Ken Poonoosamy, nommé Chief Executive Officer (CEO) de l’Economic Development Board (EDB) en février 2021 après deux ans d’intérim, a démissionné. Cette décision a été prise à la demande du Bureau du Premier ministre, le mercredi 4 décembre. Elle serait motivée, entre autres, par la politique de recrutement de cet organisme.
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« C’était devenu un véritable fourre-tout pour les copains-copines et protégés du régime », confie une source proche du dossier des recrutements de l’EDB. En effet, pas moins de 38 recrutements de personnes liées à l’ancien pouvoir sont en ligne de mire. Parmi elles, 23 personnes ont été recrutées sur l’établissement et 15 autres sur contrat, avec certains touchant des salaires de plus de Rs 200 000.
Ces embauches auraient été réalisées sans transparence ni respect de la méritocratie, selon des accusations portées au Bureau du Premier ministre, qui supervise le ministère des Finances lié à l’EDB. Les employés visés comprennent des proches de l’ex-Premier ministre Pravind Jugnauth, de son entourage, ainsi que de l’ex-ministre des Finances, Renganaden Padayachy. Certains seraient également liés à des ministres, élus et membres du cercle de l’ancien régime.
Un exemple est le fils d’un ex-ministre du MSM, ainsi que la belle-fille de ce dernier. Tous deux ont été embauchés sur une base permanente à l’EDB.
Un Senior Manager est, pour sa part, membre de la famille d’une ex-senior ministre du MSM. Idem pour la belle-fille d’un ancien Secrétaire au Cabinet qui a accédé au poste de manager à l’EDB. Plusieurs individus, très proches d’importants bailleurs de fonds du MSM, figurent aussi parmi les personnes recrutées sur l’établissement de l’EDB ces dernières années. Un ancien Parliamentary Private Secretary (PPS) du MSM a pu faire embaucher ses deux filles. L’une est aujourd’hui manager et l’autre senior manager.
Dans la liste des recrutements douteux, il y a également le neveu d’un ambassadeur nommé par le MSM. Celui-ci a été posté dans la même capitale étrangère que son oncle. On compte aussi de « très proches amies » des membres de l’ex-gouvernement, ainsi qu’un proche parent de l’ex-Speaker. En outre, un haut responsable de l’EDB a vu son épouse promue au poste de manager, bien qu’il soit lui-même perçu comme proche de l’ex-Premier ministre et d’un ancien conseiller du Bureau du Premier ministre.
L’EDB avait été créé en 2017 à travers l’Economic Development Board Act, lorsque Pravind Jugnauth assumait le poste de ministre des Finances en même temps que Premier ministre. Sa création avait été annoncée lors du discours du budget 2017/18. L’objectif de départ était de « garantir une plus grande cohérence et efficacité dans la mise en œuvre de nos politiques et actions ».
L’EDB devait ainsi prendre en charge la planification du développement économique national et sectoriel, être responsable de la promotion des investissements et des exportations, et gérer la délivrance des licences d’affaires à Maurice afin de mettre fin aux « allers-retours entre différents bureaux pour obtenir une licence commerciale ». L’organisme avait ainsi absorbé le Board of Investment, Enterprise Mauritius, la Financial Services Promotion Agency (FSPA) et le Mauritius Africa Fund.
Ken Poonoosamy, l’homme qui a traversé plusieurs gouvernements
Ken Poonoosamy, qui a démissionné de son poste de Chief Executive Officer (CEO) de l’EDB durant la semaine écoulée, compte environ trois décennies au sein des structures gouvernementales.
Après avoir obtenu son diplôme en économie au Royaume-Uni, Ken Poonoosamy a débuté sa carrière chez Deloitte, un des leaders mondiaux de l'audit et des services professionnels, avant de rejoindre la Mauritius Freeport Authority en 1995 sous le régime travailliste en tant que manager. En janvier 2005, il a intégré le Board of Investment (BOI), l’agence gouvernementale pour la promotion des investissements à Maurice, où il a supervisé des domaines stratégiques tels que le développement de nouvelles activités, le secteur du Freeport et la logistique, entre autres. En 2011, il a été promu CEO du BOI, une fonction qu’il a exercée jusqu’en janvier 2018, lors de la création de l’Economic Development Board (EDB).
Au sein du BOI, puis de l’EDB, il a joué un rôle central dans la conduite d’initiatives nationales majeures, contribuant activement à l’élaboration et à la consolidation de nouveaux piliers économiques. Il a également œuvré à positionner Maurice comme une destination d’investissement et d’affaires à la fois compétitive et fiable sur la scène internationale.
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