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Enregistrements téléphoniques : des dispositifs d’écoute commandés en mars 2014

La mallette IMSI-Catcher, permettant d’intercepter des conversations téléphoniques dans un large périmètre.

La page « Missier Moustas », à l’origine de la diffusion d’enregistrements téléphoniques sur les réseaux sociaux, a été désactivée. Cependant, les vidéos révélatrices restent toujours disponibles sur le réseau social TikTok, accentuant ainsi l’agitation publique autour de cette affaire. Les enregistrements en question, qui suscitent actuellement de vives réactions au sein de la population mauricienne, rappellent que les écoutes téléphoniques ne sont pas un phénomène nouveau à Maurice.

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Si cette affaire suscite une onde de choc aujourd’hui, il est important de noter que des pratiques d’écoute téléphonique ont toujours existé, peu importe le gouvernement en place. 

En 1995, lors de l’accession au pouvoir de l’alliance Parti travailliste-Mouvement militant mauricien (PTr-MMM) sous la direction de Navin Ramgoolam, un nouveau pas est franchi avec l’introduction de technologies de pointe. Le NSS s’équipe alors des systèmes de surveillance de la firme israélienne Verint, reconnue pour son expertise en matière d’écoutes téléphoniques. Malgré une certaine réticence initiale, le Premier ministre Ramgoolam accepte finalement l’utilisation de ces équipements sophistiqués, notamment la mallette IMSI-Catcher, permettant d’intercepter des conversations téléphoniques dans un large périmètre.

Ces équipements, bien qu’en constante évolution, ont parfois révélé des lacunes, comme en 2005, lorsque des disques durs et autres appareils ont disparu après la réélection de Navin Ramgoolam. À chaque nouveau mandat, des efforts ont été faits pour moderniser les systèmes d’écoute, le dernier en date étant en mars 2014, avec l’acquisition de neuf mallettes IMSI-Catcher de dernière génération.

Le « Monitoring Main Centre », cœur névralgique de la surveillance mauricienne, se trouve aux Casernes centrales

L’actuelle affaire d’écoutes téléphoniques, bien que choquante pour certains, s’inscrit donc dans une longue tradition de surveillance à Maurice. Les différents gouvernements, qu’ils soient du PTr ou du MSM, ont tous eu recours à ces dispositifs.

En 1982, déjà, certaines lignes téléphoniques étaient sous surveillance. Le State Security Service (SSS), devenu plus tard le National Intelligence Unit (NIU), avait renforcé ses capacités à travers le recrutement d’un nouveau conseiller en sécurité nationale, Thaimini. Ce dernier avait recommandé au bureau du Premier ministre (PMO) d’investir dans des équipements modernes pour améliorer les dispositifs de surveillance téléphonique.

Le Monitoring Main Centre

Le « Monitoring Main Centre », cœur névralgique de la surveillance mauricienne, se trouve aux Casernes centrales, dans une salle ultra-sécurisée où l’accès est limité à une poignée d’agents. Bien que destiné à surveiller des cibles spécifiques liées à la sécurité nationale, le terrorisme ou encore le trafic de drogue, cet outil soulève des interrogations quant à son utilisation. La gestion de ces informations sensibles, captées dans un cadre de plus en plus digitalisé, alimente le débat sur la protection des libertés individuelles et le rôle des gouvernements successifs dans l’implantation de telles technologies.

 

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