Elle est partie rendre visite à ses parents : une jeune mère est bloquée depuis six mois à La Réunion

Des vacances qui devaient durer deux semaines se sont lentement transformées en six mois. Khadija (prénom modifié) a accouché de son bébé à l’île sœur loin de son époux et veut rentrer à Maurice.

«On attend un mois, deux mois, trois... Et puis ça commence à peser ». Khadija, une jeune mère de 25 ans, est bloquée à La Réunion avec ses deux enfants en bas âge, un fils de deux ans et demi et une fille d’un mois. Elle était enceinte de cinq mois quand elle est allée voir ses parents à La Réunion.  
« Je me suis dit que ce serait ma dernière visite avant d’accoucher, mais les choses ne se sont pas déroulées comme prévu avec la fermeture subite des frontières à cause du Covid-19 », confie-t-elle.

Elle se trouve, dans la capitale, à Saint-Denis, et le nombre de cas de contamination de Covid-19 recensés explose, dit-elle. « Je suis très inquiète pour la santé de mes enfants et la mienne ». Elle ne veut prendre aucun risque. 

Un accouchement sans son mari

« Dès le mois d’avril, je faisais mes démarches pour un rapatriement urgent pour rentrer accoucher. J’étais considérée comme prioritaire pour le prochain vol de rapatriement qui était prévu en juin. » dit-elle. 

Hélas, elle n’a pas reçu la permission de voyager du médecin, car elle était arrivée au terme de sa grossesse. C’est avec un sentiment mitigé qu’elle a accouché, car elle aurait aimé le faire à Maurice en compagnie de son mari. « Mon mari a malheureusement raté cet évènement important. » se désole-t-elle. 

Elle se retrouve ainsi coincée avec deux enfants en bas âge. « J’ai la chance d’être chez mes parents. Seule je n’y serais pas arrivée », confie-t-elle. Elle est consciente de sa chance, car beaucoup de Mauriciens galèrent à La Réunion. « J’en parlé à quelques-uns d’entre eux. Pour beaucoup, c’est très dur de vivre tout ce temps dans des conditions précaires. » dit-elle. 

Cette situation préoccupe beaucoup la jeune mère d’autant plus que son fils réclame constamment la présence de son père: « Il pense que l’avion est cassé et c’est pour cela qu’on ne peut pas rentrer. »

Elle s’occupe de son nouveau-né comme elle peut, avec l’aide de ses parents. « On avait déjà prévu le berceau, les vêtements du bébé et tout. Ici, j’ai dû m’en procurer », relate-t-elle.

Elle explique qu’après six mois, cela commence à peser lourd. « On veut simplement rentrer chez nous. » Le coût de la vie étant élevé à La Réunion, les finances commencent à manquer au bout de six mois et c’est difficile de tenir.

Elle s’est mise en contact avec le consul de La Réunion à plusieurs reprises, mais il n’y a jamais de date sûre concernant les vols. Un vol était prévu le 17 mai et il a été reporté. Elle a dû déclarer seule sa fille pour qu’elle ait un passeport, afin qu’ils puissent rentrer au pays. Elle lance un appel aux autorités afin d’envoyer plus d’avions, où un grand avion, pour rapatrier les autres Mauriciens qui, comme elle, sont bloqués à l’île sœur.