Il faut une réforme en profondeur de l’économie avant qu’il ne soit trop tard, a souligné l’économiste Eric Ng. C’était lors de l’émission Au cœur de l’info, animée par Jane Lutchmaya mercredi.
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« L’État doit agir comme facilitateur pour le développement de l’entrepreneuriat et ainsi engendrer la richesse », a soutenu l’économiste Eric Ng, auteur du livre « Un Malade Imaginaire, Au chevet de l’économie mauricienne ». Il a été très critique envers la politique économique en cours et a appelé à une réforme en profondeur tant qu’il est encore temps. Selon lui, les aides sociales deviennent souvent des acquis, alors qu’elles devraient être ponctuelles. « Quand cela devient un acquis, il sera difficile pour le gouvernement de le supprimer. Cependant, il faut le faire afin d’assainir la situation financière du pays avant qu'elle ne devienne plus grave et qu’il soit difficile de retirer les aides sociales », a-t-il expliqué.
Pour lui, les aides sociales auraient dû être supprimées une fois la crise sanitaire passée, car une aide publique ne peut être permanente. Eric Ng est également d’avis qu’il faut un changement profond afin de soutenir l’État. Car avec le vieillissement de la population, il sera de plus en plus difficile de continuer à financer les allocations sociales. Cela est d’autant plus problématique que le gouvernement a puisé dans le fonds de la Contribution sociale généralisée (CSG), au lieu du Consolidated Fund, pour payer les allocations, a-t-il dit.
L’économiste a également égratigné le secteur privé, qu’il juge insuffisamment innovant et trop dépendant du soutien de l’État. « Le secteur privé ne doit pas seulement défendre ses intérêts, mais aussi proposer des solutions et participer aux débats, sans attendre que sa propre situation soit menacée pour faire entendre sa voix », a-t-il déclaré. Il a déploré que certaines entreprises, qui n’étaient pas viables financièrement avant la pandémie de Covid-19, aient reçu une aide publique pendant la crise.
L’économiste Kevin Teeroovengadum a fait ressortir que nos compétiteurs régionaux dans le secteur touristique font mieux que Maurice, qui, contrairement à eux, n’a pas de plan stratégique. « Les pays de la région tels que les Maldives et les Seychelles ont un plan d’action qui est exécuté, ce qui leur permet de nous surpasser en termes d’arrivées et de recettes touristiques », a-t-il indiqué. Il a affirmé que les acteurs touristiques de Maurice ne sont pas au courant du plan d’action et de la vision du secteur, et ils ne font que « batt bate ». Pour lui, les autorités doivent proposer un plan stratégique clair pour le développement de l’emploi et pour augmenter les revenus. Ce, afin de réduire la dette publique qui continuera de croître si aucune mesure n’est prise, a-t-il fait comprendre.
Amit Bakhirta, CEO d’Anneau, a quant à lui plaidé en faveur d’une plus grande indépendance au niveau des institutions telles que la Banque de Maurice. La politique monétaire du pays doit être révisée et s’aligner sur les marchés internationaux. Il est également d’avis qu’un contrôle des prix, qui n’est pas préconisé en temps normal, doit être mis en place, car certains pratiquent des prix démesurés alors que le prix du fret, entre autres, a baissé. Cela ne se reflète pas sur les produits importés, a-t-il affirmé.
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