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En Ukraine comme à Gaza, Trump rattrapé par la dure réalité

Donald Trump se vante de ses qualités de négociateur en chef. Elles sont mises à rude épreuve alors qu'il se pose en artisan de la paix et veut mettre fin aux guerres en Ukraine et à Gaza.

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Pour l'instant, le succès est mitigé et au prix d'importantes concessions notamment envers la Russie, avec laquelle l'ultime objectif semble être pour le président américain un "reset" des relations au détriment de l'Ukraine.

Quant à la bande de Gaza, la reprise des hostilités douche les espoirs d'une prolongation de la trêve entre Israël et le Hamas et de libération immédiate des otages restants.

Le président républicain de 78 ans avait promis durant la campagne électorale de mettre fin à la guerre en Ukraine dans les 24 heures, et il se présente comme un "faiseur de paix".

Deux mois après sa prise de fonctions, Israël a repris son offensive à Gaza, les Etats-Unis frappent les Houthis au Yémen, et le conflit en Ukraine perdure malgré sa médiation.

Le président américain se félicite certes d'avoir obtenu de son homologue russe, Vladimir Poutine, le principe d'un cessez-le-feu partiel de trente jours concernant les infrastructures énergétiques, alors le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, avec qui il s'est aussi entretenu s'est dit prêt à suspendre les attaques sur les sites civils et énergétiques en Russie.

Mais c'est loin du cessez-le-feu total espéré et la Russie, qui pousse son avantage sur le terrain, semble selon nombre d'observateurs ne pas avoir fait de concession majeure.

L'émissaire américain Steve Witkoff a déclaré mercredi s'attendre à un cessez-le-feu total en Ukraine "d'ici deux semaines", précisant que des pourparlers avec la Russie auront lieu en Arabie saoudite en début de semaine prochaine.

Dans une interview sur Fox News, Donald Trump a reconnu que les négociations avec Vladimir Poutine avaient été "difficiles". "La Russie a l'avantage, comme vous le savez", a-t-il dit.


- "Promouvoir la paix" -

"Je pense que ce que nous observons, c'est que les promesses se heurtent à la dure réalité de la difficulté de parvenir à la paix dans ces conflits très difficiles et insolubles", souligne Jennifer Kavanaugh, du centre de recherche Defense Priorities.

"Malgré la rhétorique et toutes les craintes que Poutine et Trump se rencontrent et se partagent l'Ukraine, cela ne s'est pas produit. En fait, Trump n'a rien cédé", ajoute-t-elle cependant.

L'entourage de Donald Trump, dont le secrétaire d'Etat américain, Marco Rubio, martèle qu'il veut "promouvoir la paix" et note qu'il est le seul dirigeant actuel capable de le faire.

De fait, la stratégie transactionnelle de Donald Trump a ouvert la voie à un dialogue avec les Russes, même si cela s'est fait à l'écart des Européens.

Dans le même temps, le président américain a cédé sur la question de l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et concédé plus ou moins ouvertement qu'il y aurait des concessions territoriales entre l'Ukraine et la Russie, qui réclame cinq régions ukrainiennes dont la Crimée.


- Pression sur Téhéran -

A Gaza, l'impasse est criante après les bombardements massifs menés depuis mardi par Israël sur le territoire palestinien qui réveillent le spectre de la guerre.

Les Etats-Unis ont fait porter sur le Hamas "l'entière responsabilité" de cette reprise des combats.

Mais Brian Finucane, de l'International Crisis Group, relève le caractère "erratique" de Donald Trump.

"Il était heureux de s'attribuer le mérite du cessez-le-feu à Gaza en janvier, mais il n'a pas voulu faire pression sur Israël pour passer à la deuxième phase", dit M. Finucane, en notant aussi la proposition de Donald Trump d'envoyer les Palestiniens en Jordanie et en Egypte.

S'agissant du Yémen, le président américain a annoncé samedi des frappes contre les bastions des Houthis, poursuivant en cela la politique de l'ancien président Joe Biden, et a menacé de s'en prendre directement à l'Iran, leur principal soutien.

"Pour Trump, la politique étrangère n'est pas une question d'accords de paix soigneusement négociés. Il s'agit de performance, d'effet de levier et d'élaboration d'un récit qui fait vendre", explique Sina Toossi, chercheur au Center for International Policy à Washington.

"Il aborde la diplomatie comme il abordait l'immobilier dans +The Art of the Deal+ (le livre de Donald Trump): faire monter les tensions, maximiser les menaces, pousser la situation au bord du désastre, puis, à la dernière minute, conclure un accord" en projetant une image de force, ajoute-t-il.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump avait menacé d'anéantir la Corée du Nord avant de rencontrer le dirigeant Kim Jong Un lors de plusieurs sommets et de déclarer qu'ils étaient "tombés amoureux", rappelle de son côté Brian Finucane.

 

© Agence France-Presse

 

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