Rs 300 000 et des bijoux en or, les trois femmes, ayant convaincu la retraitée qu’elle était aussi la cible d’un mauvais sort, lui ont demandé de se rendre à la banque pour faire un retrait de Rs 500 000. Ce qu’elle a fait. L’une des femmes a sorti un sac noir et a demandé à Adèle de mettre tout l’argent à l’intérieur. « Fini fer enn travay ar sa sac-la, bizin met tou larzan ladan pou kas sa malediksion-la », a laissé entendre une femme. Pour se rendre plus crédibles, les trois femmes ont remis une bouteille d’eau à Adèle, en affirmant qu’il s’agissait de l’eau bénite. Elles lui ont demandé de se laver les mains avec afin d’enlever toutes les mauvaises ondes et autres persécutions.

Avant de la quitter, les femmes lui ont expliqué qu’elles comptaient lui rendre ses sous et ses bijoux. Au bout d’environ une heure, elles ont effectivement rendu le sac à Adèle. « Ou bizin ouver sak-la apre siz zour », ont-elles ajouté. La retraitée est rentrée chez elle. Mais une petite voix dans sa tête lui disait qu’elle avait fait une bêtise. « Enn nwit monn panse sa. Mo pann kapav dormi », a raconté Adèle. Le lendemain, rongée par le doute, la vieille dame a ouvert le sac. C’est avec effroi qu’elle a découvert des pierres et de liasses de « papier journal ». Elle a immédiatement alerté la police. La Criminal Investigation Division (CID) de Port-Louis Sud et le Field Intelligence Office (FIO) ont été alertés.