Drogue et blanchiment d’argent : l’Icac prévoit des arrestations à la pelle

Après trois arrestations, d’autres suspects seront convoqués cette semaine dans les locaux de la Commission anti-corruption. L’objectif : traquer les personnes soupçonnées de s’adonner à des activités louches et dont les noms figurent dans le « Karne Laboutik » de l’Icac.

Les enquêteurs de l’Independent Commission against Corruption (Icac)  prévoient au minimum cinq nouveaux interrogatoires cette semaine. Entre-temps, les hommes de Navin Beekarry devront boucler le dossier de Mamade Tasleen Yadally. Cet habitant de Pailles devra retourner dans les locaux de la Commission en début de semaine.

Le vendredi 21 avril, il a été entendu pendant plusieurs heures avant d’être autorisé à rentrer chez lui. Le jeune homme, qui roule en BMW, a dû s’expliquer sur son train de vie. Il nous revient que l’étau se resserre autour de lui et qu’il risque d’être inquiété sous les dispositions de la Financial Intelligence and Money Laundering Act (FIAMLA). L’Icac a déjà réquisitionné son quad et une moto de grosse cylindrée.

Qui d’autre sera à l’Icac avec Mamade Tasleen Yadally cette semaine ? Les officiers de la commission anti-corruption ont l’embarras du choix. Ils puiseront dans leur Karne Laboutik. C’est le nom qu’ils ont donné à cette opération qui se poursuivra pendant plusieurs semaines. Comment l’Icac est-elle arrivée à cette liste d’une soixantaine de noms ? Selon nos recoupements, c’est le fruit d’un travail assidu.

Après la saisie record de 155 kg d’héroïne dans le port en mars dernier, l’Icac a mis la main sur des documents compromettants. L’organisme enquête sur le volet blanchiment d’argent dans cette affaire.

Les hommes de Navin Beekarry veulent mettre la main sur les personnes soupçonnées d’être liées directement ou indirectement au trafic de drogue et au blanchiment d’argent. Figurent dans cette liste du Karne Laboutik, des avocats, des hommes d’affaires, des commerçants, le fils d’un trafiquant de drogue, ou encore des chômeurs. À ce stade, les enquêteurs de l’Icac n’ont dévoilé aucun nom, mais ils prévoient de convoquer les suspects incessamment. Leurs biens, leurs récentes acquisitions, leur train de vie, leurs voyages seront passés au crible.

Certains sur cette liste seraient liés directement ou indirectement à l’industrie du jeu – casinos, courses hippiques...

La semaine dernière, la Commission a procédé à l’arrestation de Shahebzada Azaree, 44 ans, de Christelle Isabelle Bibi, 27 ans, et de Marie Annette Gooljary, 54 ans. Ils sont poursuivis en vertu de la Financial Intelligence and Money Laundering Act.

Christelle Isabelle Bibi et son pseudo-business de Rs 1,6 million

Elle a été arrêtée le vendredi 21 avril après deux jours d’interrogatoire. Christelle Isabelle Bibi, âgée de 27 ans, est poursuivie en vertu de l’article 3 (1) (b) de la FIAMLA. Cette habitante d’Eau-Coulée est la propriétaire du magasin Christelle Collection, à Curepipe. Son nom figure dans le Karnet Laboutik de l’Icac. La commerçante n’a pu expliquer comment le chiffre d’affaires de son business s’élevait à Rs 1,6 million mensuellement, alors que son magasin n’est ouvert qu’une fois la semaine. Les enquêteurs soupçonnent que l’argent proviendrait du trafic de drogue. Qui plus est, elle a rendu visite tous les 15 jours pendant les deux dernières années à Peroumal Veeren, condamné pour trafic de drogue.

Marie Annette Gooljary et ses trous de mémoire

Âgée de 54 ans, elle est soupçonnée de blanchiment d’argent et a été interpellée le jeudi 20 avril. Les officiers de l’Icac avaient trouvé en sa possession une somme de Rs 63 750, plusieurs portables et 16 bracelets (batana) en or. La valeur d’un bracelet est estimée à Rs 90 000. Lors de son interpellation jeudi, les enquêteurs voulaient perquisitionner sa maison, mais Marie Annette Gooljary a affirmé qu’elle ne se rappelait plus où elle habitait. Les hommes de Navin Beekarry se sont également intéressés à son appartement au coût de Rs 3,5 millions à Flic-en-Flac. Le hic, c’est que la quinquagénaire est une femme au foyer. Il semblerait qu’elle possède aussi des bungalows sur la côte est. Son fils devrait être convoqué dans les jours à venir.

Shahebzada Azaree arrêté pour Rs 225 000

Le patron de l’enseigne Gloria Fast-Food n’a pu expliquer à la Commission la provenance de l’argent qu’il a misé au Grand Casino du Domaine les Pailles. Il lui est reproché d’avoir joué Rs 225 000, le 31 août 2016, somme soupçonnée de provenir du trafic de drogue. L’habitant de Terre-Rouge devra de nouveau se rendre au bureau de l’Icac la semaine prochaine. Les enquêteurs soupçonnent Shahezada Azaree d’avoir parié des millions au casino et au Champ-de-Mars.