Législatives 2019

Élections générales : l’impact des promesses sur les votes

L’histoire retient que les partis qui misent gros lors des scrutins finissent par remporter une victoire écrasante. Aux élections générales de 1976, par exemple, sir Seewoosagur Ramgoolam avait proposé l’éducation gratuite à la population et le PTr, dont il a été le leader jusqu’à sa mort, avait remporté la manche haut la main. La dernière mesure du genre est celle proposée par l’Alliance Lepep en décembre 2014 : augmenter la pension à Rs 5 000.

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En 2005, Paul Bérenger, alors Premier ministre (PM) sortant, demande un renouvellement du gouvernement sortant (MSM/MMM). Cette élection prend les allures d’un référendum entre Navin Ramgoolam et Paul Bérenger pour le poste de PM. 

Pour le scrutin de cette année-là, l’Alliance MSM/MMM promet de poursuivre les projets qu’elle a déjà entamés (telles que l’expansion de la cybercité, les facilités accordées aux planteurs de canne et aux usiniers, ainsi que la diversification de l’économie). 

De son côté, Navin Ramgoolam constitue l’Alliance Sociale (composée du PTr, du PMXD, des Verts Fraternels, du Mouvement Républicain et du MMSM) . Face au gouvernement sortant de 2000-05, il promet le transport gratuit aux étudiants. C’est la mesure phare de son équipe. C’est ce qui lui permet d’ailleurs de remporter ces élections. Aussitôt au pouvoir, l’Alliance Sociale introduit la mesure. 

Diversification de l’économie 

Le pays résiste quelque peu à la crise de 2008. En 2010, l’Alliance de l’Avenir (PTr/PMSD/MSM) promet un renforcement de l’État-providence et la justice sociale. Ce sont les mesures phares de son manifeste électoral. L’alliance remporte les élections de cette année-là. Le programme gouvernementale est lui aussi basé sur la diversification de l’économie et l’accent est alors mis sur quatre piliers : l’industrie sucrière, le textile, le tourisme et les services financiers. Il y a, en parallèle, la construction de facilités sociales (à travers la création de la National Empowerment Foundation). L’Alliance du Cœur (MMM-UN-MMSD), qui mord la poussière, a proposé comme mesure phare la diversification de l’économie, la liberté de la presse ainsi que la télévision privée.

Hausse de la pension de vieillesse

En 2014, l’Alliance Lepep (MSM/PMSD/ML) promet une hausse du montant de la pension de vieillesse pour la faire passer à Rs 5 000. Elle promet aussi l’institution d’une commission d’enquête sur la drogue ou encore l’introduction du salaire minimum. Des promesses qui sont été tenues, même si certains des projets (tels qu’une banque pour les PME, la Highlands City ou encore les Technoparks à Rose-Belle, Bambous, Terre-Rouge et Flacq), n’ont jamais vu le jour. Sans compter la fourniture d’eau 24/7 qui n’est pas encore devenue totalement une réalité. 

L’Alliance de l’Unité et de la Modernité (PTr/MMM), qui perd les élections de 2014, a, quant à elle, proposé de créer entre 60 000 et 75 000 emplois sur une durée de cinq ans, l’institution d’un Serious Fraud Office, l’avènement d’une IIe République, une réforme électorale, l’introduction d’un salaire minimal, l’augmentation de la pension de vieillesse à Rs 4 000, ainsi que la révision du permis à points et des Speed Cameras. 

Jeerooburkhan : « Ils veulent corrompre la population » 

Deux observateurs politiques indiquent que les promesses électorales qui fusent ne sont pas sans conséquences sur les électeurs. Ils évoquent une mentalité de « roder bout » exacerbée. 

Faizal Jeerooburkhan, de Think Mauritius, estime que ces promesses nuisent à la société. « On modifie la mentalité des gens. On veut acheter leurs votes. C’est une forme de corruption. On essaie de corrompre la population. » Il indique toutefois que tout dépend de qui écoute les promesses. « Il y a plusieurs groupes d’électeurs. Un petit groupe se laissera influencer. Ce ne sont pas de bons observateurs. Il y aura un autre groupe qui sera plus réticent et qui aura des doutes. C’est le groupe que les politiciens pensent pouvoir influencer. C’est ce qui arrivera. Puis il y a un troisième groupe qui ne croit pas ce que disent les politiciens et qui sait que ces promesses ne pourront pas se concrétiser. » 

Jocelyn Chan Low, politologue et historien, confirme que les promesses électorales influencent l’électorat. Il se demande « comment les électeurs se retrouveront » face à cette surenchère. « Le vrai débat c’est la récession économique. Nul n’a dit comment il financera ces promesses, à moins qu’on ait trouvé du pétrole à Agalega. »

 

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