Ce dimanche, une histoire inspirante. Celle de Medha Juggessur. Manager à Nature Sculpt, elle a un caractère aussi vibrant que les plantes cultivées dans cette pépinière à Calodyne. En moto avec elle, nous avons vécu une aventure magique au cœur d’une nature unique.
Il est 6 heures du matin en ce mardi 8 août et nous sommes déjà à Petit-Raffray, chez Medha Juggessur. Nous sommes accueillis par les aboiements de ses chiens. Dès que nous franchissons la porte, son griffon nain, « Mouchemache », file à toute vitesse pour se cacher sous un bahut dans la cuisine.
Âgée d’une trentaine d’années, Medha Juggessur est la Manager de Nature Sculpt, une pépinière établie à Calodyne depuis 25 ans. Qui est-elle ? Pourquoi, a-t-elle choisi de faire ce métier ? Autour d’une tasse de café et d’un petit-déjeuner préparé spécialement pour nous, elle nous dévoile sa vie quotidienne et sa profession.
« Vous vouliez comprendre ma vie de tous les jours, la voici ! Ici, on n’a pas de croissants pour le petit-déjeuner mais des faratas et des caris faits maison », lance-t-elle en riant. Nous pouffons de rire et nous nous prêtons au jeu. Au menu : un cari de légumes avec des pistaches, un rougail de champignons et des faratas. Pour nous, végétariens, c’est un pur bonheur !
Pendant ce repas, nous en profitons pour en savoir plus sur sa routine matinale. Medha Juggessur explique qu’elle se réveille tous les jours à 4 heures du matin.
« Gramatin kouma mo leve, bizin fer louvraz », dit-elle avec un brin d’humour. Eh oui, comme tout le monde, elle a ses responsabilités à la maison avant de se rendre au boulot.
Pour nous amuser, elle ajoute : « Mo met osi enn mask. »
« Un masque à cause de la poussière ? » plaisantons-nous. « Mais non ! Je m’applique un masque pour le visage. C’est du ‘multi-tasking’ tout en étant jolie », s’esclaffe-t-elle.
Après un café, elle file à la salle de bains pour une douche froide. Elle s’habille, se maquille et prépare son sac. Assise dans sa chambre, Medha Juggessur ouvre ensuite son ordinateur et passe en revue jusqu’à 7 h 15, les tâches à l’agenda de cette nouvelle journée de travail.
Vers 7 h 45, elle enfile son coupe-vent, fait un câlin à « Mouchemache » et enfourche son scooter. Elle nous tend un casque. Devant notre enthousiasme pour ce « Bike Ride », elle nous prévient : « Le trajet jusqu’à mon lieu de travail fait moins d’un kilomètre. Ça ne prendra que cinq minutes. » Elle démarre en trombe et nous voilà partis pour cette folle aventure.
À peine avons-nous quitté son domicile qu’il commence à pleuvoir. Medha Juggessur s’arrête près d’une boutique pour nous donner un imperméable. Nous l’enfilons et reprenons la route. Nous serpentons sur le bitume sur la route. Prudente, notre conductrice prend aussi un malin plaisir à augmenter la vitesse pour nous faire vivre davantage de sensations à moto.
Au boulot
Huit minutes plus tard, nous arrivons à la pépinière Nature Sculpt. Après avoir garé son scooter, Medha Juggessur se dirige vers son bureau. Elle nous commande une eau de coco auprès d’un des employés. Nous recevons la noix de coco avec une paille en bambou.
Cela fait cinq ans que Medha Juggessur, armée de sa passion pour la nature et de sa détermination inébranlable, travaille à Nature Sculpt. « En tant que Manager de la pépinière, mon rôle est de m’assurer que Nature Sculpt n’est jamais à court de plantes. Je maintiens un environnement impeccable et je suis dévouée à la satisfaction des clients, en les aidant à choisir des plantes adaptées à leurs besoins personnels ou à leurs projets. »
Dès son arrivée au bureau, elle se prépare une infusion de thé et un jus frais aux graines de chia. Après avoir vérifié ses e-mails, elle effectue une inspection des plantes dans la pépinière, avant d’animer une brève réunion avec son équipe pour s’assurer du bon déroulement des activités. Ensuite, elle s’attelle à la rédaction des rapports et rencontre son directeur pour évaluer les opérations de la pépinière.
Pendant une courte pause, elle échange avec sa mère, Dhaneshwaree, ou sa meilleure amie, ce qui la motive et lui insuffle l’énergie nécessaire pour poursuivre sa journée de travail. Par la suite, elle supervise physiquement le travail de son équipe et les laisse travailler en toute confiance. Si des projets doivent être finalisés, Medha Juggessur s’assure de les mener à bien en collaboration avec son directeur.
Étant donné que les activités de Nature Sculpt englobent la propagation des plantes et la gestion de l’inventaire des plantes et des outils, elle doit également assurer la surveillance et le suivi des ventes. De plus, elle veille à enregistrer les détails des visiteurs afin de stimuler les ventes et à ga-*rantir que les factures et les suivis sont effectués jusqu’à la réception des paiements.
Développer des stratégies de promotion des ventes, guider son équipe lors des inventaires biannuels et optimiser les opérations de la pépinière à tous les niveaux font également partie de ses responsabilités. Elle doit de plus veiller à ce que toutes les plantes quittant la pépinière soient en bonne santé et conformes aux spécifications de vente.
Véritable encyclopédie vivante, Medha Juggessur connaît une liste impressionnante de noms scientifiques de plantes. Son expertise dans le domaine des végétaux trouve ses racines dans l’engagement de ses grands-parents, Prem et Soobhowtee Ramlagun, dans la culture des légumes. « Leurs conseils et mon exposition aux plantes dès mon jeune âge ont éveillé ma passion pour ce domaine. Grâce à mes études universitaires en agriculture, à l’expérience pratique et au soutien de mes directeurs Chloé De Guardia Tyack et Cyril De Guardia, j’ai acquis la connaissance des noms scientifiques et développé une compréhension approfondie du règne végétal. »
Pour Medha Juggessur, Nature Sculpt est bien plus qu’une pépinière, c’est son sanctuaire. La présence des oiseaux, des lièvres, des guêpes, des abeilles et des papillons crée une ambiance « amazonienne ». C’est là qu’elle puise son inspiration, sa joie et un sentiment d’appartenance : « L’énergie émanant de la pépinière est envoûtante. Ici, nous sommes libres de prospérer, encouragés par une camaraderie symbiotique qui transcende les limites, favorisant la croissance personnelle et une connexion inégalée avec le monde naturel. »
En plongeant dans la vie de Medha Juggessur, à travers les rues de Petit-Raffray jusqu’à la pépinière florissante où elle travaille à Calodyne, nous découvrons bien plus qu’une routine quotidienne. Son histoire capture l’esprit d’une jeune femme passionnée par son métier.
Un parcours inspirant
Issue d’une famille modeste, Medha Juggessur partage que son père, Manoj, est ébéniste dans un hôtel, tandis que sa mère a travaillé auparavant dans une école. Sa mère l’a toujours guidée en lui inculquant des valeurs profondes qui l’ont poussée à travailler assidûment dès son adolescence.
C’est ainsi que pendant les périodes de vacances scolaires, elle a travaillé chez des particuliers à Cap-Malheureux pour un modeste salaire de Rs 3 500. De cette somme, elle ne gardait que Rs 500 pour elle-même, reversant le reste à sa mère pour les dépenses familiales. Son sens des responsabilités et de l’économie lui a permis de financer ses études en agriculture à l’université, dont les frais s’élevaient à Rs 125 000 par semestre.
Ses premières expériences professionnelles l’ont amenée à occuper le poste d’Import and Export Officer, où elle a développé des compétences dans le domaine du commerce international. Ensuite, elle a travaillé pendant une décennie au sein d’une entreprise pharmaceutique, avant d’évoluer vers un poste de Marketing Executive.
Dans ses débuts à la pépinière Nature Sculpt, Medha Juggessur a commencé en tant que clerc. Au fil du temps, elle a gravi les échelons et depuis un an et demi, elle occupe le rôle de Manager de la pépinière, où elle se distingue comme une force motrice.
Balade dans la pépinière de 10 000 m2
La superficie de la pépinière Nature Sculpt, dont les directeurs et propriétaires sont Cyril De Guardia et sa fille, Chloé De Guardia Tyack, s’étend sur 10 000 mètres carrés, abritant environ 800 000 plantes réparties en plus de 600 variétés différentes. En parcourant les allées, nous sommes plongés dans un havre de beauté et de sérénité. Notre promenade débute par la découverte de plantes endémiques telles que le Bois de Rat, le Bois de Mozambique, le Bois Café, le Bois d’Olive, le Bois d’Ébène Blanc, le Bois d’Ébène Noir, ainsi que le Trochetia Boutonnia. Ensuite, nous explorons les produits issus des terres enrichies et du compost de la marque Soil Plus, une filiale de Nature Sculpt. En chemin, nous découvrons des quartz d’Égypte et des pavés japonais fabriqués à partir des roches des champs de canne par Nature Sculpt.
Un peu plus loin, nous apercevons des palmistes, des plantes idéales pour les haies, des arbres fruitiers comme le combava et le citronnier de Rodrigues, ainsi qu’un arbre à pain. Cependant, c’est le majestueux Vacoas vieux de 20 ans qui attire notre attention. Nous apprenons que ses feuilles servent à attacher des tuteurs aux nombreuses plantes de la pépinière.
Nous passons à la section des fines herbes et des plantes médicinales. Nous découvrons même le Doliprane. « Il suffit de cueillir trois feuilles et de les infuser dans de l’eau chaude », nous explique Medha Juggessur. Notre exploration se poursuit avec les crotons et les dattiers nains, entre autres variétés.
Après avoir parcouru environ 100 mètres, nous atteignons la zone de propagation des plantes. « Chaque mois, nous produisons entre 25 000 et 30 000 plantules et plantes », précise la Manager de la pépinière
Nous avons l’impression d’être plongés dans une forêt amazonienne. Nous y découvrons des centaines de cocotiers et de palmistes de 10 à 12 mètres de hauteur qui s’épanouissent dans un microclimat particulier. Cyril De Guardia, qui nous a entre-temps rejoints en compagnie de sa fille Chloé De Guardia Tyack, fait ressortir que ce microclimat joue un rôle essentiel dans la dynamique écologique de Nature Sculpt. « Ces subtils changements climatiques à l’échelle micro influencent la croissance des plantes, la santé du sol, le cycle des nutriments ainsi que l’activité de la faune », souligne-t-il.
Poursuivant notre balade, nous découvrons des Cycas, une espèce rare de Rose Porcelaine Torche, ainsi que des Redlipstick Palm, et bien d’autres encore. À l’intérieur de la serre, nous observons des plantules, des plantes d’intérieur, des jasmins étoilés parfumés tels que le jasmin du jour et le jasmin de nuit. « Diverses plantes issues de boutures ou de semis sont cultivées dans la serre avec un contrôle minutieux de l’humidité pour optimiser leur taux de réussite », indique Cyril De Guardia.
Il nous montre un grand avocatier. « Nous récoltons entre 500 et 600 avocats que nous fournissons aux restaurants des hôtels », dit-il. Nous passons également devant des plantes qui sont louées pour des événements tels que mariages, anniversaires, événements gouvernementaux et tournages de films, entre autres.
Un peu plus loin, nous apercevons des Ficus Lirata et des Muguet Japonais. Au cours de notre promenade à Nature Sculpt, nous découvrons aussi des lataniers bleus (Bismarckia Nobilis), des Philodendron Xanadu, des Oliviers d’Europe, des plantes Citron Caviar, de l’Acérola (Malpighia Emarginata), de la Cordyline (Chocolate), des Veloutier Velours (Tournefortia Argentea), de la Jonc (Rhaphis Excelsa), ainsi que des plantes endémiques comme le Raisinier bord de mer (Coccoloba Uvifera).
« Ici, nous effectuons la propagation de diverses plantes avec un soin méticuleux, en utilisant des techniques de pointe pour assurer leur bien-être. Nous sommes engagés dans des pratiques durables, en employant des outils et des méthodes visant à réduire au maximum la pollution sonore », souligne Cyril De Guardia.
Les feuilles sont récoltées et décomposées pendant 4 à 5 mois pour produire du compost. Ce compost est ensuite utilisé pour enrichir le sol et les plantes de la pépinière.
Et c’est par la récolte de tamarins doux (Tamarindus Indica) que notre visite à Nature Sculpt se termine.
Entreprise florissante
Après avoir œuvré pendant de nombreuses années dans le secteur textile, Cyril De Guardia révèle que sa famille a fondé Nature Sculpt il y a 25 ans par amour des plantes et des arbres. « Animés par notre fascination pour les merveilles de la nature, nous avons fait de cette passion notre mission en la partageant avec le public », confie-t-il.
Depuis ses débuts, Nature Sculpt a prospéré pour devenir un centre d’excellence botanique, s’étendant sur une vaste superficie. L’équipe est composée d’un architecte paysagiste, d’un agronome, d’un expert en irrigation, d’un spécialiste de l’entretien des jardins, d’une équipe de jardiniers expérimentés et d’un service administratif. « Notre objectif est de fournir des plantes de haute qualité et des services d’aménagement paysager pour que l’environnement intérieur ou extérieur soit toujours attrayant », soutient Cyril De Guardia.
En effet, poursuit-il, « notre engagement va bien au-delà du simple aménagement paysager traditionnel. Nous proposons une gamme variée de services, notamment l’entretien et le développement de paysages pour les maisons, les hôtels, les espaces publics et les projets immobiliers. De plus, notre offre unique réside dans la location de plantes pour des occasions spéciales, apportant une élégance verdoyante aux mariages, aux expositions, aux défilés de mode, et bien plus encore ».
Sa fille Chloé et lui ont pour vision de révolutionner l’industrie du paysage. « Avec un engagement inébranlable envers nos clients et leurs aspirations, nous redéfinissons l’expérience des services paysagers. Notre expertise chevronnée guide de manière fluide nos clients à travers chaque étape, de la conception au développement, de l’entretien à l’amélioration, nourrissant ainsi les paysages tout au long de leur cycle de vie », met-il en avant.
En ce qui concerne la gamme de services proposés, Cyril De Guardia évoque une compréhension approfondie des plantes adaptées au climat de Maurice et une expertise en propagation à partir de boutures ou de semis, incluant les techniques en serre. De plus, une connaissance approfondie de l’aménagement paysager optimisant l’utilisation des sols est mise en avant. Nature Sculpt propose une gestion habile des ressources en eau, incluant les systèmes d’irrigation automatique. « Nous proposons également l’harmonisation des paysages avec les principes du Feng Shui », précise-t-il.
Medha Juggessur ajoute que Nature Sculpt propose également une installation novatrice de murs végétaux pour un bien-être accru. Elle souligne que le portefeuille étendu de services englobe l’aménagement paysager, l’irrigation, la gestion de la pépinière, l’entretien, la conception d’aménagements durs, la taille des arbres et des projets d’aménagement paysager à grande échelle.
En ce qui concerne la clientèle, Cyril De Guardia insiste sur le fait qu’il n’y a pas de catégories spécifiques.
« Tous les clients sont traités de la même manière, que ce soit pour une vente de Rs 100 ou de Rs 100 millions. »
La pépinière est ouverte 7 jours sur 7, de 8 heures à 16 heures.
Vortex naturel
Au sein de la pépinière, Cyril De Guardia nous a présenté un vortex naturel orné de pierres gravées avec les symboles des chakras humains. Cet espace offre aux visiteurs de la pépinière un endroit ombragé propice à la méditation et à la contemplation de la nature. De plus, il permet de ressentir les vibrations énergétiques, tout en étant entouré de plantes endémiques, en particulier de l’Acérola qui produit des fruits. Ces derniers, similaires à la « roussaye », ne sont ni acides ni aigres. « Ce fruit équivaut à trois oranges en termes de vitamine C », nous informe Medha Juggessur.
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